C’est ce qu’on appelle «la surveillance citoyenne» : n’importe quel individu peut facilement signaler une infraction, un délit ou un crime aux forces de l’ordre. À Dubaï, cette pratique est entrée dans les mœurs avec une application «Police Eye» (l’œil de la police), qui permet de signaler directement depuis son smartphone tout type d’infraction ou activité suspecte.
Et les forces de l’ordre émiraties s’en réjouissent. Entre 2019 et début 2024, la police dubaïote a recueilli 108.100 informations du public, soit 60 dénonciations par jour. «Les informations comprennent 61.287 rapports criminels et 46.813 rapports liés à la circulation», indique la police.
Concrètement, l’application fonctionne avec une simplicité déconcertante. Une fois sur l’interface, il suffit aux résidents de cliquer sur un bouton intitulé au même nom de « Police Eye ». Ils peuvent alors saisir ce dont ils ont été témoins et l’envoyer aux autorités. En deux clics, les résidents ont aussi la possibilité de joindre de vidéos, photos, ou autres messages vocaux.
Pour finir, il faut définir la catégorie du signalement parmi plusieurs rubriques que sont : les infractions au code de la route de toutes sortes, les perturbations, la drogue et alcool, les véhicules suspects, les rassemblements suspects, la mendicité, le vandalisme, la prostitution, les jeux d’argents, la traite des êtres humains ou encore la maltraitance des femmes et des enfants. «Nous recevrons votre rapport en quelques secondes et répondrons immédiatement », promet la police dubaïote.
Ce en six langues. Dubaï étant une ville accueillant les influenceurs, investisseurs et affairistes du monde entier, la police prévoit de parler sur l’application en arabe, anglais, chinois, français, allemand et russe.
Alors qu’elle tirait un bilan de l’application début 2024, la police dubaïote s’est attachée à exemplifier une de ses interventions menée grâce à «Police Eye». «Nous acons récemment reçus de nombreux rapports sur des jeunes qui se rassemblent dans le désert pour participer à des courses automobiles illégales». Selon la police, ces derniers conduisaient «de manière imprudente, mettant en danger leur propre vie et celle des autres». Banco. Suite aux signalements, les autorités émiraties ont réussi à identifier les lieux de rassemblements, arrêtant ensuite les contrevenants et confisquant leurs véhicules.
Et en France ?
À date, une telle interface n’existe pas en France. Pour autant, en 2022 le Ministère de l’Intérieur, a lancé une application «Ma sécurité», qui permet aux citoyens d’interagir avec la police et la gendarmerie. Elle permet d’accéder à un tchat avec un agent «7 jours sur 7, 24 heures sur 24», un service de pré-plainte, des conseils de sécurité, et une cartographie des points d’accueil de police et gendarmerie.
En 2021, la police nationale avait également signé un partenariat avec la plateforme «Voisins vigilants et solidaires». Le concept importé au début des années 2000 de la Grande Bretagne permet désormais via une application de signaler des activités suspectes ou des incivilités dans son quartier. Ce qui peut parfaitement être un automobiliste mal garé...