PSG : Donnarumma égratigné, Safonov dans les starting-blocks... Le jeu dangereux de Luis Enrique

«Peut-être que oui, peut-être que non.» C’était la réponse de Luis Enrique vendredi, après PSG-Toulouse (3-0), à la question de savoir si Matfey Safonov peut bousculer la hiérarchie au poste de gardien de but du PSG. Une réponse en français. «Vous avez vu, je suis meilleur en français, hein ? C’est l’accent de Versailles, pas de Saint-Germain»s’est-il amusé. Sauf que le sujet ne doit pas beaucoup faire rire Gigio Donnarumma. Recruté pour 20 M€ à Krasnodar l’été dernier, Safonov a dû attendre que le portier international italien (70 sélections) soit forfait pour disputer ses premiers matchs sous les couleurs parisiennes. Contre Gérone (1-0) en Ligue des champions, et face à Reims (1-1) et Rennes (3-1) dans le cadre du championnat de France. Mais contre Lens (1-0) le 2 novembre et face à Toulouse, vendredi, Donnarumma était apte. C’est néanmoins le gardien de l’équipe de Russie (13 sélections) qui a joué.

Après Lens, Luis Enrique avait justifié la titularisation de Safonov en ces termes : «Je savais qu’on aurait beaucoup de difficulté en raison du pressing de Lens, un pressing très haut, le seul joueur libre dans ce cas, c’est le gardien». En clair, le coach espagnol voulait jouer à 11 avec le ballon, et pas à 10 comme quand Donnarumma est dans le but. C’est du moins ce qu’on comprend en lisant entre les lignes. À la question de savoir si cela veut dire que Safonov est meilleur que son rival au pied, la réponse a fusé : «Non.»

Obsession

Après avoir allumé un feu qu’on croyait éteint depuis le départ de Keylor Navas, celui de la concurrence souvent néfaste entre les gardiens, le coach espagnol a pris le soin de rappeler son «obsession», à savoir «que tous les joueurs puissent jouer. Je veux qu’il y ait Safonov autant préparé que Gigio ou Arnau (Tenas) pour jouer à tout moment. C’est le cas pour les gardiens mais aussi pour tous les autres postes. Je travaille à cela au quotidien. Parfois j’y arrive, parfois non. Mais j’aime cela, j’aime voir les joueurs prêts». Il avait ajouté que le Russe «a permis de générer une certaine supériorité (face aux Sang et Or), il a été très bon. Je suis très content de sa performance».

Matfey Safonov a réussi a réussi 19 de ses 21 passes contre Toulouse, vendredi. Federico Pestellini / PANORAMIC

Supérieur au pied à Donnarumma mais pas spécialiste dans ce registre non plus, Safonov avait toutefois raté 12 passes face à Lens. «La supériorité est générée quand un adversaire impose une grosse pression dans la moitié de terrain adverse. Mais l’adversaire doit attaquer le gardien et ça permet de laisser un joueur libre sur le terrain. La majeure partie du temps, on a trouvé des solutions et ça s’est transformé en occasion de but. Safonov n’a commis aucune erreur. Parfois, c’est un peu plus précis, savoir si l’attaquant reçoit ou non le ballon n’a pas trop d’importance. Mais Safonov est un joueur très complet et je crois qu’on a fait un très bon match dans ces situations de jeu difficiles»avait rétorqué Luis Enrique, qui a néanmoins choisi Donnarumma contre l’Atlético (1-2) et à Angers (1-1). Et contre Toulouse ? À la question de savoir s’il s’agissait d’un choix tactique également, «Lucho» a répondu «oui». Dont acte. Ça veut donc dire qu’il estime le Russe meilleur que l’Italien dans certaines situations, dans certains registres, certains aspects.

Clairement, le statut de numéro 1 de Gigio Donnarumma est égratigné. Il faut dire que l’ancien Milanais ne fait rien pour le solidifier. Très fort sur ses points forts, les arrêts sur sa ligne, et très faible sur ses points faibles, domaine aérien, jeu au pied et lecture, il ne progresse pas depuis son arrivée sur les bords de la Seine, en 2021. Ou si peu. Et il a souvent failli en Ligue des champions. En Ligue 1, pas de souci, les adversaires du Paris-SG n’ont pas les moyens de mettre en lumière ses défauts. Ils sautent aux yeux en «Champions’». D’ailleurs, il était fautif en 2023 contre le Bayern (0-1), au Parc.

