Les pays musulmans adoptent le plan arabe pour la reconstruction de Gaza

L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a formellement adopté, samedi 8 mars, le plan arabe pour la reconstruction de Gaza, appelant la communauté internationale à le soutenir, en réponse au projet de Donald Trump de prendre le contrôle du territoire palestinien et d'en expulser ses habitants.

Les ministres des Affaires étrangères des 57 membres de l'OCI étaient réunis depuis vendredi au siège de l'organisation, à Jeddah, en Arabie saoudite, pour examiner ce plan, approuvé par la Ligue arabe mardi au Caire.

L'OCI "a adopté le plan [...] sur le redressement rapide et la reconstruction de Gaza", a indiqué un communiqué tôt samedi. Cette institution, qui représente le monde musulman, a appelé "la communauté internationale et les institutions de financement internationales et régionales à apporter rapidement le soutien nécessaire à ce plan", ajoute le texte.

Préparé par l'Égypte, le plan prévoit de reconstruire la bande de Gaza, détruite par 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, sans déplacer ses 2,4 millions d'habitants. 

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Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, avait plus tôt dans la nuit annoncé à l'AFP l'adoption du plan égyptien, "qui est maintenant devenu un plan arabo-islamique". Des propos confirmés par son homologue soudanais. "C'est certainement une chose très positive", avait salué Badr Abdelatty.

Le président américain avait suscité un tollé international en proposant de déplacer les Palestiniens de Gaza vers l'Égypte et la Jordanie voisines, pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". 

Appel à la communauté internationale

Lors d'un sommet mardi au Caire, les dirigeants arabes ont également annoncé la création d'un fonds destiné à financer la reconstruction de Gaza et ont exhorté la communauté internationale à le soutenir.

"La prochaine étape consistera à faire de ce plan un plan international en le faisant adopter par l'Union européenne et par des parties internationales telles que le Japon, la Russie, la Chine et d'autres", a déclaré Badr Abdelatty. "C'est ce que nous chercherons à obtenir et nous sommes en contact avec toutes les parties, y compris la partie américaine."

Le plan arabe avalisé par l'OCI met de facto à l'écart le Hamas et prévoit un retour de l'Autorité palestinienne, chassée du territoire en 2007 par le mouvement islamiste palestinien.

Critique des États-Unis

Mais il a été rejeté par Israël et critiqué par les États-Unis. Le plan "ne répond pas aux attentes" de Washington, a déclaré jeudi le département d'État, l'envoyé de Trump au Moyen-Orient Steve Witkoff y voyant un "premier pas de bonne foi de la part des Égyptiens".

Pour Rabha Seif Allam, du Centre d'études politiques et stratégiques d'al-Ahram du Caire, l'Égypte avait besoin d'"un large soutien" pour bâtir une "large coalition refusant le déplacement des Palestiniens de Gaza".

La réunion de Jeddah est un signal d'"unité au sein du monde musulman", a affirmé pour sa part Umar Karim, spécialiste de l'Arabie saoudite, à l'université de Birmingham, au Royaume-Uni.

L'OCI a également acté la réintégration dans l'organisation de la Syrie, suspendue en 2012 après la répression contre d'un soulèvement prodémocratie menée par l'ex-président Bachar al-Assad, chassé du pouvoir le 8 décembre par une coalition rebelle après 13 ans de guerre civile.

Le ministère syrien des Affaires étrangères s'est félicité d'un "pas important vers le retour de la Syrie au sein des communautés régionale et internationale en tant qu'État libre et juste".

Avec l'AFP.