Six Nations : France-Écosse, les Bleus à une victoire de remporter le Tournoi

À portée de mains. Encore 80 minutes d’efforts, de plaquages et de déblayages, d’autorité et de maîtrise à la réception des ballons hauts (ce serait bien de régler enfin cette fragilité), de courses folles le long de la ligne de touche et de relances irrésistibles à cent passes au moins. On exagère ? Bien sûr. Mais ce XV de France a tellement marqué ce Tournoi de son empreinte offensive qu’on en rajoute. Si ce n’est les ratés – dont les Bleus n’ont pas fini de se mordre les doigts – à Twickenham, ces en-avant grossiers pour, au moins, quatre essais laissés en route, les hommes de Fabien Galthié ont illuminé la compétition de leur allant offensif.

Quarante-trois points inscrits contre les Gallois, 73 (un record) en Italie, 42 (une première) à Dublin. En quatre rencontres, les Bleus ont tout emporté : 183 points et 26 essais inscrits. Cette dernière balise la performance offensive. Seule une équipe a fait mieux, l’Angleterre en 2001, avec 29 ballons aplatis sur la route la menant au titre mondial deux ans plus tard (tiens, tiens...). Pas impossible que la France fasse mieux ce samedi soir. Pour valider sa volonté de jouer, de produire un rugby spectaculaire, de répondre aux attentes (un brin hypocrites, les décisions arbitrales ne suivent pas vraiment ce souhait en ne privilégiant pas l’équipe qui ose…) de World Rugby, qui promeut un jeu attrayant à même de remplir les stades, de décupler les audiences.

«Le risque de relâchement est permanent»

Les supporteurs français, eux, sont ravis de voir leur équipe faire feu de tout bois. Destruction massive devant, avec ce banc à sept avants qui effraie chaque adversaire européen, et cavalcade aérienne derrière. Les deux se mélangeant parfois pour des actions saluées par les plus glorieux anciens. Tout semble réuni, donc, pour que Grégory Alldritt, capitaine par intérim, et ses coéquipiers soulèvent le trophée. En compagnie d’Antoine Dupont qui, malgré sa rupture d’un ligament du genou droit, malgré les élancements tant physiques que moraux, a souhaité rester auprès de ses frères d’armes toute la semaine pour les accompagner, les rassurer, les guider.

Que peut-il arriver à ce XV de France flamboyant qui pourrait l’empêcher de remporter enfin le Tournoi, un sacre qui se raréfie depuis 2010 avec le seul Grand Chelem de 2022 ? Une simple victoire l’assurerait du titre, la condition pour l’en priver étant une impossible tornade anglaise à Cardiff, un succès avec 86 points d’écart. Il suffit donc de battre l’Écosse. De ne pas se prendre les pieds dans le tartan face au fantasque Finn Russell et ses braves des Highlands. Objectif à portée de mains et de pieds, les Bleus ayant remporté quatre des cinq dernières confrontations.

Par habitude, on sait cependant que deux maux guettent les Bleus : la pression et la décompression. Le trac au moment de conclure. La baisse de vigilance quand on se persuade que le plus dur a été fait, en l’occurrence il y a une semaine en Irlande. «Le risque de relâchement est permanent, consent Fabien Galthié. On est latins, c’est dans notre génétique. Mais j’ai toujours un warning là-dessus et je ne lâcherai pas les joueurs.» Le sélectionneur a déjà choisi la corde sensible qu’il va tirer. «La présence d’Antoine dans les murs avec nous et son absence sur le terrain vont nourrir notre détermination. Sa blessure nous a marqués Gagner, aussi, pour offrir la plus joyeuse des consolations au meilleur joueur du monde, privé de cette finale.