Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine affiche sa confiance et exclut une nouvelle mobilisation

Correspondant à Moscou

Un Vladimir Poutine affichant sa confiance et capitalisant à fond sur la tournure des crises mondiales – qu'il estime propice à la Russie. Pour Poutine, il y a une «amélioration» sur le front en Ukraine – et candidat déclaré à sa réélection depuis la semaine dernière – lors de l'événement médiatique officiel de cette fin de l'année. Une apparition télévisée scrupuleusement mise en scène par les «polit-technologues» du Kremlin et intitulée «Bilan de l'année». Une prestation de plusieurs heures tout particulièrement placée sous les projecteurs par le pouvoir car combinant la conférence de presse présidentielle annuelle et la traditionnelle émission «ligne directe» – au cours de laquelle des représentants des régions adressent leurs questions au chef de l'État. Il lui a d'emblée été offert sur un plateau l'opportunitéde réitérer sa candidature qu'il a justifiée en expliquant que «pour un pays comme la Russie, il est impossible d'exister sans souveraineté». Par conséquent, «l'essentiel est de renforcer la souveraineté», dans tous les domaines, a-t-il appuyé, apparaissant dans l'ensemble très à l'aise face aux caméras.

Une assurance que Vladimir Poutine ne s'est pas privé d'étendre, tout d'abord, à l'économie russe, résiliente en dépit des sanctions internationales. Et de corriger le journaliste de Pervy Kanal Pavel Zaroubine son porte-micro attitré qui lui demandait «quelle était la marge de sécurité de l'économie russe ?» : «Suffisamment pour ne pas se contenter d'être confiant, mais pour aller de l'avant», lui a rétorqué le président russe, lisant un tableau et égrenant les chiffres, notamment celui de la croissance – «3,5 % d'ici la fin de l'année (…) cela signifie que nous avons récupéré le déclin de l'année dernière, où nous avions, je crois, 2,1 %».

Pétain et De Gaulle

Sans surprise, la guerre en Ukraine s'est rapidement invitée dans l'émission. Avec la question que tous se posent : «Quand y aura-t-il la paix ?». «Il y aura la paix lorsque nous aurons atteint nos objectifs qui ne changent pas : la dénazification de l'Ukraine, sa démilitarisation, son statut de neutralité», a dit Vladimir Poutine, toujours dans la posture de celui qui pourrait dialoguer mais à exclusivement à ses conditions. Pour démontrer que le premier objectif n'avait selon lui pas encore été atteint, il a rappelé l'épisode récent du vétéran ukrainien applaudi dans l'enceinte du parlement canadien et dont il s'est avéré qu'il avait collaboré avec les nazis durant le Seconde guerre mondiale. La militarisation ? «Si (les Ukrainiens) ne veulent pas d'accord, nous serons contraints de résoudre le problème militairement» – en clair, pas de trêve prévisible. Les Ukrainiens reçoivent «tout gratuitement» et n'arrivent à rien, a affirmé le chef du Kremlin.

Au contraire, a insisté Vladimir Poutine, l'armée russe «améliore ses positions partout sur le front». «Hier soir, j'ai été informé que 486.000 hommes avaient été recrutés, et le flux de nos hommes prêts à défendre les intérêts de la patrie les armes à la main ne diminue pas. Un millier et demi par jour dans tout le pays», a-t-il déclaré. En conséquence, a affirmé Vladimir Poutine, une nouvelle vague de mobilisation (après celle intervenue en septembre 2022, NDLR) n'est pas nécessaire «pour le moment», a expliqué le chef de l'État sur cette question très sensible en Russie. «Nos troupes sur le front manquent de drones», l'interpelle un voienkor, un correspondant de guerre russe : «Vous êtes bien placé pour savoir que nos positions s'améliorent», le recadre Vladimir Poutine… Les Européens ? «Ils se comportent extérieurement en héros, comme le général de Gaulle, mais dans la pratique, ils se conduisent comme le maréchal Pétain lequel, bien qu'ayant été un héros de la Première mondiale, est devenu pendant la Seconde guerre mondiale un collaborateur et s'est soumis à la volonté des occupants », a dit le chef du Kremlin pour réaffirmer son antienne d'un Vieux continent soumis aux Américains.

Avec Emmanuel Macron «nous avions eu d'assez bonnes relations de travail», a répondu un peu plus tard Vladimir Poutine. «Nous sommes prêts à continuer à coopérer. Mais à un moment donné, le président (Macron) a mis fin à ses relations avec nous. Ce n'est pas nous qui y avons mis fin. Mais nous sommes prêts, sinon nous nous en passerons», a ajouté le chef de l'État russe, interrogé par TF1, seul média français, avec l'AFP, autorisé à participer à ce «Bilan de l'année».