Le corps d'une journaliste ukrainienne, morte en détention en Russie dans des circonstances troubles, a été rapatrié

La dépouille de la journaliste ukrainienne Victoria Rochtchina a été rapatriée en Ukraine, plus de six mois après l'annonce de son décès en détention en Russie dans des circonstances troubles. "Son corps a été restitué lors d'un récent rapatriement, fin février. Son identité a été confirmée grâce à des tests ADN", a déclaré jeudi 24 avril un vice-ministre ukrainien de l'Intérieur, Leonid Tymtchenko, cité par le média ukrainien Censor.net.

"Etant donné les tortures et l'état du corps, la famille de Rochtchina a demandé non pas un, mais plusieurs tests ADN", notamment par des laboratoires à l'étranger, a confirmé sur Telegram un député ukrainien, Iaroslav Iourtchychyne. Kiev accuse Moscou d'avoir torturé et tué la journaliste, qui avait disparu en août 2023 après avoir rejoint les territoires occupés par la Russie dans la région ukrainienne de Zaporijjia (sud) pour couvrir la situation locale.

Victoria Rochtchina, 27 ans, est morte le 19 septembre 2024, selon une lettre du ministère russe de la Défense reçue par sa famille. La Russie avait confirmé pour la première fois sa détention en avril 2024. Jusqu'à présent, la cause précise de son décès n'a pas été établie.

Détenue dans des "conditions inhumaines" 

Mais dans une enquête publiée en mars 2025, en coopération avec trois médias ukrainiens, l'ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a affirmé qu'elle avait été détenue dans des "conditions inhumaines" et privée d'accès à des soins satisfaisants.

Selon RSF, elle avait été arrêtée à Energodar, où se trouve la centrale nucléaire de Zaporijjia, puis détenue à Melitopol avant d'être transférée, fin 2023, dans le centre de détention provisoire n°2 à Taganrog, dans le sud-ouest de la Russie, décrit par d'anciens prisonniers libérés comme un "camp de torture".

D'après des codétenus, son état s'est progressivement dégradé, elle a commencé à cesser de s'alimenter, a perdu beaucoup de poids et s'est vu refuser des médicaments à plusieurs reprises. Fin août 2024, toujours selon RSF, elle avait pu brièvement passer un appel téléphonique à sa famille.

Des milliers de civils ukrainiens sont détenus dans des prisons en Russie ou en zone occupée en Ukraine, où beaucoup d'entre eux sont soumis à des tortures et privés de correspondance, selon des ONG et médias.