L'Inde et le Pakistan s'accusent mutuellement de ne pas bien contrôler leur arsenal nucléaire
Le ministre indien de la Défense Rajnath Singh a accusé le Pakistan en affirmant que «l’arsenal nucléaire pakistanais devrait être placé sous la surveillance de l’AIEA» (Agence internationale de l’énergie atomique). Cette déclaration intervient dans un contexte où l'Inde et le Pakistan se sont accusés ce jeudi de ne pas contrôler suffisamment leurs armes nucléaires, quelques jours à peine après leur confrontation militaire la plus grave des deux dernières décennies. «Est-ce que des armes nucléaires sont sûres lorsqu'elles sont aux mains d'une nation incontrôlable et irresponsable», s'est interrogé le ministre indien lors d'une visite au Cachemire indien.
«Si elles doivent s'inquiéter, alors l'AIEA et la communauté internationale devraient le faire au sujet des vols répétés et des incidents liés au trafic impliquant du matériel nucléaire et radioactif en Inde», lui a répondu le Pakistan. Son ministère des Affaires étrangères a évoqué des incidents survenus selon lui en 2021 «suggérant l'existence d'un marché noir de matériaux sensibles et à double usage en Inde» et a réclamé une «enquête approfondie». New Delhi n'a pas immédiatement réagi.
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Confrontation la plus meurtrière depuis 1999
L'Inde et le Pakistan ont connu la semaine dernière leur confrontation militaire la plus meurtrière depuis la guerre qu'ils se sont livrés en 1999. Pendant quatre jours, les deux armées ont échangé tirs d'artillerie, frappes de missiles et attaques de drones, nourrissant les vives craintes d'escalade des capitales étrangères. À la surprise générale, Donald Trump a annoncé samedi un cessez-le-feu immédiat, aussitôt confirmé par les deux belligérants. Le président américain s'est ensuite félicité d'avoir «empêché» une «mauvaise guerre nucléaire» qui aurait pu faire «des millions» de victimes. «Il y a une possibilité que le système international de la sécurité soit entièrement détruit: si l'Inde ou le Pakistan utilise des armes nucléaires», a averti jeudi l'ex-secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Depuis sa conclusion samedi, la trêve est respectée entre les deux pays.
Lors de nouveaux entretiens téléphoniques, leurs généraux ont décidé de la prolonger formellement jusqu'à dimanche, a rapporté ce jeudi le chef de la diplomatie pakistanaise, Ishaq Dar. Toutefois, la rhétorique entre les deux capitales rivales reste toujours très agressive. Ce jeudi, le ministre indien des Affaires extérieures, Subrahmanyam Jaishanka, a assuré que son pays ne reprendrait sa participation au traité de partage des eaux de l'Indus tant que le Pakistan ne cessera pas son soutien au «terrorisme transfrontalier».
Dans son dernier bilan, le Pakistan a indiqué que les combats de la semaine dernière avaient tué 40 de ses civils et 13 de ses soldats. L'Inde fait état pour sa part de 16 civils et cinq soldats morts sur son sol. Les deux États se disputent la souveraineté de l'ensemble du Cachemire depuis leur partition sanglante à leur indépendance en 1947. Ce jeudi, trois rebelles présumés ont été tués lors d'un accrochage avec les forces de sécurité indiennes, a rapporté à l'AFP un responsable policier sous couvert d'anonymat.