Les limiers de l’OCLCO les appellent les «téléphones occultes». Ces portables rechargeables utilisés avec des cartes prépayées sont l’apanage des malfrats pour brouiller les traces de leurs communications. Après l’assaut sanglant au péage d’Incarville qui a permis l’évasion de Mohamed Amra le 14 mai 2024, l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) a déployé une surveillance massive autour des proches du narcotrafiquant devenu ennemi public n°1. Si l’homme s’est évanoui dans la nature avec son commando, des lignes téléphoniques ayant borné dans les environs, et que les malfaiteurs pensaient intraçables, ont immédiatement retenu leur attention. Notamment celle souscrite au nom de Nathalie D., dont ils suspectent que l’identité a été usurpée.
La géolocalisation du boîtier téléphonique la nuit des faits confirme leur intuition. Sur les images de vidéosurveillance d’une station-service située à 5 km de l’attaque, un homme «de taille moyenne et de corpulence assez forte» avec de longues «tresses attachées en arrière» apparaît : Fernando D., membre éminent de la «Black Manjak Family», le clan mafieux suspecté d’avoir orchestré l’évasion de «La Mouche». Il ferait partie du commando qui a tué deux agents pénitentiaires avant de prendre la fuite. Cette interception décisive a permis aux limiers de suivre les étapes de sa cavale sous le soleil andalou, lieu de villégiature des narcos d’Europe et point de chute récurrent des membres de la BMF. Pendant neuf mois, ils ont observé ses agissements et étayé ses liens avec ses complices présumés jusqu’à son interpellation dans une luxueuse villa de Mijas, sur le littoral de la province de Malaga, le 22 février dernier.
Mi-mai 2024, alors que «La Mouche» se terre dans un appartement de Compiègne grâce à son clan, Fernando D. bénéficie lui aussi d’un soutien logistique de la BMF pour se planquer dans des logements entre Évreux et la région parisienne. Là, il active une nouvelle ligne téléphonique et prend la route, dans la nuit du 5 au 6 juin, pour Perpignan dans une Peugeot 5008, suivie discrètement par une équipe de la Brigade de répression et d’intervention (BRI). Il est déposé par Alan G., un autre membre présumé du commando, et récupéré dans une…