À Paris, la droite européenne place la défense et la compétitivité en tête de ses priorités
Les Républicains n’ont pas manqué l’occasion de célébrer la droite européenne jeudi au Sénat, où le Parti populaire européen, première force politique du Parlement européen, réunissait ses élus issus des vingt-sept pays de l’UE, durant deux journées parlementaires à huis clos, fortement marquées par l’actualité internationale. Alors que parallèlement, l’Élysée organisait son sommet de la «coalition des volontaires» à Paris, dans le but de finaliser des «garanties de sécurité» pour l’Ukraine au moment où les États-Unis négocient avec la Russie un cessez-le-feu, les élus de la droite européenne ont placé la compétitivité et la défense en tête de leurs priorités. Ils étaient reçus la veille par Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur. Durant ces trois journées parisiennes du PPE, outre le chef de la délégation française au Parlement européen François-Xavier Bellamy et le président du Sénat Gérard Larcher, la centaine de participants a pu entendre les ministres Annie Genevard et Bruno Retailleau mais aussi l’ex-premier ministre Michel Barnier et le maire DVD de Versailles, François de Mazières.
«Nous venons ici avec la première force politique européenne», souligne François-Xavier Bellamy, qui occupe aussi le poste de vice-président du PPE, aux côtés du président allemand Manfred Weber. Le député européen rappelle que le groupe PPE représente aussi la majorité au sein du Conseil européen comme au sein du collège des commissaires. «C’est la force politique qui va faire l’avenir de l’Europe dans les prochaines années. C’est, pour nous, une immense responsabilité», insiste François-Xavier Bellamy, avant de souhaiter que la droite française soit bientôt en capacité de se «reconstruire» pour consolider le dialogue franco-allemand, «moteur» européen.
«Sortir de l’impuissance»
Ce rassemblement est organisé au moment où les eurodéputés prennent connaissance des premiers textes législatifs considérés comme les urgences du PPE : simplification et compétitivité pour les entreprises, défense, sécurité mais aussi immigration. «Nous voulons favoriser les expulsions, dans toute l’Europe, des personnes entrées illégalement sur le sol de nos pays. C’est grâce au PPE que nous pourrons sortir de l’impuissance qui caractérise notre situation européenne», a déclaré le parlementaire Bellamy, dont le travail efficace a été salué par le président Manfred Weber, lequel a insisté aussi sur le rôle crucial de la France aujourd’hui dans le concert européen, notamment sur les questions stratégiques de sécurité et de défense.
Pour Manfred Weber, la droite s’apprête à défendre 11 propositions législatives, dont 7 consacrées à la lutte contre la bureaucratie et pour la dérégulation. «Le message clair est que nous devons trouver des réponses ensemble aux développements américains», indique-t-il face au risque d’une envolée des taxes douanières qui ne pourra faire que des perdants, selon lui. Il estime nécessaire de négocier pour convaincre les Américains que cette voie n’est pas la bonne.
Produire en Europe
Enfin, concernant les enjeux de défense, le président du PPE croit que la France occupe une place «décisive» pour «garantir la sécurité» en Europe. Il lui semble essentiel aussi que les investissements prévus pour le réarmement des pays européens soient orientés vers l’achat de «produits européens». Une question «stratégique », insiste-t-il. À ce sujet, François-Xavier Bellamy prévient: «Nous avons un effort immense à faire pour que nos États soient mieux armés… Il n’y a pas de paix possible pour l’Europe si nous ne sommes pas capables d’assurer notre défense et notre sécurité». Engagé dans la négociation sur le programme Edip (programme européen pour l’industrie de défense), le parlementaire rappelle lui aussi l’importance d’orienter les fonds européens vers les industries européennes de défense. «Produire en Europe, c’est garantir, dans la durée, l’autonomie de nos pays. C’est un enjeu fondamental… Si l’Europe ne se préoccupe pas d’elle-même, personne ne le fera pour elle», met-il en garde.
Gérard Larcher se réjouit, pour sa part, de la présence du PPE au Palais du Luxembourg en rappelant que le premier groupe du Sénat fait mécaniquement partie du premier groupe politique européen. Puis, évoquant les récentes évolutions politiques en Allemagne, il ajoute : «La relation franco-allemande avait vraiment besoin de couleurs nouvelles et la victoire de la coalition CDU/CSU en Allemagne est un point important pour nous». Concernant l’actualité internationale, le président du Sénat point le «désengagement sécuritaire» des États-Unis, les «incertitudes» du commerce mondial, le «bouleversement» des règles du marché et la menace sur les États baltes. Il défend une politique de «fermeté indispensable» et le maintien des sanctions à l’égard de la Russie, en faisant la distinction entre «l’agresseur» russe et «l’agressé» ukrainien. Il plaide également pour une réponse proportionnée aux attaques commerciales américaines. «Pas simplement au bourbon du Kentucky !», précise-t-il. Autant d’alertes nécessitant «plus que jamais» une présence active du PPE au sein de l’UE et une affirmation de la «souveraineté européenne». «Nous en parlions même hier avec le président de la Chambre des lords que j’ai reçu», raconte Gérard Larcher, voyant là un signe du rapprochement entre l’Union européenne et le Royaume Uni, neuf ans après le référendum britannique sur le Brexit.