Je viens à Paris pour me battre

Matfey Safonov

Pendant ce temps-là, Matfey Safonov attend son tour. Pas de déclaration tapageuse, pas de vague pour celui qui disait, l’été dernier, qu’il «ne (se voit) pas» comme un numéro 2. «Je viens à Paris pour me battre. Si je commence la saison sur le banc, ce ne sera pas facile pour le numéro 1», annonçait-il. Vendredi, il a réalisé une prestation intéressante. Il est vrai face à une équipe toulousaine un poil moins dangereuse que le Bayern le sera ce mardi. À son crédit, une intervention aux poings pleine d’autorité en première période et une double parade en fin de partie. «Pour moi, ce n’était pas difficile, j’avais des arrêts à faire, je les ai faits, c’est normal», minimise-t-il sur TF1. Pour le reste, il a réussi 19 de ses 21 passes, et 100% de ses relances à la main (4/4). Pas grand-chose à lui reprocher, en clair. Même si encore une fois, l’opposition n’était, sans manquer de respect aux Toulousains, pas très forte.

Il n’en demeure pas moins que le débat est de retour au poste de gardien. Au vu des performances de Donnarumma en C1, ce n’est pas volé. Sauf que Safonov, recruté à prix d’or, n’apporte pas toutes les garanties. Et encore moins dans le registre dont aurait besoin Luis Enrique, qui prend ainsi le risque de fragiliser ses deux gardiens. Et de tout perdre… Un jeu risqué, auquel se sont livrés certains de ses prédécesseurs au PSG, à l’image de Mauricio Pochettino avec Keylor Navas et Gianluigi Donnarumma, déjà. La concurrence, c’est bon à tous les potes, mais pas celui-là. On le sait bien...

Interrogé en conférence de presse lundi, Luis Enrique n’a donné strictement aucune indication. Et le Portugais Vitinha a visiblement décroché un passeport suisse : «C’est vrai qu’il (Safonov) a joué, il était bien, et l’équipe est heureuse de cela. Tous les joueurs sont concernés et actifs dans le groupe. Ça fait du bien à l’équipe. Après, pour ce qui est de savoir qui de Arnau (Tenas), Gigio (Donnarumma) ou Safonov jouera, il faut voir avec le monsieur qui vient après moi (Luis Enrique)», s’est amusé le milieu parisien

Donnarumma, une prolongation en suspens

Quid de la prolongation de l’Italien, sous contrat que jusqu’en 2026 ? En début de saison, on en parlait, comme de celle d’Achraf Hakimi. Le Marocain a prolongé. Rien à l’horizon pour l’Italien. «Il a encore deux ans de contrat, il n’y a donc pas d’urgence. Il y a déjà eu des discussions. De notre côté, il y a toujours eu le désir de rester. Gigio est le symbole en sélection. Il pourrait en devenir un au PSG», disait récemment son agent, Enzo Raiola, pour Tuttosport. «Il est heureux au PSG et le PSG est content de lui», nous assure une source proche du club, se gardant bien de confirmer des discussions en cours mais évoquant son «optimisme» quant à une signature, à terme.

Au club depuis 2021, Gigio Donnarumma a disputé 125 matchs avec le PSG. Manon Cruz / REUTERS

Malgré les critiques, Donnarumma, qui avait été très secoué après son cambriolage en 2023, reste un gardien «top niveau mondial», nous assure-t-on. «Je n’ai pas de doute quant au fait qu’il va rester», glisse encore cette source. Dans tous les cas, le Paris Saint-Germain ne peut pas être perdant, le joueur de 26 ans étant arrivé libre en 2021. Une prolongation pourrait aussi servir à faire grimper sa valeur en cas de transfert. Une chose est sûre : les discussions seraient de nature bien différente entre les parties concernées si Luis Enrique reléguait le champion d’Europe 2021 sur le banc pour un match d’envergure, comme ce mardi. Et encore plus si l’intéressé devait s’accommoder d’un statut de doublure sur la durée… On n’en est pas encore là, mais le choix du coach parisien ce mardi et dans les semaines à venir sera scruté avec attention. Comme les performances du gardien qu’il choisira…