Paris 2024 : Adidas Arena, Centre aquatique olympique, marina de Marseille... Un an après les Jeux, la promesse de l'héritage des sites pérennes est-elle tenue ?

Il y a un an, Paris et la France accueillaient les Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Dans une démarche plus responsable et économique, le Comité d'organisation des Jeux (Cojop) avait choisi d'utiliser des sites déjà existants ou de construire des stades temporaires. En dehors du village olympique, dont les travaux d'aménagement et de transformation en logements et bureaux touchent à leur fin cet été, seuls deux sites sont sortis de terre pour l'occasion, répondant surtout à un besoin local d'infrastructure : le Centre aquatique olympique (CAO) à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et l'Adidas Arena, porte de la Chapelle.

Les quatre autres ont été réhabilités pour accueillir les épreuves olympiques et paralympiques, avant d'être réaménagés en version héritage et devenir accessibles au grand public. Un an après les Jeux, franceinfo: sport a passé en revue les fonctionnements de chacun de ses sites.

Le Centre aquatique olympique fait déjà le plein

Reconnaissable entre mille avec sa toiture en bois incurvée, tout proche du Stade de France, le Centre aquatique olympique (CAO) est l'un des sites emblématiques des Jeux olympiques de Paris 2024. Après avoir notamment accueilli les épreuves olympiques de waterpolo, de plongeon et de natation artistique, le Centre aquatique olympique Métropole du Grand Paris, de son nouveau nom, s'est transformé pour recevoir tous les publics depuis le 2 juin dernier.

Plus de 20 000 personnes ont fréquenté l'installation de Saint-Denis sur le premier mois d’activité. "Nous constatons par ailleurs que la fréquentation des premiers jours de juillet est en nette hausse, avec une montée en puissance attendue tout au long de l’été", nous ont répondu les responsables du site. Au 15 juillet, celui-ci avait déjà fait mieux, avec près de 20 000 entrées sur l'ensemble du lieu. "Si l'on regarde nos prévisions, nous ambitionnons à l'horizon de 2027 ou 2028, d'accueillir environ un million de personnes sur l'année, soit une moyenne de 2 000 à 2 500 personnes par jour", a précisé auprès de franceinfo: sport Grégorie Lartigot, directeur délégué du CAO, qui se réjouit d'un début "très prometteur".

Vue générale de l'extérieur du Centre aquatique olympique (CAO), depuis son ouverture au public le 2 juin 2025. (Architecture : VenhoevenCS & Ateliers 2/3/4/ - Photo : Ossip van Duivenbode)
Vue générale de l'extérieur du Centre aquatique olympique (CAO), depuis son ouverture au public le 2 juin 2025. (Architecture : VenhoevenCS & Ateliers 2/3/4/ - Photo : Ossip van Duivenbode)

Dans la nouvelle configuration, l'infrastructure est composée de quatre bassins - un de natation, un de plongeon, un d'apprentissage et un aqualudique -, de neuf terrains de padel, de plusieurs espaces de fitness avec des cours de yoga et de Pilates, d'une salle d'escalade de 1 000 m2, de points de restauration et d'une recyclerie sportive. "Autant d’installations qui permettront la création de près de 50 emplois dont le recrutement sera fait en lien avec France Travail, Plaine Commune et la société d’exploitation Récréa", est-il écrit dans le dossier de presse d'avril 2025 portant sur l'héritage du bâtiment.

Vue générale de l'intérieur du CAO, depuis son ouverture au public. Il est notamment composé de plusieurs bassins, mais aussi d'une salle d'escalade et de terrains de padel. (Architecture : VenhoevenCS & Ateliers 2/3/4/ - Photo : Ossip van Duivenbode)
Vue générale de l'intérieur du CAO, depuis son ouverture au public. Il est notamment composé de plusieurs bassins, mais aussi d'une salle d'escalade et de terrains de padel. (Architecture : VenhoevenCS & Ateliers 2/3/4/ - Photo : Ossip van Duivenbode)

Pendant l'été, des stages de natation sont aussi proposés, et les écoles de natation seront ouvertes à la rentrée. Pas moins de 70 créneaux classes sont attendus par semaine dès le 15 septembre dans le cadre du programme "Savoir nager", un autre héritage des JO de Paris. Un projet essentiel alors que plus d'un enfant sur deux en Seine-Saint-Denis ne sait pas nager à son entrée en sixième, d'après une étude réalisée par l'académie de Créteil en 2021.

Respectant les normes internationales, le CAO accueillera aussi des grands événements, comme les championnats d'Europe de natation (du 31 juillet au 16 août 2026), avec une capacité maximale de 5 000 places. Enfin, l'équipe de France de plongeon, qui manquait d'infrastructures aux normes internationales pour s'entraîner, y a également posé ses valises depuis son ouverture. 

