Attentat de la rue des Rosiers: procès aux assises requis contre six personnes, dont Abou Zayed
Dans un communiqué, le ministère public a indiqué demander un procès pour assassinats devant la cour d'assises spéciale pour trois hommes suspectés d'avoir été sur place le jour des faits.
Pour Abou Zayed, 66 ans, principal suspect entre les mains de la justice, suspecté d'être l'un des tireurs de l'attentat et détenu en France depuis fin 2020.
D'après ces réquisitions dont l'AFP a eu connaissance mercredi, le Pnat demande également un procès pour Hicham Harb, 70 ans, qui aurait supervisé l'attentat et aurait été tireur, et pour Nizar Tawfiq Hamada, 63 ans, accusé d'avoir été l'un des exécutants et membre du commando.
Trois hommes risquent de leur côté un procès pour complicité d'assassinats: H. T., 65 ans, mis en examen en avril car soupçonné d'avoir caché des armes à l'époque, actuellement sous contrôle judiciaire et qui conteste les faits; mais aussi Amjad Atta, âgé d'environ 72 ans, accusé d'avoir planifié de l'attentat, ou encore Nabil Othmane, 72 ans, mis en cause pour la préparation concrète de celui-ci.
Hicham Harb, Nizar Tawfiq Hamada, Amjad Atta et Nabil Othmane font l'objet de mandat d'arrêt. Les deux premiers sont localisés en Cisjordanie, tandis que la justice française situe les deux derniers respectivement en Jordanie et au Koweït.
Le Pnat relève que d'autres personnes ont pu être impliquées "à divers degrés" mais certaines sont décédées tandis que les charges se sont avérées insuffisantes pour d'autres.
"Bricolage"
La décision finale sur un procès revient au juge antiterroriste saisi du dossier, qui a comme date butoir début août pour rendre son ordonnance.
S'il la rend ultérieurement, Abou Zayed pourrait comparaître libre.
Le 9 août 1982, six personnes ont été tuées et 20 blessées dans l'explosion d'une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg puis dans une fusillade dans le quartier du Marais, perpétrée par un commando de trois à cinq hommes.

L'attentat a été attribué au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d'Abou Nidal, groupe palestinien dissident de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Abou Zayed, extradé de Norvège fin 2020 et incarcéré, est "expressément désigné comme l'auteur des assassinats et tentatives d'assassinats, de manière constante et concordante depuis près de 14 ans par plusieurs témoins", même s'il est mis hors de cause par deux autres hommes, souligne la procureure antiterroriste dans le document de 458 pages.
Il conteste les faits.
Pour Me Romain Ruiz et Bruno Gendrin, ses avocats, "ce réquisitoire est un bricolage dangereux, fait de portraits-robots vieux de 40 ans, de témoignages incohérents et de notes de renseignements bancales. Le Pnat est manifestement prêt à sacrifier toute forme d'exigence probatoire pour obtenir un procès à tout prix".
S'agissant d'H. T., le Pnat considère "démontré" qu'il a été "l'un des principaux responsables des caches d'armes à l'époque des faits".
Ses avocats, sollicités par l'AFP, n'ont pas commenté dans l'immédiat.
"Acharnement"
Le ministère public estime que les expertises menées ont souligné "la similarité parfaite" entre les armes et munitions retrouvées sur les lieux et au bois de Boulogne avec celles saisies "lors d'attentats formellement attribués à ce groupe terroriste à Londres, Rome, Athènes et Bruxelles".

L'attentat "relève sans conteste d'une volonté de faire régner la terreur" comme "en atteste l'acharnement du commando à faire le plus de victimes possibles dans un lieu touristique réputé fréquenté par la communauté juive française et internationale", insiste encore le Pnat.
"C'est un sentiment partagé pour les parties civiles aujourd'hui, entre l'immense soulagement de savoir que la République n'abandonne pas ses victimes, malgré les années passées, les errements de la justice et des politiques, et le regret de constater que c'est un procès incomplet qui s'annonce, avec plusieurs accusés réfugiés à l'étranger", a réagi auprès de l'AFP Romain Boulet, avocat d'une fille d'une victime.
Un autre avocat, Me Vincent Brengarth, a salué le "travail très minutieux accompli" et indiqué que son client, le fils d'une autre victime, "espère que le procès répondra à ses attentes".