Ingérence russe : une campagne de désinformation vise la présidente moldave Maia Sandu

À l’approche des élections législatives moldaves de septembre, la guerre de l’information s’intensifie. Depuis plusieurs mois, une série de vidéos et d’articles mensongers circulent massivement en ligne pour discréditer la présidente Maia Sandu, pro-européenne et opposée à l’influence russe.

Diffusés en plusieurs langues, ces contenus accusent la cheffe de l’État de corruption, de dépendance aux psychotropes, ou encore d’avoir truqué l’élection présidentielle de 2024. En réalité, il s’agit d’une opération d’ingérence russe, documentée par l’organisation spécialisée dans la désinformation, NewsGuard.

Faux médias, rapports scientifiques inventés et relais pro-Kremlin

Les vidéos qui circulent arborent des logos de médias reconnus comme la BBC, Fox News, The Economist ou Vogue. Certaines vont plus loin, en usurpant l’identité d’institutions scientifiques. L’une d’elles affirme que Maia Sandu souffrirait de troubles psychiatriques, en affichant le logo de l’Association américaine de psychologie, comme s’il s’agissait d’un diagnostic officiel. Tout est fabriqué.

Derrière ces contenus, un réseau baptisé Matriochka par NewsGuard. En trois mois, 39 fausses informations ont été diffusées, selon un calendrier calé sur les échéances politiques moldaves. Ces messages sont traduits en roumain, russe et anglais, puis relayés sur Telegram, TikTok et Facebook, via des comptes anonymes.

Une fois devenus viraux, ces contenus sont recyclés sur des sites comme Pravda, qui se présentent comme des médias classiques. Mais derrière cette façade journalistique, on retrouve une structure pilotée depuis la Russie. L'objectif est de créer l’illusion d’un consensus médiatique, pour renforcer la crédibilité des infox, tant auprès du public que des algorithmes.

Quand l’IA reprend l’intox

Dans son rapport, NewsGuard signale que certaines de ces fausses informations ont été reprises par l’intelligence artificielle générative ChatGPT. Interrogé sur les accusations de fraude électorale, ChatGPT a cité comme source, un faux article publié sur un site du réseau Pravda, qui affirmait, à tort toujours, que 42% des votes par correspondance à la présidentielle de 2024 avaient été déposés par des personnes décédées.

Le texte mentionnait une prétendue analyse d’un réseau neuronal en collaboration avec Bellingcat, une ONG spécialisée dans les enquêtes en sources ouvertes. Bellingcat a formellement démenti toute implication via son fondateur, Eliot Higgins.

Ce cas illustre une stratégie bien rodée, déjà évoqué par la cellule vrai ou faux de franceinfo : inonder le web de contenus mensongers pour qu’ils soient ensuite repris, parfois par des outils automatisés, et ainsi amplifier leur portée. Une méthode désormais classique des campagnes d’ingérence russes.