«C’est le même combat» : la contre-manifestation de la gauche s’est muée en cortège pro-Palestinien

La place de la République ce dimanche est noire de monde. Ou plutôt, de toutes les couleurs selon les drapeaux brandis, verts pour les Jeunes écologistes, bleu et violet pour les Insoumis, bleu pour le syndicat étudiant Unef. Il est 15h et les discours successifs à la tribune viennent de prendre fin, quand d’un coup, un changement s’opère. Les pancartes contre Marine Le Pen et condamnant le RN s’abaissent, remplacés par une multitude de drapeaux palestiniens. Une partie des manifestants s’éparpille, l’autre se voit greffée de plusieurs centaines de militants pro-palestiniens revêtus de keffieh qui s’élancent boulevard de Magenta, en direction de Stalingrad, dans le nord de Paris.

Une manifestation pro-Palestine était bien déclarée ce dimanche à 15h au départ de la place de la République. Mais certaines personnes présentes à la manifestation contre le RN n’étaient pas au courant. Comme Arthur, qui pensait manifester contre l’extrême droite, mais se félicite de se retrouver dans ce cortège pro-palestinien. «Elle était prévue, celle-ci ?», demande-t-il amusé.

«Même combat»

Ce Martiniquais brandit un grand drapeau kanak - celui des indépendantistes de Nouvelle-Calédonie. Il lutte «contre la colonisation» sous toutes ses formes, y compris celle de son île natale. Dans le cortège se trouvent aussi des jeunes du Collectif de Belleville, qui occupèrent la Gaîté Lyrique pendant plus de 3 mois avant d’être expulsés. «C’est le même combat», commente un groupe de trentenaires. «Marine Le Pen, Netanyahou... Le fascisme tue en ce moment».

Le cortège pro-Palestine sur le boulevard de La Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris. EP / Le Figaro

«On a fait en sorte que les deux cortèges soient bien séparés», explique un membre des forces de l’ordre. Dans la réalité, de nombreuses personnes avaient prévu de faire les deux manifestations. Comme Nadia et Coralie. «Je revendique des valeurs humanistes. Des valeurs de gauche. De ma gauche à moi, que je ne retrouve dans aucun parti», explique Nadia, pour qui arrêter le «génocide» des Palestiniens devrait être la priorité de tous les partis, quels qu’ils soient.

Un autre groupe de trentenaires affirme aussi avoir été au courant de cette manifestation à la suite de la mobilisation de gauche, à partir d’une publication du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) qui avait communiqué sur les deux. Comme beaucoup d’autres manifestants, le groupe ne pensait pas arriver déjà à la fin des discours en rejoignant la place en début d’après-midi. Les Écologistes et LFI avaient donné rendez-vous à 13h.

Une forte présence policière encadre la manifestation pro-Palestine. EP / Le Figaro

Hormis ces Parisiens mobilisés contre «tous les fascismes», la majeure partie de ce deuxième cortège, keffieh en tête, est venue pour l’unique cause de la Palestine. Une femme avec sa petite fille, toutes deux vêtues aux couleurs de la Palestine des chaussures aux boucles d'oreilles, explique n’avoir «pas du tout suivi» l’affaire du procès de Marine Le Pen. «Je suis arabe», dit la femme en guise d’explication - du Maroc, plus précisément. Moustafa, lui, fanfaronnait depuis 13h perché sur la statue centrale place de la République, avec un cœur en peluche écrit : «Macron je te déteste de tout mon cœur», mais il affirme n’être venu que pour la Palestine. «Marine le Pen, ce n’est pas mon problème», explique cet ancien Gilet jaune, éboueur pour la mairie de Paris. 

Tout au long du cortège, des chariots remplis de drapeaux palestiniens, poussés par les vendeurs, se faufilent entre les tambours qui battent un rythme lugubre. Des femmes déambulent en silence, des poupées ensanglantées dans les bras. D’autres sont revêtues du costume de presse, pour dénoncer les journalistes tués et «ciblés» à Gaza. Sur les chars, des militants en keffieh réclament «la fin de l’occupation sioniste» et «la libération de tous les prisonniers». «Il faut rendre au peuple palestinien toutes ses terres ! Tous ses droits !».