Euro féminin: Niveau, choix, avenir... Cinq questions après le nouvel échec des Bleues

Les Bleues battues en quarts, est-ce vraiment un échec ?

Oui. À cette même question avant France-Allemagne samedi (1-1, 5-6 aux tirs au but), la milieu Sandie Toletti avait déjà répondu par la positive. Les Bleues ont fait un pas de recul par rapport au dernier Euro, en 2022, où elles avaient atteint les demi-finales pour la première fois.

Le contexte du match, à savoir évoluer en supériorité numérique pendant plus de cent minutes, renforce le sentiment d’échec face à une équipe allemande qui n’avait rien d’insurmontable sur le papier, même à onze contre onze. La France aurait dû gagner. «Il y a des regrets», a reconnu le sélectionneur Laurent Bonadei au micro de TF1.

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Laurent Bonadei a-t-il convaincu ?

C’était un grand oui avant les quarts de finale. La France était alors sur une série de onze victoires consécutives toutes compétitions confondues, et était sortie la tête haute du groupe de la mort avec onze buts en trois matches, certes pas toujours maîtrisés. Laurent Bonadei dégageait une force tranquille, cochait les bons noms sur la feuille de match et n’était pas étranger au panache offensif des Bleues.

Mais l’ancien adjoint d’Hervé Renard est peut-être le principal responsable de cet effondrement face à l’Allemagne. Il assumait son choix d’emmener un nombre important d’attaquantes à l’Euro, pouvait piocher parmi des profils variés et a eu plus de cent minutes pour trouver la faille sur le plan tactique. En vain.

Sous contrat jusqu’en 2027, Bonadei cherche encore la recette qui permettra aux Bleues de franchir un cap sur l’aspect mental. «On va travailler pour briser ce plafond de verre», a-t-il promis samedi soir. Telle est sa mission qu’il n’a, pour l’instant, pas remplie.

Se passer de Renard et Le Sommer était-il une erreur ?

Faire ce reproche à Bonadei n’aurait aucun sens. L’absence de Wendie Renard (168 sélections) a permis à Alice Sombath et Thiniba Samoura, 21 ans chacune, de s’illustrer dans la charnière centrale des Bleues. De quoi conforter le sélectionneur dans sa justification, lui qui insistait sur «l’avenir»  de l’équipe de France en mai dernier.

Alice Sombath, ici face au pays de Galles, a marqué des points lors de l’Euro 2025. Denis Balibouse / REUTERS

Eugénie Le Sommer, détentrice du record de sélections (200) et de buts (94), n’était déjà plus une titulaire indiscutable. La concurrence était forte en attaque, l’ex-Lyonnaise en a fait les frais. Certaines mauvaises langues diraient que l’expérience et le riche palmarès en club de Renard et Le Sommer auraient évité une telle élimination.

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Ce serait faire l’impasse sur tous ces championnats d’Europe, Jeux olympiques et Coupes du monde où la France a failli, parfois dans des conditions similaires, même avec Renard, Le Sommer ou d’autres anciennes gloires (Bussaglia, Georges, Thiney...).

Y a-t-il du positif à tirer de l’Euro ?

Oui, quand même. Il serait injuste d’effacer les trois victoires des Bleues en phase de groupes, dont celle face à l’Angleterre (2-1), championne d’Europe en titre et au rendez-vous des demi-finales. Il convient de rappeler que Laurent Bonadei n’a pas encore fêté son premier anniversaire à la tête de la sélection.

Les premières pierres ont été posées, avec un système clair en 4-3-3 et un jeu débridé assumé. Ce formateur dans l’âme confiait au Figaro  prôner «un jeu de possession [...] où les joueuses ont une certaine liberté d’expression et peuvent oser des choses pour offrir du spectacle». Ça s’est vu, sauf contre l’Allemagne. Enfin, de jeunes joueuses (Samoura, Sombath, Jean-François, Malard, Baltimore...) ont eu des minutes et peuvent incarner un avenir teinté d’espoir. Seules deux des vingt-trois Françaises à l’Euro avaient plus de 30 ans.

Quelle est la prochaine échéance de l’équipe de France ?

Les Bleues ont trois mois pour nourrir un esprit de revanche. Car les 24 et 28 octobre, c’est à nouveau l’Allemagne qui sera au menu, en demi-finale de la Ligue des nations. Match aller de l’autre côté du Rhin, match retour à Caen. Les Bleues avaient signé un sans-faute (six victoires) pour s’inviter dans le dernier carré. L’autre demi-finale opposera la Suède à l’Espagne, qui avait dominé la France en finale de la première édition l’an dernier.