Le futur pavillon d’accueil du public devant l’Assemblée nationale fait polémique

À peine présenté, aussitôt critiqué. Au cours d’un week-end d’ouverture au public, les 21 et 22 juin, l’Assemblée nationale a dévoilé son futur pavillon d’accueil. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le bâtiment détonne avec la façade à péristyle de douze colonnes élevé sur un gradin de trente marches qui fait face à la Seine et à la place de la Concorde.

Accolé au côté droit du Palais Bourbon, s’élevant sur deux étages, il est doté de quatre gros tubes de verre qui représentent, selon l’argumentaire de l’Assemblée, « la forme de l’Hémicycle ». Sur une vue d’architectes, on devine des gens assis à l’intérieur dans un hall d’accueil ou d’autres dans ce qui pourrait être un café, à l’étage.

Sur les réseaux sociaux, certains amoureux du patrimoine s’étranglent devant cette « verrue », qui s’épanouira sur 4 000 mètres carrés, en 2028. « Sérieusement Yaël Braun-Pivet ? Vous envisagez de faire cela au Palais Bourbon ? », cingle Baptiste Gianeselli, internaute très actif sur les questions de défense du patrimoine. « Monument historique, patrimoine de l’Unesco ? Qu’importe ! La France se transforme en pays de l’abus et de l’arbitraire ! », ne craint pas d’affirmer de son côté, Paris Héritage.

Le nouvel édifice se placera directement à l’ouest de la façade principale qui donne sur la Seine. Moatti-Rivière

Si le projet a émergé au grand jour le 22 juin, la décision de lancer un concours d’architecture a été prise en 2023, à l’initiative de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avec l’accord des questeurs. L’agence d’architecture Moatti-Rivière, lauréate, a été désignée en juin 2024 et le projet a été approuvé par le bureau de l’Assemblée, dans la foulée.

Officiellement, il s’agit de moderniser le pavillon d’accueil, qui voit défiler près de 200 000 visiteurs par an, journalistes parlementaires, public scolaire, groupes en visites guidées ou passionnés venant assister aux séances de questions au gouvernement. Ils devaient jusque-là passer par un petit bâtiment XIXe, construit à la suite d’un attentat contre Jules Ferry en 1887 dans la Grande rotonde.

Cafétéria, boutique et vestiaires

Interrogée, l’Assemblée nationale met aujourd’hui en avant la nécessité de mieux accueillir ces publics en leur offrant des espaces de médiation sur les mécanismes et l’histoire de la démocratie parlementaire. « Le projet s’inscrit dans une politique d’ouverture de l’Assemblée nationale lancée en 2022, et qui rencontre un grand succès public », indique la présidence, ajoutant que le nouvel accueil, pompeusement dénommé L’à-venir, permettra de doubler la capacité d’accueil, d’offrir cafétéria, vestiaires, salle pour les groupes scolaires et boutique, ainsi qu’une accessibilité pour les handicapés.

Le nouveau bâtiment comprend une cafétéria installée à l’étage d’après le projet retenu du cabinet Moatti-Rivière. Moatti-Rivière

Selon l’Assemblée nationale, l’architecte des bâtiments de France a bien été consulté en amont du projet. Et n’aurait rien trouvé à redire. Le pavillon XIXe, n’est pas classé et peut donc être rasé. Le nouvel ensemble respecte les règles de hauteur et de profondeur. Il s’agirait donc qu’une querelle esthétique, comme Paris en connaît tant.

Mais le monument à colonnade, pendant de l’église de la Madeleine, se trouve dans un site patrimonial remarquable, lui-même soumis à un plan de sauvegarde et de mise en valeur. La zone est par ailleurs classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Une demande de permis de construire a été déposée le 16 juin, et les travaux démarreront lorsqu’il aura été accordé. D’ici là, on pressent que les querelles ne seront pas qu’esthétiques, et que les associations vont fourbir leurs armes.

Une large partie des nouveaux espaces seront construits en sous-sol avec notamment une galerie d’exposition. Moatti-Rivière