Inde-Pakistan : au moins 43 morts dans leur pire affrontement depuis 20 ans

Видео по теме

L'Inde et le Pakistan ont échangé des tirs d'artillerie, mercredi 7 mai, après des frappes de missiles indiennes dans la nuit, faisant au moins 31 morts côté pakistanais et 12 côté indien. C'est la plus grave confrontation militaire entre les deux puissances nucléaires depuis deux décennies.

Depuis que des tireurs ont abattu 26 personnes à Pahalgam, au Cachemire indien le 22 avril, le feu couvait entre les deux pays d'Asie du Sud, rivaux depuis leur partition en 1947.

L'escalade des tensions a viré à l'affrontement militaire dans la nuit – déclenchant aussitôt les propositions de médiation de Pékin et de Londres, tandis que l'UE, l'ONU, Moscou, Washington et Paris appelaient à la retenue.

"Je veux qu'ils arrêtent. Et j'espère qu'ils peuvent arrêter maintenant", a déclaré le président américain Donald Trump à Washington.

Accusations croisées

Les deux armées ont échangé des tirs d'artillerie le long de leur frontière contestée au Cachemire, après des frappes indiennes sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat de Pahalgam.

Le ministre indien de la Défense Rajnath Singh a répété que ces frappes n'avaient visé que des "camps terroristes" soigneusement identifiés pour "éviter la population ou des secteurs civils".

L'Inde a affirmé avoir détruit neuf sites présentés comme abritant des membres du groupe islamiste Lashkar-e-Taiba (LeT), auquel elle attribue la responsabilité de l'attentat au Cachemire indien, qui n'a à ce jour pas été revendiqué.

New Delhi accuse le Pakistan de soutenir le LeT, ce qu'Islamabad nie fermement.

Les missiles indiens qui ont plu sur six villes au Cachemire et au Pendjab pakistanais et les échanges de tirs qui ont suivi ont fait 31 morts et 57 blessés, selon un dernier bilan de l'armée pakistanaise. Un précédent bilan faisait état de 26 civils tués.

À lire aussiAsim Munir, le pieux chef des armées pakistanaises prêt à l'affrontement avec l'Inde

Un porte-parole de l'armée pakistanaise a déclaré mercredi soir que l'augmentation du nombre de morts était due "aux tirs non provoqués de l'Inde sur la ligne de démarcation et aux violations du cessez-le-feu".

L'armée a ajouté que les frappes indiennes avaient également endommagé un barrage hydroélectrique au Cachemire.

"Nos ennemis pensaient nous attaquer dans l'obscurité, en se cachant, mais ce fût un échec", a dit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif lors d'une session extraordinaire du Parlement.

Une extension de votre navigateur semble bloquer le chargement du lecteur vidéo. Pour pouvoir regarder ce contenu, vous devez la désactiver ou la désinstaller.

© France 24

Son ministre de la défense, Khawaja Muhammad Asif, a accusé le Premier ministre indien Narendra Modi d'avoir mené les bombardements pour "renforcer" sa popularité, ajoutant qu'Islamabad "ne tarderait pas à régler ses comptes".

Le Pakistan affirme avoir "abattu cinq avions indiens" dans l'espace aérien de son voisin, tandis qu'une source sécuritaire indienne a indiqué à l'AFP que trois chasseurs de l'armée de l'air indienne se sont écrasés pour des raisons qui n'ont pas encore été précisées.

Funérailles

L'Inde, elle, recense 12 morts et 38 blessés dans le village cachemiri indien de Poonch, cible de nombreux obus pakistanais, selon des journalistes de l'AFP.

"Nous avons été réveillés par des tirs [...], j'ai vu des obus tomber", a rapporté à l'agence Press Trust of India (PTI) un habitant de Poonch, Farooq.

De violentes explosions ont aussi secoué plus tôt dans la nuit les alentours de Srinagar, la principale ville de la partie indienne du Cachemire.

De l'autre côté de la frontière de facto au Cachemire, Mohammed Salman, qui vit près d'une mosquée visée par des missiles indiens dans la grande ville de Muzaffarabad, a raconté à l'AFP la "panique partout". "Il y a eu des bruits terribles dans la nuit", rapporte-t-il. 

Dans la région, les funérailles des victimes ont commencé. À Muzzaffarabad, des dizaines de Pakistanais, tête baissée autour d'un cercueil en bois, sont venus rendre un dernier hommage à une victime.

Une extension de votre navigateur semble bloquer le chargement du lecteur vidéo. Pour pouvoir regarder ce contenu, vous devez la désactiver ou la désinstaller.

© France 24

Sur le site d'une frappe, les observateurs militaires des Nations unies déployés dans la zone disputée inspectaient les dégâts.

Le Comité de la sécurité nationale, convoqué uniquement pour les urgences extrêmes à Islamabad, a réclamé que le monde fasse "rendre des comptes" à l'Inde, tandis que son allié, Ankara, a pointé du doigt New Delhi.

"L'attaque conduite la nuit dernière par l'Inde fait courir le risque d'une guerre totale", a dit le ministère turc des Affaires étrangères.

Le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar a, lui, multiplié les appels téléphoniques avec le Japon, la France, l'Allemagne et l'Espagne pour justifier les frappes.

Avec AFP