«Premier ministre à mi-temps» : le choix de François Bayrou de rester maire de Pau suscite la polémique

François Bayrou joint l’acte à la parole. En 2022, celui qui était alors haut-commissaire au Plan, disait tout le mal qu’il pensait de l’interdiction du cumul des mandats. «On a rompu tout lien entre la démocratie locale et la démocratie nationale», critiquait-il dans les colonnes du Point . Désormais premier ministre, il compte rester maire de Pau (Pyrénées-Atlantiques) selon une source gouvernementale, ville qu’il dirige depuis dix ans. Le locataire de Matignon est dans son droit. Aucun texte n’oblige un Premier ministre à démissionner de son mandat de maire. L’article 23 de la Constitution interdit seulement le cumul d’une fonction de ministre avec un mandat "parlementaire".

Sur France Bleu, son premier adjoint Jean-Louis Péres a jugé «souhaitable» qu’il conserve ce mandat local qui permet de «résoudre les questions que se posent les Français» avec «du très concret». François Bayrou met à mal l’usage en vigueur depuis l’élection de François Hollande, voulant que les ministres démissionnent de leurs mandats exécutifs locaux pour se consacrer pleinement à leur tâche. Le président du MoDem prend ainsi le contre-pied de ses prédécesseurs à Matignon Jean-Marc Ayrault, Édouard Philippe et Jean Castex, qui avaient laissé leurs fauteuils de maire de Nantes, Prades et Le Havre à leurs suppléants. 

Conseil interministériel de crise sur Mayotte

En pleine crise à Mayotte, et après une journée passée à consulter les forces politiques, François Bayrou se rendra donc ce soir à Pau pour présider le conseil municipal prévu à 19H. Il est prévu que l’édile «ouvre la séance par sa chronique des actualités et échange avec les élus sur ces thèmes», avant d’examiner une trentaine de dossiers, dont celui du budget de la commune pour 2025. Un déplacement qui suscite de nombreuses réactions, alors que le premier ministre est censé assister à distance à 18H au conseil interministériel de crise (CIC) sur Mayotte, dévasté par le cyclone Chido.

«Manque de Pau pour Mayotte, nous avons un premier ministre à mi-temps», a ironisé Guillaume Bigot, député RN du Territoire de Belfort. «Monsieur Bayrou, le conseil municipal de Pau pourrait se passer de votre présence ce soir eu égard à la situation à Mayotte», lui a suggéré le député LR de Meurthe-et-Moselle, Thibault Bazin. «Mayotte dévastée, pas le début d’une once de gouvernement, loi spéciale à l’Assemblée nationale et petit tour en jet à Pau pour Bayrou», s’est indignée la députée LFI Zahia Hamdane, qui feint de s’interroger : «Y a-t-il un pilote dans l’avion ?»