« Ma façon de militer, c’est de faire rire ceux qui luttent » : Waly Dia sur scène pour l’édition 2025 de la Fête de l’Humanité

L’humoriste Waly Dia, qui est en ce moment en tournée, sera une des vedettes de la Fête de l’Humanité. Programmé sur la scène Angela Davis, il avoue son plaisir à partager son spectacle, Une heure à tuer, qui sera encore joué au Zénith de Paris le 3 juin. À 36 ans, il s’affirme comme une valeur sûre du stand-up français.

Que connaissez-vous de la Fête de l’Humanité ?

Je suis venu deux fois. La première, c’était avec Jamel Debbouze lorsqu’il s’est produit sur la Grande Scène, en 2013. À l’époque, je l’accompagnais sur sa tournée. J’ai vécu ce moment avec lui et je l’ai trouvé fou. Je suis revenu, plus tard, sur un stand d’Action contre la faim, pour donner un peu de lumière à leur action. La première fois, c’était bien évidemment à La Courneuve. La seconde, sur le site de Brétigny.

Comment percevez-vous cet événement ?

Les grands festivals qui tiennent sur une idée aussi forte sont devenus rares. Mais la Fête de l’Huma, c’est un peu le dernier bastion de cette envie de partage et de solidarité. Il est important qu’un tel lieu existe. Et il est important que ce soit aussi massif. Elle permet aux gens, aux militants de se retrouver. La plupart des autres festivals sont très commerciaux, et grand bien leur fasse, puisqu’il est normal que les spectateurs s’organisent pour faire la fête.

Quand vous êtes allé soutenir Action contre la faim sur la Fête, vous avez dû être reconnu dans les allées ?

Oui, et c’était assez fou. Je crois que c’est l’endroit où je me suis fait le plus alpaguer dans ma vie, mais c’était génial ! J’ai adoré. J’étais avec ma fille, et c’était assez drôle. J’ai pu lui dire : « Tu vois que, papa, il ne fait pas n’importe quoi. »

Cette reconnaissance dit en soi quelque chose d’important sur le rôle que vous avez dans l’imaginaire de ceux qui militent à gauche…

La parole des humoristes a un effet amplifié. Moi, sans le travail de chercheurs très actifs et pointus sur les sujets que j’évoque, j’aurais beaucoup moins d’informations, beaucoup moins de sources. On assure juste un rebond sur ce travail. Ce qui est triste, en revanche, c’est que cet amplificateur vient de nous. Cette donnée est peut-être alarmante : les seuls qui tiennent encore un discours orienté en termes de valeurs de solidarité, ce sont des humoristes.

Le fait que les spectacles d’humoristes sont produits à guichets fermés, dans les tournées comme à la Fête, montrerait-il aussi votre capacité à donner du souffle à vos fidèles, dans une époque compliquée pour les progressistes ?

Je suis évidemment le premier ravi d’avoir du monde à mes spectacles. Mais cette affluence à nos spectacles dit quelque chose de plus grand que moi. Elle signifie que ce type de discours est vraiment minoritaire aujourd’hui. Je n’ai pas l’impression d’être d’une subversion incroyable quand je dis que la guerre ce n’est pas bien, que violer c’est mal… Je n’ai pas l’impression, donc, d’aller dans un truc de rébellion incroyable. Mais ça le devient, compte tenu du tunnel médiatique en face.

En écoutant les humoristes, en somme, les spectateurs se sentent moins seuls ?

Ma façon de militer, c’est de faire rire ceux qui luttent. Parce qu’il y a la vie militante et celle de tous les jours. Celle où des gens subissent, avec ce qu’ils mettent dans leur assiette, dans leur chariot au supermarché ou dans le nombre de contrôles qu’ils vont subir… Tous ceux qui vivent concrètement des situations très dures. Se sentir reconnu, oui, cela fait du bien et donne l’impression de ne pas avancer dans le noir. Mais ce n’est pas suffisant. Si seuls certains humoristes tiennent ce créneau des droits humains, ça en dit beaucoup sur l’état du débat actuel en France.

Qu’attendez-vous de cette Fête de l’Humanité ?

Sans prétention, je le prends comme une date de spectacle. Je viens le jouer, dans un cadre particulier, évidemment, avec des gens encore plus connectés avec ce que je raconte. Ce n’est pas pour autant que ce sera facile, parce que c’est en plein air, donc cela entraîne une autre façon de jouer. Jouer à la Fête, c’est donc à la fois un jour de scène comme un autre et un défi. Et comme c’est un spectacle assez participatif je pense que ça va marcher.

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