Écosse : l'île d'Eigg, une perle secrète protégée par ses habitants
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Comme cachée au creux de l'océan, l'île d'Eigg (Écosse) révèle ses eaux cristallines qu'aux visiteurs les plus téméraires. Un îlot volcanique et sauvage, aux falaises de basalte confortablement blotties dans les nuages. Elle tient sur 30 petits kilomètres carrés de terre, où la nature elle-même honore ceux qui s'y aventurent. Il faut compter une heure de bateau depuis la côte ouest de l'Écosse.
À peine le pied à terre, c'est Charlie Galli, le taxi de l'île, qui accueille les visiteurs à l'écossaise. "C'est l'heure du verre de bienvenue, vieilli dans un fût de rhum, ça donne un petit goût", assure-t-il. Un verre de whisky, écossais bien sûr : une tradition de l'île que découvrent des touristes canadiens. "Je ne m'attendais pas à un accueil pareil. Je ne peux pas dire que ça me dérange. C'est une belle surprise", se réjouit le vacancier.
Depuis son arrivée à Eigg il y a 13 ans, l'Écossais rencontre presque chaque touriste. Car ici, aucune voiture n'est autorisée à part celles des 100 habitants. Et Charlie Galli est l'unique taxi de l'île. "J'ai le monopole du marché. Au début, ça me faisait rire parce que je me disais : qui va avoir besoin d'un taxi sur une île ? Mais il y a pas mal de touristes, donc ça me tient occupé", confie-t-il.
Un mode de vie simple et authentique
Les plus courageux s'élancent sur la seule route de l'île à vélo ou à pied. Ici, chaque paysage se mérite. Au bout du chemin pour Eva Lawrence, étudiante en géologie, des plages de sable blanc à perte de vue. "On dirait des paysages lunaires, s'émerveille-t-elle, avec pour seule compagnie, le bruit des vagues et les falaises imposantes. La plage est incroyable et c'est comme si le sable chantait sous vos pieds. Et puis, il y a toute la géologie étonnante autour. Il y a des arches, des grottes qui se sont formées dans la mer."
Cette nature, omniprésente, est chérie par les habitants chérissent, en adoptant un mode de vie simple et authentique. Sur une petite place, le centre névralgique d'Eigg, on trouve juste le nécessaire : une épicerie, un café et un bureau de poste. Ici, tout le monde se connaît et c'est ce qui a plu à Camille Dressler, une Française qui a décidé de s'installer sur l'île il y a 45 ans. "John est peut-être le premier ami qu'on a eu sur l'île. C'est l'impression d'appartenir à une grande famille en fait. Ce qui m'a vraiment plu, c'est la façon dont les habitants de l'île de souche étaient très accueillants envers l'étranger", confie-t-elle.
Les insulaires ont repris le contrôle de leur histoire
Camille Dressler est maintenant l'archiviste d'Aigle. Elle conserve avec un soin tout particulier les documents qui retracent le moment où les insulaires ont repris le contrôle de leur histoire. Pendant des décennies, toute l'île appartenait à un seul propriétaire tout-puissant, un Anglais dont l'attitude désinvolte lui a attiré les foudres des insulaires. "C'est là que nous nous sommes dit, bon, ce n'est pas la peine de compter sur lui pour changer notre futur, il faut qu'on compte sur nous-mêmes. Donc nous nous sommes mis en contact avec d'autres personnes qui ont dit, mais est-ce que vous avez pensé à acheter votre île ?", raconte-t-elle.
Il a fallu trouver 2 millions d'euros. Alors, les habitants ont lancé un appel aux dons et se sont cotisés. "C'était assez compliqué, parce qu'il a fallu qu'on forme un consortium. Il y a pas mal de gens qui ont appelé cette histoire la Révolution Française à l'île d'Eigg", poursuit Camille Dressler.
Un tourisme trié sur le volet
Désormais, chaque décision à Eigg est prise par consultation des habitants. L'important pour les insulaires est de préserver leur île singulière en misant sur un tourisme raisonné. Seuls quelques milliers de chanceux peuvent s'y rendre chaque année et en découvrir les trésors sur terre comme dans la baie. Les insulaires comme Kate Jones, guide-monitrice de snorkeling, ont toujours en tête de sensibiliser les visiteurs à la protection de leur petit paradis. "On ressent cette connexion avec la mer, alors on veille sur elle. C'est un écosystème si précieux. C'est pour ça qu'on montre aux gens ce qu'il y a sous l'eau : pour qu'ils voient ce qui vaut la peine d'être protégé", dit-elle.
Bercée par les eaux calmes, la nature foisonnante de l'île s'offre aux visiteurs qui savent se faire discrets. "On a l'impression d'être hors du temps. C'est sauvage et froid. C'est un endroit extraordinaire ici", se réjouit une touriste. Dans ces paysages façonnés par les vents et les flots, chaque seconde sur l'île d'Eigg rappelle aux visiteurs pourquoi certains la surnomment l'émeraude de l'Écosse.