L'Adidas Arena, seule salle construite dans Paris

Seul site construit intra-muros, l'Adidas Arena a été le théâtre des épreuves de badminton, de la gymnastique rythmique, du parabadminton et de la parahaltérophilie lors des Jeux de Paris 2024. Depuis, ce stade blanc immaculé, situé Porte de la Chapelle (Paris 18e) ne cesse de vibrer. L'Adidas Arena est devenu la salle du Paris Basketball, devenu champion de France fin juin pour la première fois. Elle peut accueillir 8 700 spectateurs en simultané, et jusqu'à 9 000 en mode concert. Selon les chiffres transmis par la mairie de Paris, l'Adidas Arena a réalisé, depuis son ouverture le 11 février 2024 (hors JOP et évènements gratuits), 133 séances, soit l'équivalent de 755 000 billets vendus.

L'arrière du Paris Basket Tyson Ward, lors du match du championnat de France, face au JL Bourg Basket, le 4 juin 2025, à l'Adidas Arena, à Paris. (CYRIL LESTAGE / AFP)
L'arrière du Paris Basket Tyson Ward, lors du match du championnat de France, face au JL Bourg Basket, le 4 juin 2025, à l'Adidas Arena, à Paris. (CYRIL LESTAGE / AFP)

Cette salle est également composée de deux gymnases mis à disposition des athlètes pour l'échauffement et l'entraînement. Ceux-ci sont aussi utilisés de manière hebdomadaire, depuis le 4 novembre 2024, par des établissements scolaires ainsi que sept associations sportives, pour y pratiquer basket, badminton, volley, handball, gymnastique ou encore futsal. "Au total, 17 587 personnes ont fréquenté les gymnases pour un total de 4 519 heures de pratique [depuis son ouverture, chiffre arrêté au 10 juillet]", a précisé la mairie de Paris. Enfin, 2 000 m2 d'espace sont consacrés à des lieux de loisirs, de restauration et d’animations alors qu'une sensory room, pour l’accueil de personnes ayant des troubles du comportement ou autistiques, est également ouverte au public. 

La colline Elancourt, des épreuves olympiques à un lieu entièrement dédié au grand public

Son terrain escarpé et ses pentes ont offert l'une des plus belles émotions des Jeux de Paris avec le titre olympique de la vététiste Pauline Ferrand-Prévot. Depuis, le site, qui n'était qu'une décharge avant le début des travaux, a été réaménagé pour le public. Aujourd'hui, quatre pistes de VTT de différents niveaux, réparties sur 10 km, sont accessibles pour les vététistes amateurs et 12 km de sentiers sont ouverts à la promenade, la marche nordique, au trail ou encore à la course d’orientation.

La piste de BMX des JO, le Pumptrack, est en accès libre. Des sessions de découverte sont également proposées sur réservation, tout comme les séances de fitness (Pilate, yoga, crossfit, Qi Gong). La colline d'Elancourt est entièrement ouverte au grand public depuis le 17 mai dernier. "Plus de 4 500 personnes étaient présentes" lors de la journée d'ouverture, nous a indiqué l'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui précise aussi que le site étant ouvert à tous et gratuit, la fréquentation est difficilement quantifiable.

L'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines a par ailleurs signé une convention avec la Fédération française de cyclisme (FFC) pour accueillir des stages de l'équipe de France. Si aucun événement mondial n'est pour l'heure prévu sur la colline d'Elancourt, Saint-Quentin-en-Yvelines a toutefois déposé des dossiers de candidatures pour l'accueil de compétition, comme les championnats d'Europe en 2028 et du monde en 2030. 

Le stade nautique olympique de Vaires-sur-Marne,
un bassin unique en Europe

Il a été l'un des premiers sites olympiques à porter les couleurs de Paris 2024. Si la base nautique de Vaires-sur-Marne existe depuis 1991, le stade d'eaux vives a été construit en vue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, afin d'y accueillir les épreuves de canoë-kayak (ligne, slalom et kayak extrême) et d'aviron. Inauguré en juin 2019, ce complexe de 4 400 m2 est unique en Europe et même l'un des seuls au monde à réunir ces disciplines sur un même site. La Fédération française de canoë-kayak et des sports de pagaie y est installée administrativement depuis 2024, alors que le centre national d'entraînement de l'aviron français y a posé ses valises à la fin des Jeux de Paris. 

Cette photographie aérienne prise le 7 février 2024 montre une vue du site olympique de Paris 2024 à Vaires-sur-Marne, où se dérouleront les épreuves de kayak et d'aviron. (MARTIN BUREAU / AFP)
Cette photographie aérienne prise le 7 février 2024 montre une vue du site olympique de Paris 2024 à Vaires-sur-Marne, où se dérouleront les épreuves de kayak et d'aviron. (MARTIN BUREAU / AFP)

Dans la phase héritage, le stade nautique olympique a commencé sa nouvelle vie, partagé entre le haut niveau et l'accueil du grand public. Il continue d'accueillir des compétitions internationales, comme les championnats d'Europe de canoë-kayak slalom en mai dernier. Et les athlètes des deux fédérations ont à leur disposition ces infrastructures tout au long de l'année.

