Mélenchon exige que le traité Mercosur-UE soit discuté à l'Assemblée nationale

Le groupe des députés Insoumis avait prévu l’examen dans sa niche parlementaire du 28 novembre d’une proposition de résolution invitant le gouvernement à refuser le traité avec le Mercosur. Paul DELORT / Le Figaro

Le gouvernement a jugé irrecevable une proposition de résolution de LFI visant à refuser le traité. Début octobre, une proposition de résolution similaire du groupe RN avait également été refusée.

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Le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a demandé dimanche l'organisation d'un débat à l'Assemblée nationale sur le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, «et qu'il ne s'applique pas si les Français ne le votent pas».

«Monsieur Macron, arrêtez votre cirque avec le Mercosur. Nous exigeons que ce traité soit discuté à l'Assemblée nationale et qu'il ne s'applique pas si les Français ne le votent pas», a enjoint Jean-Luc Mélenchon au président de la République, au cours d'un entretien sur France 3. Le groupe des députés Insoumis avait prévu l'examen dans sa niche parlementaire du 28 novembre d'une proposition de résolution invitant le gouvernement à refuser ce traité.

Le gouvernement l'a jugée irrecevable le 5 novembre, tout comme avait été jugée irrecevable début octobre une proposition de résolution similaire du groupe RN. La présidente de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, Aurélie Trouvé (LFI), a annoncé samedi sur franceinfo que son groupe allait déposer une nouvelle proposition de résolution pour demander l'organisation d'un débat, au titre de l'article 50-1 de la Constitution, afin que «l'Assemblée nationale puisse se prononcer contre cet accord».

Cette proposition sera finalisée lundi, a-t-elle précisé à l'AFP. L'ancienne dirigeante d'Attac a vivement critiqué l'attitude du chef de l'Etat, jugeant que «si l'accord est signé, le premier responsable sera le président Macron qui, pendant des années et des années a laissé faire ces négociations» et «laissé croire qu'un bon traité serait possible».

Pas «trop tard»

Elle a aussi estimé que la France a tardé à tenter d'organiser la fronde au niveau européen contre ce texte. «Il serait peut-être un peu temps d'organiser effectivement une minorité de blocage», a-t-elle affirmé. Il est «sans doute tard», mais pas forcément «trop tard», pour bloquer «la partie commerciale» de l'accord, a également estimé sur Radio J le député PS et ancien président de la République François Hollande.

Pour ce faire, au moins quatre États membres de l'UE, représentant au moins 35% de la population de l'UE, doivent s'y opposer, a-t-il rappelé. De son côté la députée européenne LFI Manon Aubry a adressé à Ursula Von Der Leyen une lettre ouverte signée selon elle par plus de 130 parlementaires de 13 pays, appelant la présidente de la Commission européenne à renoncer à la conclusion du traité.

«C'est la première fois qu'un appel transnational est publié, démontrant que l'enjeu dépasse les simples frontières de l'agriculture française», a-t-elle souligné auprès de l'AFP. La missive, publiée par le journal La Tribune dimanche, dénonce aussi le projet présumé de la Commission de séparer l'accord en deux «pour contourner la ratification des Parlements nationaux».

Les agriculteurs français prévoient de se mobiliser à partir de lundi contre ce traité -négocié depuis des décennies entre l'UE et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie)- que la Commission européenne, soutenue par plusieurs pays comme l'Allemagne et l'Espagne, espère signer d'ici à la fin de l'année. Le sujet est également au menu de la tournée en Amérique latine du président Macron, entamée samedi soir, jusqu'à jeudi.