Sécheresse : dans l'Aude, une commune ravitaillée par des citernes
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C'est une livraison dont la commune ne peut plus se passer. Un camion-citerne rempli de 30 000 litres d'eau potable. Durban-Corbières, dans l'Aude, est ravitaillé tous les deux jours depuis une semaine, car ses réserves sont trop basses.
"On les attend avec impatience parce que, sans ça, je ne sais pas comment on le ferait. Aujourd'hui, il en est prévu quatre de façon à, j'espère, passer le week-end tranquille", explique Alain Laborde, maire (SE) de Durban-Corbières. Face à la pénurie, la mairie a déjà fait des provisions. Plus de 1 300 bouteilles sont stockées dans un hangar. "Vu comment c'est parti, je pense que, même ces bouteilles, nous seront nécessaires", estime l'édile.
Les habitants s'adaptent
Dans le village de 650 habitants, frappé durement par la sécheresse, l'eau est déjà rationnée. Interdiction d'arroser les espaces verts, les terrains de sport ou de loisirs. Et ici, tout le monde craint de nouvelles coupures d'eau comme l'an dernier. C'est le cas de Sandrine Forest, une habitante qui, depuis, a acheté des cactus et des plantes méditerranéennes. "Si j'achète des plantes annuelles qu'on trouve en jardinerie et qui demandent 15 litres d'eau par jour, ce n'est pas possible", assure-t-elle. Sandrine est encore profondément marquée et a changé ses habitudes. "Quand on n'en a pas, là, vous vous rendez vraiment compte qu'il faut faire attention tous les jours, même quand on en a. Je suis hypervigilante sur ma consommation toute l'année", souligne encore l'habitante.
Dans le village, même certains services publics sont déjà fermés. Cette piscine municipale est abandonnée depuis près d'un an. "Vous voyez la piscine telle qu'elle a été laissée le 2 août l'année dernière", déplore Olivier Castelbou, premier adjoint au maire de Durban-Corbières. Un crève-cœur pour l'élu.
"Il pleut moins et ici on est en sécheresse continue quasiment depuis 2022"
Mais d'où vient ce problème ? Ici, l'eau potable provient d'un puits, d'un forage et d'une source qui puisent dans les nappes souterraines. En 2020, l'ensemble produisait en moyenne 435 m³ par jour. Mais à cause de la sécheresse, l'an dernier, ce chiffre était divisé par près de trois. Aujourd'hui, en ce début juillet, une des sources ne produit plus rien, les deux autres seulement 113 m³, bien loin des 180 m³ dont a besoin la population. "Le problème est là parce qu'il pleut moins et ici on est en sécheresse continue quasiment depuis 2022. On a des ressources qui n'ont plus de recharge pendant la période hivernale et donc, dès qu'arrive l'été, on a un effondrement de la capacité de production", résume Laurent Aymard, directeur de Réseau 11.
Le désarroi des viticulteurs
Le manque de pluie frappe aussi les viticulteurs de Durban-Corbières. Dans les vignes, les feuilles s'effritent. Et le sol souffre, lui aussi. "Cette terre, vous voyez, si je la prends, même si je creuse au plus bas, c'est complètement sec, il n'y a aucune humidité. De la poussière, on se croirait dans le désert", témoigne Laurent Gili, viticulteur à Durban-Corbières. Avec la sécheresse, les rendements ont baissé. Laurent Gili a décidé d'arracher six hectares il y a deux ans et il pourrait recommencer. "Pour moi, c'est vraiment désolant parce que c'était un secteur où je produisais un vin vraiment magnifique avec toutes les qualités de notre terroir. Et aujourd'hui, voilà, c'est un champ abandonné", regrette-t-il.
Face au manque d'eau, cette commune de l'Aude et ses habitants s'apprêtent à vivre une nouvelle année de restrictions.