Donald Trump et sa guerre contre les migrants : du rêve américain à la réalité mexicaine

Guadalajara, État de Jalisco (Mexique).

À quelques pas des voies du chemin de fer, le grand portail noir est le même. Trois ans ont passé, l’Humanité magazine pénètre de nouveau dans l’enceinte de FM4 Paso Libre (« libre circulation »), un centre d’accueil et d’hébergement pour migrants et réfugiés situé au cœur de la métropole de Guadalajara, à mi-chemin d’un parcours semé d’embûches entre la frontière sud avec le Guatemala et celle du nord avec le « pays de la liberté ». Même accueil, même ambiance : passé les petits bureaux de l’administration, le hangar de 80 mètres de long reste une oasis de bienveillance et d’humanité grouillant d’activité autour d’un réfectoire plein de vie.

Certains, comme Marco1, un jeune Hondurien projetant de rejoindre sa grande sœur installée à Tijuana, commencent leur déjeuner. Il partage une carafe d’agua de horchata, une boisson fraîche à base de riz, avec Jean-Widley, un Haïtien en chaise roulante. Il a les deux jambes amputées mais assure que cela ne l’empêchera pas de s’en sortir, « kit sa koute » (quoi qu’il en coûte), dit-il en créole, et peut-être même ici à Guadalajara, où il trouve les gens « plutôt accueillants ».

Déporté par l’administration Trump

Rodolfo, lui, est loin d’afficher la même détermination, il paraît au contraire plutôt déboussolé. Né à quelques kilomètres de là au début des années 1990, parti très jeune avec ses parents pour s’installer en Californie alors qu’il n’avait même pas 3 ans, il a toute l’allure d’un chicano, ces Mexicains-Américains ayant...