Sparks et Hozier, albums de la semaine du Figaro
Sparks, Mad !
Plus de cinquante ans d’existence pour ce duo formé à Los Angeles par les deux frères Mael, Ron et Russell. Et pas le moindre signe d’usure : la fantaisie est toujours au rendez-vous sur ce 28e et délectable album. Il y a quatre ans, Sparks faisait l’événement avec Annette, film de Leos Carax présenté en ouverture de Cannes dont ils avaient écrit le scénario et composé la musique. Une poignée d’années auparavant, ils avaient fait alliance avec les Écossais de Franz Ferdinand le temps d’un disque et d’une tournée mémorables.
Et les voici qui se rappellent à notre (excellent) souvenir, cinq décennies après le tube This Town Ain’t Big Enough for the Both of Us. Cette fois-ci, les deux frères ne sont pas contents et ils comptent bien le faire savoir. La situation politique et sociale américaine les rend fous (Mad) et les pousse dans de nouveaux retranchements. Il en résulte des chansons provocantes, dystopiques, qui questionnent l’ordre établi. Il y a toujours eu un côté punk chez ces mélodistes qu’on a longtemps crus Anglais ! Leur excentricité sans doute.... Celle-ci est encore une fois à l’honneur sur cet album, leur premier pour l’écurie Transgressive Records. Guitares, synthés, arrangements riches, compositions à tiroirs, Mad ! possède toutes les qualités que l’on connaît à ces démiurges pop qui n’ont jamais eu peur de s’aventurer dans des territoires nouveaux. On se souvient du tube Singing in the Shower, partagé en 1988 avec nos Rita Mitsouko. Âgés respectivement de 79 et 76 ans, Ron et Russell Mael nous enchantent toujours.
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Hozier, Hozier
En 2014, Take Me to Church devenait un tube international alors que son auteur était encore un inconnu. On a appris depuis que le jeune Irlandais de 25 ans à la voix sidérante se produisait sous le nom de Hozier. Avec de forts accents gospel et une approche rock, le chanteur s’élevait contre les violences conjugales et l’homophobie, dans un pays où l’Église catholique joue un rôle très important. L’album qui suivit ce single inaugural obtint lui aussi un grand retentissement. Le voici réédité à la faveur de son 10e anniversaire.
Ce disque n’a rien perdu de son charme, bien au contraire. La production de Hozier, multi-instrumentiste doué, sonne toujours avec grâce et vigueur. Fils d’un musicien de blues irlandais, Hozier avait formé son premier groupe à l’âge de 15 ans, baignant dans des influences soul, citant Leonard Cohen et John Lee Hooker comme ses héros musicaux. Mais l’homme allait s’avérer être bien mieux qu’un « one-hit wonder ». Si la suite de sa carrière a été plus discrète, Hozier a continué d’enregistrer des chansons et de se produire sur scène. Ce premier album atteste de la vitalité de son inspiration, de sa singularité et du courage qu’il lui aura fallu pour mettre en pleine lumière un sujet qui fait encore débat dans la société : les violences liées à l’homophobie.