Cette route marseillaise est tellement jonchée de déchets que la circulation devient impossible

Les dépôts de déchets sauvages sont systématiques. Clean my Calanques

Dans le quartier de la Valentine à Marseille, les dépôts sauvages d’encombrants persistent depuis des années, malgré des nettoyages ponctuels. Le maire du secteur réclame des caméras pour identifier les auteurs.

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Dans cette zone commerciale du quartier de la Valentine à Marseille (11ème arrondissement), le dépôt d’encombrants sauvages est devenu monnaie courante. «J’y suis deux à trois fois par semaine», témoigne Nathalie, bénévole dans un refuge pour chiens du quartier, qui emprunte régulièrement cette voie. «C’est impressionnant, du jour au lendemain, on trouve des matelas, des meubles, des bouteilles...parfois des objets tellement volumineux que les voitures ne peuvent même plus passer», déplore-t-elle.

Et dans cette rue qui ne porte pas de nom - entre l’entreprise d’équipement de fermetures solaires Cosywee et le fleuve de l’Huveaune - la situation perdure depuis «au moins quatre années» convergent les sources que nous avons interrogées. Le phénomène est routinier : à peine les déchets sont-ils enlevés qu’ils réapparaissent, créant un sentiment d’impuissance parmi les habitants. À chaque fois que des services de nettoyage viennent ramasser les détritus, Nathalie résume la situation : «merci pour ce que vous faites, mais vous savez que demain il faudra revenir».

Elle qui est également bénévole de l’association «Clean my calanques» («Nettoie mes Calanques» en français) a alerté de la situation via cette voie dans le but que les pouvoirs publics agissent. Pour Éric Akopian, cofondateur de l’association, la situation est intenable : «on ne peut pas ramasser, c’est inutile et épuisant. D’autant plus que certains déchets  sont dangereux». «Un mégot ou une canette, je peux les ramasser, mais une porte entière, c’est impossible seule», confirme Nathalie.

Le dossier reste complexe notamment à cause du statut particulier de cette voie dépotoir. «C’est une rue privée», explique Sylvain Souvestre, maire des 11e et 12e arrondissements de Marseille au Figaro. De ce fait, les interventions des services publics ne peuvent être que ponctuelles et exceptionnelles. «La semaine dernière, j’ai déjà fait agir de manière exceptionnelle la Métropole , mais elle ne peut pas intervenir davantage», explique l’élu. Cette situation administrative crée un véritable casse-tête. «La société privée propriétaire de la route semble réticente à porter plainte systématiquement, ce qui limite les possibilités d’action des autorités», relate Éric Akopian.

Des caméras pour identifier les coupables

Face à cette impasse, habitants et élus convergent vers une même solution : l’installation de caméras de vidéosurveillance pour identifier et sanctionner les contrevenants. «Nous demandons simplement des caméras et des amendes», implore Éric Akopian. Le maire de secteur affirme partager cette vision : «J’ai porté plainte plusieurs fois, cela a servi à utiliser les images de la caméra pas très loin et à sanctionner des auteurs». Il souligne également avoir demandé «depuis 5 ans l’installation de 185 caméras de vidéosurveillance au maire de Marseille», avec des propositions précises de lieux d’implantation et même des solutions de financement par la Métropole.

Mais là encore, les compétences administratives compliquent la mise en œuvre. «Les maires de secteur n’ont pas le pouvoir de police , seul le maire de Marseille l’a», rappelle Sylvain Souvestre, qui déplore «l’absence de volonté politique» pour agir efficacement contre ce problème. D’autant que celui-ci n’est pas isolé. «Dès qu’il y a un endroit un peu isolé autour de Marseille, comme les routes en haut de l’Estaque, ça devient une déchetterie à ciel ouvert», observe Éric Akopian.

Il reste à savoir pourquoi ces actes inciviques sont perpétrés. Une hypothèse est proposée par le cofondateur de «Clean my Calanques» : le coût des déchetteries officielles. «Le problème, c’est que tant que les déchetteries sont payantes, ces comportements vont continuer», affirme-t-il. Cette barrière financière pourrait encourager certains artisans à se débarrasser illégalement de leurs déchets. Cependant, «même quand les déchetteries étaient gratuites, ils continuaient à faire ça», nuance Éric Akopian, suggérant que le problème est ailleurs.