Blanche Neige, Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, La Cache... Les films à voir et à ne pas voir cette semaine

Vermiglio ou La Mariée des montagnes - À voir

Drame de Maura Delpero - 1 h 59

Le silence règne dans ce village perdu des Alpes. La Seconde Guerre mondiale tire à sa fin. À Vermiglio, la vie continue comme il y a des siècles. Les provisions manquent, en cet hiver 1944. La famille se compose de sept enfants, six filles et un garçon en lequel le père ne se reconnaît pas vraiment. Les rituels rythment les semaines. Il y a la messe, que personne ne songerait à rater, la procession où l’on honore la Vierge locale, les chants traditionnels qui résonnent dans le paysage blanc. Des sentiments inédits bouleverseront la routine ancestrale. Il y aura un meurtre, des mensonges et de la tristesse.

Vermiglio, chose grande et magnifique, prouve que le cinéma remonte à la nuit des temps, qu’il sait donc montrer le temps et la nuit, chercher les clés d’un abîme intérieur, traduire les révoltes tues. Faites passer. On sort de là un peu moins bête, l’esprit dans les montagnes. É. N.

La note du Figaro  : 3/4

La Cache - À voir

Comédie de Lionel Baier - 1 h 30

Cela ressemble trait pour trait au portrait d’une famille bohème. Un cliché foutraque et insouciant pris à la va-vite alors qu’explosent les premières manifestations bruyantes et révolutionnaires de Mai 68. l’intrigue de cette comédie douce-amère tournée à hauteur d’enfant se focalise précisément sur les événements de ce mois de mai si singulier dans l’histoire française. Singulière, la famille juive du jeune Christophe l’est également à plus d’un titre.

C’est aussi le dernier tour de piste de Michel Blanc, qui trouve dans le rôle de « Père-grand » un ultime rôle à sa mesure. En médecin effrayé par le sang, le comédien fait merveille, entre tendresse, drôlerie, poésie et un rien de tristesse. O. D.

La note du Figaro  : 3/4

Lumière, l’aventure continue - À voir

Documentaire de Thierry Frémaux - 1 h 44

Après Lumière, l’aventure commence, voici donc Lumière, l’aventure continue, en salle ce 19 mars, cent trente ans après le premier film des frangins lyonnais. Louis Lumière pose son cinématographe sur un trottoir le 19 mars 1895 pour réaliser Sortie d’usine. La première des 1 400 et quelques « vues » que Lumière et ses opérateurs tourneront jusqu’en 1905. Cette même année 1895, Lumière projette ses films dans le Salon indien du Grand Café à Paris - Georges Méliès, dans le public, en tombe de sa chaise. Louis invente la salle de cinéma. Et c’est sur un « grand écran partagé » qu’il faut découvrir ces cent vingt « vues cinématographiques », films de cinquante secondes, inédits, superbement restaurés en 4K.

Ce florilège, porté par les commentaires érudits et malicieux de Frémaux, et la musique de Gabriel Fauré (contemporain des Lumière), est une leçon de cinéma, ludique et joyeuse. Toute la « grammaire » du cinématographe est déjà là. Découvrir le cinéma des Lumière fait le même effet que de pénétrer dans la grotte de Lascaux. Un éblouissement. É. S.

La note du Figaro  : 3/4

Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan - À voir

Comédie dramatique de Ken Scott - 1 h 42

Dès les premières images, on fait connaissance avec le héros à l’âge adulte. Assis à une table face à son ordinateur, il raconte son histoire en voix off. Dernier-né d’une fratrie de six, Roland n’a rien de spécial à l’exception d’un pied-bot qui le condamne aux yeux des médecins à une vie de personne handicapée. Niant l’évidence, sa mère va tout faire pour qu’il puisse « aller en marchant à son premier jour d’école ». Médecins, guérisseurs, charlatans, tout le monde y passe, jusqu’à la femme d’un rebouteux qui prend le problème à bras-le-corps. Immobilisé durant dix-huit mois, le petit héros n’a qu’une échappatoire, regarder les shows de Sylvie Vartan...

Le film avance à 100 à l’heure, à l’équilibre entre la comédie, l’émotion et le mélodrame. « Feel good movie » chaleureux et émouvant, il raconte la détermination inébranlable d’une mère et comment s’en s’émanciper. On regrettera seulement les séquences d’interview avec Sylvie Vartan rajeunie numériquement. Pas très convaincant et un peu inutile dans le déroulé du récit. Dommage. O. D.

La note du Figaro  : 2,5/4

The Alto Knights - à éviter 


Thriller de Barry Levinson, 2 heures

Deux Robert de Niro pour le prix d’un, on a envie d’y croire. Las, The Alto Knight est un pastiche bavard et mollasson des films de mafia qui ont fait la gloire de l’acteur, c’est-à-dire ceux de Martin Scorsese (Les Affranchis, Casino). L’acteur joue deux personnages Vito Genovese et Frank Costello, deux parrains italo-américains de la pègre new-yorkaise dans les années 1950. Une prothèse nasale permet de les distinguer. Quand le premier ne tente pas d’assassiner le second, en vain, ils s’affrontent à distance. Le scénario se traîne terriblement, sans surprise ni suspense. Barry Levison (Rain Man, Des hommes d’influence) fait aussi son âge (82 ans) derrière la caméra. Seules les voitures d’époque, rutilantes, ont de l’allure. À tout prendre, mieux vaut voir De Niro dans Zero Day, la série de Netflix. La Maison Blanche est la maison de retraite idéale des chefs mafieux. É.S.

La note du Figaro  : 1/4

Blanche Neige - À éviter

Aventure de Marc Webb - 1 h 49

Quand Disney tarde à montrer un film, il y a toujours une bonne raison. Certes, sa nouvelle version « live action » de Blanche Neige a souffert de nombreuses polémiques avant même la sortie. Les sept nains en version numérique, l’actrice latino Rachel Zegler dans la peau de Blanche Neige ou le « wokisme » supposé du projet, le baiser « nécrophile » du prince charmant, etc. Mais en réalité, le film est surtout assez moyen. Ni catastrophe, ni réussite, juste un produit de consommation courante. Trop lisse, trop pasteurisé.

Pour un tel budget (200 millions de dollars), on aurait pu attendre de Marc Webb quelque chose de plus incarné. Ici, le cinéaste fait le service minimum, comme un quidam apeuré qui regarde dix fois à gauche et à droite avant de traverser la rue. O. D.

La note du Figaro  : 1/4