«Kasbarian déteste les fonctionnaires» : Sophie Binet voit rouge face aux propositions du ministre de la Fonction publique

La patronne de la CGT ne décolère pas. Invitée dans la matinale de BFMTV ce mardi, Sophie Binet, a violemment réagi à la proposition de durcissement des conditions d’indemnisations des arrêts maladie pour les fonctionnaires contenue dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025. «Guillaume Kasbarian déteste les fonctionnaires. Il faut qu’il arrête», a-t-elle déclaré à l’endroit du nouveau ministre de la Fonction publique.  

Dans le cadre du prochain budget, ce dernier entend faire passer la fonction publique à trois jours de carence, contre un actuellement, en cas d'arrêt maladie. Ces derniers seraient en outre moins rémunérés, à hauteur de 90% de salaire versé, contre 100%. L’exécutif défend un alignement du secteur public sur le secteur privé en la matière. «C’est mensonger, les salariés du privé ont dans beaucoup de cas des accords de branche qui permettent de les indemniser dès le premier jour d'arrêt», a fait valoir Sophie Binet. «On les fait passer pour des privilégiés, alors que les fonctionnaires n'attendent que ça d'être alignés sur les salaires du privé».

«Stigmatiser les fonctionnaires»

Récusant toute tendance à l’«absentéisme» dans la fonction publique, Sophie Binet justifie l’envolée des arrêts maladie des fonctionnaires par la «dégradation des conditions de travail» des fonctionnaires. «Dans la fonction publique, les conditions de travail sont plus dégradées que dans le privé, les salaires sont plus bas», a-t-elle estimé, citant l’exemple de l’hôpital public. «Les soignants n’en peuvent plus», a-t-elle encore assuré. Selon la syndicaliste, la mesure portée par l’exécutif va «toucher de plein fouet les femmes», majoritaires dans la fonction publique, qu’elle juge «très concernées par les arrêts courts», par exemple en cas d’endométriose. «C’est une proposition populiste, dangereuse», a-t-elle alerté.

Pour la numéro 1 de la CGT, aucun doute : les fonctionnaires font office de «bouc-émissaire» dans la course aux économies entreprise par le gouvernement. «Nous ne sommes pas responsables de la dette, on a déjà payé par la réforme des retraites et l’austérité de nos salaires», a martelé la syndicaliste. «Si le gouvernement veut trouver des économies, il n'a qu'à écouter les propositions fiscales des députés concernant les plus riches. C’est là-dessus qu'il faut travailler et pas aller stigmatiser les fonctionnaires qui travaillent pour l'intérêt général».

Sous pression, le ministre persiste et signe

Alors que la refonte du statut des fonctionnaires (catégories, emploi à vie, rémunération au mérite) amorcée par l’ancien ministre de la Fonction publique Stanislas Guérini est toujours sur la table, Sophie Binet a alerté le gouvernement. «Toutes les organisations syndicales sont opposées à la refonte du statut des fonctionnaires», a-t-elle assuré. Elle prévient qu’en cas d’adoption de la mesure sur le durcissement des arrêts maladie, «les mobilisations vont continuer» au sein des différentes professions de la fonction publique. La patronne de la centrale n’exclut pas de recourir à la grève, même si l’option d’un débrayage lors des départs de fin d’année n’est pas privilégiée. «La CGT souhaite qu'il y ait des trains pour Noël, et pour ça il faut que nous soyons entendus avant, nous appelons le gouvernement à revoir son budget, texte dangereux pour le pays», a-t-elle expliqué.

Le gouvernement sera-t-il enclin à écouter le message de la syndicaliste ? Rien n’est moins sûr. Invité ce mardi sur RTL, Guillaume Kasbarian a maintenu son cap. «J'assume de ne pas mettre le sujet sous le tapis, de ne pas cacher la dérive de l'absentéisme dans la fonction publique et de prendre ma part sur les économies budgétaires pour l'année prochaine» , a-t-il déclaré. «On a besoin d'envoyer ce signal de responsabilisation dans un esprit d'alignement avec le privé», a-t-il encore ajouté. Ce faisant, il a pris soin de préciser «rien ne changera pour les affections de longue durée», parmi lesquelles peut-être classée l’endométriose. «Ce sont des mesures qui permettent d'économiser 1,2 milliard d'euros. Je mesure bien la difficulté, les réactions que cela peut engendrer, que ça ne fait pas plaisir à tout le monde et je prends mes responsabilités», a conclu le ministre.