Budget : Olivier Faure accuse Michel Barnier d’avoir « trahi le front républicain » en « négociant » avec le RN

L’heure de vérité a sonné pour Michel Barnier. À l’aune d’une semaine à hauts risques à l’Assemblée nationale, qui pourrait adopter une motion de censure en réponse au probable 49.3 dégainé lundi sur le budget de la Sécu, le Parti socialiste (PS) va-t-il se détacher du reste de la gauche ? Alors que le gouvernement cherche depuis plusieurs jours à dissuader le mouvement à la rose de voter un texte de rejet aux côtés du Nouveau Front populaire (NFP) et avec le Rassemblement national (RN), le premier secrétaire du PS a soufflé dimanche le chaud et le froid. Invité du « Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat », Olivier Faure a renvoyé cette « responsabilité » à l’hôte de Matignon.

Affirmant que les composantes de la gauche « ont cherché » au fil de la discussion parlementaire des « compromis » sur la fiscalité « de ceux qui le peuvent, du monde financier, des grandes fortunes, et des grandes entreprises », le député de Seine-et-Marne a déploré la soi-disant fin de non-recevoir de Michel Barnier à ce sujet. Lequel aurait « trahi le front républicain » par sa « négociation avec l’extrême droite ». « C’est la raison pour laquelle nous avons un mauvais budget », a insisté le chef des socialistes. Olivier Faure a beau se diriger vers un vote de censure contre le gouvernement, il ne ferme toutefois pas la porte à d’ultimes tractations avec le premier ministre.

De concert avec le président des députés PS, Boris Vallaud, et celui des sénateurs PS, Patrick Kanner, Olivier Faure a annoncé « avoir écrit » en ce sens à Michel Barnier. « Nous lui avons dit que nous étions prêts à réfléchir, à poser nos propres lignes rouges pour éviter une censure. Ça dépend de lui maintenant, c’est à lui de dire s’il est prêt à écouter la gauche ou s’il considère que les Français ont voté pour rien le 7 juillet (date du second tour des législatives anticipées, NDLR), a-t-il fait valoir, rappelant que le NFP est arrivé « en tête de l’élection. » Et le patron du PS d’espérer : « Cela suppose qu’il y ait à un moment une raison qui s’empare du premier ministre. »

Quelques jours après la rencontre infructueuse entre les chefs de file du PS et Michel Barnier à Matignon, Olivier Faure assume le bras de fer. « Si le premier ministre entendait ce que nous lui disons, bien sûr que nous renoncerions à la censure », a assuré Olivier Faure, qui a exhorté le successeur de Gabriel Attal à « revenir sur les mesures les plus injustes » du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Indexation des pensions de retraite, stabilité du prix de la consultation médicale, refus d’un allégement de cotisations patronales des entreprises… Olivier Faure a proposé une série de mesures qui pourraient amener les socialistes à changer de braquet. Une façon de concurrencer l’ultimatum de Marine Le Pen au premier ministre. « Je veux bien qu’on dise qu’elle fasse le jeu, mais le gouvernement avait d’autres possibilités », a lâché le député de Seine-et-Marne. Qui s’est appuyé sur le maintien de la note de la France par Standard & Poor’s à AA- pour écarter tout risque de « shutdown à l’américaine » en cas de censure. Et donc de rejet du budget 2025. « Des ordonnances viendraient assurer la continuité de l’État, a voulu rassurer Olivier Faure. Il n’y aura pas une pluie de grêle qui s’abattra sur la France. Cela relève de la science-fiction. »