C’est une sortie de route dont se serait bien passé BYD, le géant chinois de la voiture électrique. Les autorités brésiliennes ont annoncé vendredi avoir ouvert une enquête pour « trafic international visant à l’exploitation » concernant des ouvriers chinois travaillant sur le chantier de la future usine d’assemblage de BYD dans le pays. En clair, l’entreprise chinoise Jinjiang, sous-traitant de BYD, est accusée d’avoir fait travailler 163 ouvriers chinois dans des conditions proches de l’esclavage.
Annoncée en grande pompe en octobre 2023, cette usine est la première du constructeur chinois en dehors d’Asie. Depuis, le constructeur a lancé la construction de sa première usine européenne à Szeged, en Hongrie, et annoncé une autre implantation en Turquie. Il envisage aussi une usine au Mexique. Un développement à outrance qui lui permet de concurrencer l’américain Tesla pour la place de numéro un du véhicule électrique dans le monde.
150 000 véhicules par an
L’arrêt du chantier brésilien fait forcément tache. Située dans la ville de Camaçari, à une cinquantaine de kilomètres de Salvador, la capitale de l’État de Bahia, dans le Nordeste brésilien, cette usine vise une capacité de production annuelle de 150 000 unités, et représente un investissement d’environ 570 millions d’euros. Les enquêteurs brésiliens évoquent des « conditions dégradantes » pour les ouvriers chinois, dormant dans des dortoirs sans matelas, avec une salle de bains pour 30 personnes et mal protégés contre le soleil, plusieurs d’entre eux présentant des problèmes de peau. De plus, leurs passeports avaient été confisqués par leur employeur, qui retenait 60 % de leur salaire.
Les autorités brésiliennes ont indiqué que BYD et son sous-traitant Jinjiang ont accepté de collaborer pour protéger les ouvriers, et consenti à régler l’hébergement dans des hôtels le temps que les négociations sur la rupture des contrats de travail soient conclues. De plus, BYD a annoncé avoir rompu le contrat avec la filiale brésilienne de Jinjiang sur ce chantier de Camaçari.
Le chantier de construction est aujourd’hui arrêté. L’usine devait entrer en production l’année prochaine. Le calendrier sera forcément plus difficile à tenir désormais.