REPORTAGE. "Il était un exemple" : en Syrie, la vive émotion de centaines de personnes aux funérailles de l'opposant et activiste Mazen al-Hamada
En Syrie, depuis dimanche les découvertes macabres se succèdent et témoignent de la brutalité du régime de Bachar al-Assad. Les victimes se comptent par milliers, l'une d'entre elles s’appelle Mazen al-Hamada, c'était un célèbre activiste et opposant. Des centaines de personnes lui ont rendu hommage jeudi 12 décembre lors de ses funérailles à Damas.
Le cercueil de Mazen al-Hamada est recouvert du nouveau drapeau de la Syrie, celui que les opposants du régime de Bachar al-Assad brandissaient à longueur de manifestations réprimées dans le sang, rassemblements que lui, l'activiste de la première heure, filmait pour l'histoire. "Le martyr Mazen al-Hamada était un exemple, un symbole pour tous ceux qui luttent pour une société meilleure, explique Nizar, au bord des larmes. S'il n'y avait pas eu des activistes comme lui avec leur caméra pour documenter les exactions commises par le régime depuis 2011, on ne saurait rien de ce qui s'est passé durant cette révolution syrienne."
"Mon arme, c'est ma caméra"
Mazen al-Hamada avait 47 ans. Il multipliait les passages en prison et les séances de torture. En 2014, il parvient à quitter la Syrie pour l'Europe, où il témoigne à visage découvert. Sa famille est menacée. Il décide de rentrer à Damas en 2020, il est arrêté à l'aéroport. "Ils l'ont arrêté parce qu'il filmait les manifestations contre le régime, rappelle Hamza, un admirateur. Et quand ils lui ont demandé : 'C'est quoi ton arme ?' Il a répondu : 'Mon arme, c'est ma caméra'. Et pour le régime, c'était un crime. C'est pour ça qu'ils l'ont tué."
Le corps de Mazen al-Hamada a été identifié mardi parmi une quarantaine de cadavres dans l'hôpital militaire de Harasta, dans la banlieue de Damas. Il aurait été tué avant la chute du régime de Bachar al-Assad. "C'est un moment de communion et de recueillement, alors que le pays vient d'être libéré, raconte Salma, venue en famille assister à ces obsèques. Et ses funérailles sont un hommage à tous ceux qui ont connu l'enfer des prisons."

Les amis de Mazen pensaient qu'il était mort depuis bien longtemps. Il n'aura pas assisté à la chute du dictateur, qu'il a longtemps espéré sans plus y croire.