Œufs, cloches, lapins en chocolat… d’où viennent les traditions de Pâques ?

Œufs, cloches, lapins en chocolat… d’où viennent les traditions de Pâques ?

Sujets
L’œuf est associé à la fertilité et à la renaissance. Floydine / stock.adobe.com

Le Figaro décrypte, avec Nadine Cretin, historienne des fêtes et spécialiste d’anthropologie religieuse, les nombreuses traditions qui régalent petits et grands durant le temps pascal.

Passer la publicité Passer la publicité

Pour les Chrétiens, le dimanche de Pâques est le point d’orgue de la Semaine Sainte avec la résurrection du Christ. De nombreux symboles, désormais popularisés, sont associés à cette fête chrétienne. Chasse aux œufs, cloches, lapin ou lièvre… D’où proviennent ces multiples traditions ? Nadine Cretin, historienne des fêtes et spécialiste d’anthropologie religieuse, en détaille les origines au Figaro.

Le plus fort symbole de Pâques est l’œuf, que les enfants cherchent aujourd’hui et depuis longtemps déjà dans les jardins. «L’œuf est un symbole d’immortalité et de renaissance très ancien. Il s’associe très bien avec le printemps, les arbres qui reverdissent et la vie qui reprend», explique Nadine Cretin. L’historienne précise que la première trace à ce jour retrouvée d’un œuf symbolique en est un en argile, décoré, découvert dans une tombe préhistorique.

«Au printemps, les Égyptiens et les Perses avaient pour habitude de teindre des œufs et de les offrir pour symboliser le renouveau de la vie», indique également la Conférence des évêques de France sur son site internet. Dans l’antiquité gauloise aussi, «les druides teignaient les œufs en rouge en l’honneur du soleil», selon cette dernière, qui rappelle que c’est «très probablement de l’interdiction faite par l’Église, jusqu’au XVIIe siècle, de consommer des œufs pendant le Carême» qu’est née la tradition des œufs de Pâques. «Comme on ne pouvait empêcher les poules de pondre, on conservait précieusement ces œufs jusqu’à la fête de Pâques, à partir de laquelle il fallait écouler le stock !»

Origines très anciennes

«Pour les Chrétiens, l’œuf est un symbole très important pour la Semaine Sainte», rappelle Nadine Cretin. Selon les périodes et les régions, plusieurs explications étaient données aux enfants pour justifier l’apparition, le dimanche Saint, d’œufs puis de friandises dans le jardin. La première et la plus ancienne est celle du lièvre (ou du lapin). «Très prolifique et fécond, il rappelle la même image de renaissance que l’œuf - même s’il n’en pond pas», indique l’historienne.

Cette croyance d’origine anglo-saxonne est inspirée de la déesse germanique Ostara, symbole du printemps et de la fertilité, qui était toujours accompagnée d’un lapin. «Les enfants alsaciens, allemands ou anglais aménageaient dans les jardins des petits nids pour recueillir les œufs pondus par le lièvre». L’historienne estime que la pratique de cacher des œufs est possiblement très ancienne, datant «peut-être du Moyen-Âge». «C’est très difficile de donner des dates précises pour toutes ces traditions parce qu’il y a des familles qui ont commencé beaucoup plus tôt et qui ont donné l’exemple aux autres».

Vers le XIIe siècle, une autre histoire est racontée aux enfants pour leur expliquer l’apparition d’œufs dans les jardins. On leur contait que «les cloches, qui cessaient de carillonner dès le Jeudi Saint, partaient à Rome pour être bénies par le pape et revenaient pleines de friandises pour la veillée pascale dans la nuit du samedi au dimanche». La forme sous laquelle étaient offerts ces œufs a évolué dans le temps.

L’arrivée du chocolat

Ce serait dans les pays de l’Est que «les gens se sont attachés à décorer les œufs, ce à quoi ils sont encore très attachés aujourd’hui», rappelle Nadine Cretin. Elle détaille : «il y a différentes techniques : le grattage, la peinture, ou la teinture». Les œufs, «sur lesquels on collait des feuilles» pour faire des motifs, étaient ensuite plongés dans une eau colorée avec de la peau d’échalote pour qu’ils ressortent rouge rouille ou dans de l’eau colorée aux épinards pour qu’ils soient verts. «Puis les gens se les offraient».

Il faut encore attendre quelques siècles avant que les friandises chocolatées fassent leur apparition dans les jardins. «Le chocolat arrive à partir du XVIIe siècle en France, mais c’est seulement au XIXe siècle que des boulangers ont l’idée de mouler les animaux symboles de Pâques en chocolat». C’est ainsi qu’en plus des œufs, des lapins, poules, poissons et cloches en chocolats sont disséminés dans les jardins. Soulignons que ces dérives gourmandes associées à Pâques, bien que profanes, ne sont pas du tout rejetées par l’Église.

Un autre grand symbole de Pâques chez les chrétiens est l’agneau pascal. Nadine Cretin précise : «Peu avant l’exode forcé des Hébreux vers la Palestine en 1300 avant Jésus Christ, lorsqu’ils résidaient encore en Égypte, l’ange exterminateur a prévenu Moïse que tous les bébés premiers-nés des Égyptiens allaient être immolés». Pour que leurs enfants soient épargnés, les Juifs devaient sacrifier des agneaux et décorer leur porte avec le sang des animaux. «Après ce sacrifice, l’agneau est resté au menu de Pâques», en plat principal mais également sous forme de gâteaux en Alsace, indique l’historienne. Elle conclut : «tous ces symboles, associés à la résurrection du Christ, sont aussi synonymes de la renaissance et de la vie».