En réponse à une tribune dans Le Figaro, Attal dépose une proposition de loi pour élever Dreyfus au grade de général

En réponse à une tribune dans Le Figaro, Attal dépose une proposition de loi pour élever Dreyfus au grade de général

Le chef de file des députés Renaissance Gabriel Attal. Tom Nicholson / REUTERS

Le chef de file des députés Renaissance souhaite réparer à titre posthume «l’injustice» dont a été victime cet officier de l’armée française, accusé et condamné à tort pour des faits d’espionnage à la fin du XIXe siècle. Une initiative qui rejoint celle du groupe socialiste au Sénat.

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Sur fond de recrudescence des actes antisémites en France, l’initiative est surtout symbolique. Le chef des députés Renaissance Gabriel Attal a déposé vendredi dernier une proposition de loi pour élever le capitaine Alfred Dreyfus à titre posthume au grade de général de brigade, a appris Le Figaro confirmant une information du magazine Challenges . De confession juive, cet officier de l’armée française, accusé et condamné à tort, sur fond d’antisémitisme, pour des faits d’espionnage au profit de l’Allemagne en 1894, a cristallisé les tensions dans l’Hexagone entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. À l’époque, le scandale politico-judiciaire avait polarisé la société française en deux camps.

Si Dreyfus avait été réhabilité douze ans plus tard au terme d’une campagne médiatique menée tambour battant par ses partisans, en premier lieu l’écrivain Émile Zola, la démarche de l’ancien premier ministre macroniste répond en vérité à une tribune signée, il y a deux semaines, dans Le Figaro  par l’ancien ministre socialiste Pierre Moscovici, l’avocat Frédéric Salat-Baroux et le président de la Maison Zola-Musée Dreyfus, Louis Gautier.

Mi-avril, les trois personnalités appelaient «à ce qu’un ou plusieurs groupes parlementaires, et pourquoi pas la représentation nationale tout entière, s’emparent maintenant de ce combat» afin de rendre à Dreyfus un grade auquel il aurait pu prétendre sans la machination judiciaire dont il a été la victime. Le militaire a beau avoir été réintégré dans l’armée française après avoir été innocenté, il n’a jamais retrouvé son grade initial auquel son ancienneté donnait pourtant droit. Il sera finalement élevé à celui de lieutenant-colonel en 1919 après son engagement lors de la Première guerre mondiale.

Dans l’exposé des motifs du texte que nous avons pu consulter, Gabriel Attal estime que les «cinq années de déportation et d’humiliation» de Dreyfus sur l’île du Diable (Guyane) «ont irrémédiablement freiné sa carrière militaire». «Il est incontestable que sans cette injustice», cette «faute d’État», (il) aurait accédé naturellement aux plus hauts grades», constate le patron du parti présidentiel Renaissance, exhortant la France, à travers l’article unique de sa proposition de loi, à «honorer l’idéal républicain». En «reconnaissant ses erreurs et affrontant lucidement ses égarements». Et Gabriel Attal d’ajouter : «Promouvoir Alfred Dreyfus au rang de général de brigade constituerait un acte de réparation, une reconnaissance de ses mérites et un hommage rendu à son engagement républicain.» 

Hasard ou non, l’initiative de l’ex-premier ministre rejoint celle des sénateurs socialistes. «La Nation française, éprise de justice et qui n’oublie pas, élève à titre posthume Alfred Dreyfus au grade de général de brigade», dit le texte de la Chambre haute déposé mardi 29 avril par Patrick Kanner, patron du groupe PS au Palais du Luxembourg. «Ce n’est pas un sujet politique», a assuré l’élu du Nord auprès de la radio locale ICI, qui n’hésite pas à inscrire sa proposition de loi dans le contexte actuel. «L’antisémitisme grandissant dans notre pays aujourd’hui, ce climat assez nauséabond que l’on voit ici ou là, avec parfois des actes insupportables, on peut aussi le combattre par des actes symboliques», a-t-il considéré.