Plusieurs activités sont accessibles au grand public, au Stade nautique olympique de Vaires-sur-Marne, comme ici le rafting. (IDLVT)
Plusieurs activités sont accessibles au grand public, au Stade nautique olympique de Vaires-sur-Marne, comme ici le rafting. (IDLVT)

Pour le grand public, le site propose de nombreuses activités, pour tous les niveaux entre son lac et le stade d'eaux vives : catamaran, paddle et planche à voile pour le premier et kayak, canoë et rafting pour le second. Les amateurs de ces sports de glisse profitent d'ailleurs du site depuis l'inauguration en 2019, qui n'a pas connu d'aménagements post-JO particuliers, hors démontage des tribunes. 

La marina olympique au service des Marseillais 

L'air des Jeux de Paris 2024 s'est exporté jusqu'à Marseille (Bouches-du-Rhône). La marina olympique, renommée stade nautique Florence Arthaud en hommage à la navigatrice française, a servi d'écrin aux épreuves de voile, après la rénovation du bassin et du stade nautique du Roucas-Blanc et le réaménagement de la partie nord du parc balnéaire du Prado. "Plus de 7 000 m2 de bâtiments ont été construits. 17 000 m2 d'espaces extérieurs et six hectares de bassin ont également été réaménagés", rappelle le site de la cité phocéenne. Ces espaces sont ouverts au grand public tous les dimanches, depuis le 22 juin.

La Marina de Marseille, située sur la Promenade Georges Pompidou, dans le 8e arrondissement, accueille des élèves des écoles primaires de la ville afin de leur apprenddre à naviguer et à découvrir la biodoversité marine, comme ici, le 3 mars 2025. (MAXPPP)
La Marina de Marseille, située sur la Promenade Georges Pompidou, dans le 8e arrondissement, accueille des élèves des écoles primaires de la ville afin de leur apprenddre à naviguer et à découvrir la biodoversité marine, comme ici, le 3 mars 2025. (MAXPPP)

Depuis janvier 2025, la Marina propose aux élèves marseillais de s'initier aux disciplines nautiques ainsi que des ateliers de sensibilisation à la protection de la biodiversité marine. Cette année, 4 500 écoliers ont pu s'initier à la voile. La mairie souhaite que le dispositif bénéficie l'an prochain "à 9 000 enfants, soit l'entièreté des élèves de la ville dans cette tranche d'âge", a fixé la municipalité.

Hors pratique scolaire, des sessions de découverte et de stages (voilier collectif, planche à voile, wing foil, optimist, catamaran, etc.) sont également proposées aux enfants et adolescents âgés entre 4 et 17 ans, aux étudiants ainsi qu'aux séniors sur réservation. Des associations à destination des publics isolés accueillent aussi des groupes sur le site. Enfin, la Fédération française de voile y a installé son pôle d'excellence afin de préparer ses athlètes aux prochains rendez-vous internationaux. 

Le stade Yves du Manoir, haut lieu chargé d'histoire

Enfin, le stade Yves du Manoir a accueilli les épreuves de hockey sur gazon lors des Jeux de Paris 2024, cent ans après avoir accueilli les Jeux de 1924. Depuis, l'enceinte, propriété du département des Hauts-de-Seine, est devenue le berceau de la discipline. La Fédération française de hockey sur gazon s’y est d'ailleurs implantée de manière pérenne, comme le centre national d'entraînement de la fédération (utilisé pour la compétition et les entraînements). Des bureaux sont également occupés par la ligue d'Île-de-France, le comité départemental de hockey, et par un club résident, le Racing club de France Hockey 92 Colombes. 

Le stade Yves-du-Manoir, qui a servi de cadre principal aux Jeux olympiques de Paris en 1924, a accueilli les épreuves de hockey sur gazon lors des Jeux olympiques de Paris 2024. (MIGUEL MEDINA / AFP)
Le stade Yves-du-Manoir, qui a servi de cadre principal aux Jeux olympiques de Paris en 1924, a accueilli les épreuves de hockey sur gazon lors des Jeux olympiques de Paris 2024. (MIGUEL MEDINA / AFP)

En phase héritage, le stade Yves du Manoir se compose de deux terrains synthétiques de hockey avec une tribune de 1 000 places, deux salles de musculation, quatre terrains de foot et trois de rugby, tous en synthétique, et une nouvelle piste d'athlétisme. Les joueurs du Racing club de France Hockey 92 Colombes partagent le site avec des publics scolaires et universitaires, des associations et des clubs sportifs. "Environ 5 500 usagers utilisent le stade départemental Yves-du-Manoir chaque semaine, auquel il faut ajouter le public [lors des matchs]", a précisé le département des Hauts-de-Seine.