L’ancien ministre Christophe Castaner devient conseiller pour le géant chinois Shein
Une recrue de choix. En s’offrant les services de Christophe Castaner, le géant chinois de la «fast fashion» Shein a décidé de taper fort. Comme l’a révélé La Lettre ce vendredi, l’entreprise vient en effet d’annoncer la création de comités stratégiques régionaux dont le premier d’entre eux couvrira l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. Ceux-ci comprendront des experts «indépendant», chargés d’accompagner l’entreprise sur son volet RSE.
Parmi eux, l’ancien ministre de l’Intérieur mais aussi l’avocate Nicole Guedj ou encore l’ancien président de la Commission internationale et européenne du Medef, Bernard Spitz. L’ambition de Shein ? «Tirer parti des connaissances et de l’expérience de ces experts mondiaux de premier plan». «Leurs idées dans des domaines clés tels que la gouvernance de la chaîne d’approvisionnement, l’économie circulaire et la décarbonation seront importantes à mesure que nous progresserons dans le parcours de durabilité de Shein», précise le président exécutif du groupe Donald Tang.
En ce sens, le choix de Christophe Castaner ne doit rien au hasard, comme le souligne le groupe dans un communiqué daté du 6 décembre. Qualifié «d’acteur clé du secteur du transport international» en référence à son poste de président du conseil de surveillance du port de Marseille-Fos, «premier port de France et troisième plus important de la Méditerranée», l’ancien ministre de l’Intérieur est également loué par Shein «pour son expérience significative dans l’administration publique, la gouvernance et la planification stratégique, ainsi que pour sa connaissance du territoire».
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«La puissance publique ne fait pas tout»
À 58 ans, l’ancien député et porte-parole du gouvernement conseille désormais plusieurs entreprises dans le monde entier. Contacté par Le Figaro, il explique être prêt à travailler main dans la main avec Nicole Guedj et Bernard Spitz «pour conseiller Shein dans ses orientations stratégiques en Europe [...], en particulier pour que le groupe aille plus loin en matière d’impact social et environnemental». «Pour faire évoluer une filière, la puissance publique ne peut pas tout», ajoute l’ancien ministre, persuadé que «faire évoluer les entreprises et leurs pratiques est important», voire «même clef pour avoir un véritable impact». Pour préciser sa vision, il prend même l’exemple de son poste de président du conseil d’administration de la société concessionnaire ATMB (Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc), qu’il pousse «à devenir entreprise à missions».
L’ancien ministre explique par ailleurs que «s’impliquer pour faire mieux, c’est surtout agir», sans préciser comment le comité régional stratégique mis en place par Shein s’y prendra pour y parvenir. «La marche est haute», reconnaît Christophe Castaner, qui souligne pour autant que les dirigeants de Shein «ont une vraie volonté de s’adapter aux attentes européennes».
Reste à savoir si son carnet d’adresses et ses compétences permettront au géant chinois de redorer son image. En attendant, les autorités européennes s’arment toujours plus contre les dérives de la fast fashion. En France, l’Assemblée nationale a adopté en mars une proposition de loi - qui reste à valider par le Sénat - pour rendre les produits issus de la fast fashion moins attractifs et ainsi limiter l’impact sur l’environnement d’une production qu’elle juge excessive et qui ferait en partie appel à des produits chimiques toxiques.
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Pour se défendre, l’entreprise fondée en 2012 en Chine et désormais basée à Singapour se lance de nouveaux défis. Toujours en France, la direction du groupe a annoncé vouloir lancer une plateforme de revente de vêtements d’occasion, une première en Europe pour la marque. Baptisée «Shein Exchange», cette plateforme permettra de revendre uniquement des vêtements achetés sur Shein, contrairement à des alternatives de revente d’occasion, comme Vinted ou Leboncoin, a expliqué le président exécutif du groupe, Donald Tang, dans une interview accordée aux Échos.