Qui sont les plus gros producteurs de cuivre au monde, dans le viseur des droits de douane de Donald Trump ?

Le cuivre a flambé mardi 8 juillet à la Bourse de New York, atteignant un nouveau record à plus de 5,89 dollars la livre, soit une hausse de près de 10% en séance. Cette envolée spectaculaire a été déclenchée par une nouvelle déclaration choc de Donald Trump. Le président américain a annoncé qu’il envisageait d’imposer un droit de douane de 50% sur les importations de cuivre, dans l’espoir de voir s’installer des usines sur le sol américain. Tandis que les cours se sont envolés outre-Atlantique, ils ont reflué à Londres de 1,8% et de 0,5% à Shanghaï, reflet de l’incertitude croissante autour des flux mondiaux de ce métal rouge.

Car avec ce tarif punitif, Donald Trump vise directement les plus gros producteurs de cuivre de la planète. Selon les données de la Direction générale du Trésor français et de l’Institut d’études géologiques des États-Unis, le Chili en est le premier producteur mondial. Le pays d’Amérique du Sud a extrait 5,3 millions de tonnes de cuivre en 2023, représentant à lui seul 24% de la production mondiale. Le Pérou suit avec 2,6 millions de tonnes, juste devant la République démocratique du Congo (2,5 millions), la Chine (1,7 million) et les États-Unis (1,1 million).

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La nervosité des marchés après les déclarations de Donald Trump s’est aussi traduite par des replis boursiers marqués dans le secteur minier. À Hong Kong, l’action du géant chinois Zijin Mining Group a reculé de 3,5%, celle de Jangxi Copper de 2,8%. Hindustan Copper a chuté de 3% en Inde. En Australie, BHP et Sandfire Resources ont aussi été pénalisés, tout comme Glencore en Europe. Une surtaxe américaine inciterait en effet ces entreprises à rediriger leurs exportations vers l’Asie ou l’Europe, quitte à bouleverser l’équilibre actuel du marché mondial.

Inquiétude des industriels

Si la réaction est aussi vive, c’est que le cuivre est devenu, ces dernières années, un matériau hautement stratégique. Il est omniprésent dans les technologies liées à la transition énergétique : véhicules électriques, batteries, panneaux solaires, réseaux de transport d’électricité, éoliennes terrestres et offshore. Mais l’offre peine à suivre. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les mines actuellement en exploitation, ainsi que les projets censés entrer en production d’ici la fin de la décennie, ne permettront de couvrir que 70% de la demande mondiale en 2030. Sur la même période, la demande de cuivre devrait être multipliée par 1,5. La pression est donc immense sur les producteurs.

Dans ce contexte de forte tension sur l’offre, la sortie de Donald Trump a de quoi inquiéter les industriels. Elle intervient alors que les États-Unis dépendent encore largement des importations pour couvrir leurs besoins, malgré des projets de relance minière à l’échelle nationale. Le projet Resolution Copper, en Arizona, porté par Rio Tinto et BHP, est toujours bloqué par des recours environnementaux, tout comme celui de Twin Metals dans le Minnesota. Et même si ces projets aboutissent, leur mise en service pourrait prendre une décennie.

L’Europe, de son côté, reste largement en retrait dans cette course aux ressources critiques. À l’exception de la Pologne, qui représente environ 2% des réserves mondiales de cuivre. La France n’exploite, quant à elle, aucune mine de cuivre à ce jour, malgré plusieurs gisements identifiés en Bretagne et dans le Massif central par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). En mettant le cuivre au cœur de sa stratégie industrielle, Donald Trump relance de fait la guerre commerciale. Après l’acier, l’aluminium ou encore les semi-conducteurs, c’est au tour du métal rouge de devenir un levier politique pour le locataire de la Maison Blanche.