Noël 2024 : les bandes dessinées à glisser sous le sapin

Lucky Luke, un cow-boy sous pression, un très bon cru pour «l’homme qui tire plus vite que son ombre»

Le 11e tome des nouvelles aventures de Lucky Luke, Un Cow-boy sous pression, est signé Jul (scénario) et Achdé (dessin). C’est leur cinquième collaboration sur la reprise du célèbre personnage créé par Morris. © Dargaud / Lucky Comics 2024

Huit ans après avoir repris les rênes des nouvelles aventures de Lucky Luke, le tandem Jul et Achdé publie Un Cow-boy sous pression, un tome 11 très en verve qui propulse «l’homme qui tire plus vite que son ombre» au cœur de la communauté des colons allemands installés en Amérique. 

Ô surprise, dans Un Cow-boy sous pression (celle de la bière bien sûr), notre dynamique duo commence par mettre en scène un Lucky Luke qui se coince méchamment le dos. Une première! En petite forme, notre héros débarque à New-München pour consulter un médecin. Celui-ci lui donne des antidouleurs, mais surtout il lui conseille de «limiter l’alcool. Même si ici, cela ne va pas être trop difficile.»

Intrigué, Luke n’a même pas le temps de mener ses propres investigations que les édiles de la ville lui expliquent qu’une pénurie de bière ravage tous les saloons du pays, causée par une grève générale qui paralyse toutes les brasseries d’Amérique ! Voici Lucky Luke mandaté pour sauver la situation. Le lonesome cow-boy va ainsi jouer les médiateurs entre les ouvriers en grève et les propriétaires de brasserie, dont le redouté Frederick Martz (inspiré de Johann Friedrich «Frederick» Pabst). 

Plonger le cow-boy solitaire dans un bain germanique en l’éloignant des plaines du Far-West, l’idée est audacieuse. En principe, Lucky Luke n’est pas vraiment équipé pour jouer les diplomates, jeté au cœur des conflits sociaux de l’Amérique du XIXe siècle. Pourtant, le cow-boy nonchalant imaginé par Morris, saura trouver les ressources nécessaires pour résoudre la lutte des classes à lui tout seul! Bourré d’humour et de références, bardé de jeux de mots et de gags visuels, ce onzième tome fait honneur à l’héritage du tandem Morris-Goscinny. Un joli cadeau de Noël chic et de bon goût... O. D.

Les nouvelles aventures de Lucky Luke, tome 11, Un cow-boy sous pression, de Jul et Achdé d’après Morris, éditions Lucky Comics, 48  p., 12,50  euros.

Moi, ce que j’aime , c’est les monstres livre deuxième, Emil Ferris frappe encore plus fort

L’émotion qui se dégage de cet ouvrage hors-norme saute au visage au fil des pages. ©Monsieur Toussaint Louverture 2024

Six ans après la sortie événement du premier tome de Moi, ce que j’aime c’est les monstres, primé «Meilleur album de l’année» au festival BD d’Angoulême, la dessinatrice américaine Emil Ferris est de retour avec la suite de ce singulier roman graphique. Ce deuxième livre continue de conter la vie de Karen Reyes, jeune artiste prodige dans le Chicago des années 1960. La jeune fille en fleurs, qui préfère toujours croire qu’elle est un loup-garou, affronte désormais les affres de la puberté. Les dessins d’Emil Ferris sont toujours aussi magnifiques. Des pleines planches vibrionnantes de vie et de sensualité. Avec ce trait au stylo Bic qui n’appartient qu’à elle et qui fait partie intégrante de la vie de l’autrice. Car son histoire n’en est pas moins étrange. 

Âgée de 62 ans, cette artiste américaine a frôlé la mort lors de son 40e anniversaire. À l’origine dessinatrice de jouets, cette native de Chicago est piquée par un drôle de moustique, en 2001. Elle ne se réveillera que trois semaines plus tard à l’hôpital... paralysée. C’est pourtant en se battant comme une lionne qu’elle a fini par réussir à retrouver l’usage de sa main droite. En parlant de Moi, ce que j’aime, c’est les monstresArt Spiegelman a déclaré: «Emil Ferris est une des plus grandes artistes de bande dessinée de notre temps.» 

Ce deuxième livre approfondit l’émouvant portrait d’une héroïne en éveil. Les pages hachurées, le format carnet à spirale et les petits carreaux confèrent à l’ensemble du récit un parfum d’adolescence intimiste parfaitement fascinant. L’émotion qui se dégage de cet ouvrage hors-norme saute au visage au fil des pages. Il n’est pas interdit de penser que le brio enveloppe ce roman graphique aussi baroque qu’insolite. Décidément, Emil Ferris a frappé fort. Très fort. O. D.

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres – livre deuxième, d’Emil Ferris, Monsieur Toussaint Louverture, 416  p., 34,90  euros.

Ballades, une historiette médiévale savoureuse

L’éditeur suisse Atrabile a encore déniché une pépite. Camille Potte / Atrabile

Confortablement installées sur le rocher d’un étang, deux grenouilles poussent la chansonnette, telles d’humides troubadours. Un peu plus loin, une congénère pleurniche, assurant être en réalité « un beau prince ». Pendant ce temps, une chevalière et son ménestrel tentent de secourir la princesse « coincey dans la vile toureylle ».

Entre fable animalière et chronique médiévale, Ballades mélange vieux français et expressions modernes pour délivrer un récit irrésistible, décalé et souvent hilarant. En témoigne une discussion à propos d’une reconversion professionnelle dans la boulangerie : « Ouuula, c’est des horaires de fol ! Vous risqueriez l’outrebrûlade » (le burn-out, donc). Si les incontournables dragons et sorcières sont de la partie, l’intrigue n’est pas dénuée de surprises grâce à des manigances politico-familiales dignes de Game of Thrones, sans oublier le rapprochement inattendu de certains personnages.

Il s’agit de la première bande dessinée publiée par Camille Potte, issue de l’illustration et du fanzinat. Bien que singuliers, son humour ravageur et son dessin charmant tout en rondeurs évoquent le style d’Anouk Ricard. Une jeune artiste à découvrir d’urgence ! A. B.

Ballades, de Camille Potte, Atrabile, 144 pages, 22 euros.

Ava, Quarante-huit heures dans la vie d’Ava Gardner, un album envoûtant et sensuel 

Alain Souchon chantait «La beauté d’Ava Gardner». Il avait ô combien raison... ©Dargaud

Dès la couverture, on est sous le charme. La dessinatrice virtuose Ana Miralles a d’emblée su capter l’intensité du regard et toute la beauté mélancolique d’Ava Gardner, cette actrice hollywoodienne qui fut longtemps surnommée «le plus bel animal du monde». Dans ce genre d’exercice, très souvent le plus dur consiste à reproduire dans chaque case de BD la ressemblance avec la personnalité publique dont on raconte la vie. Le miracle a ici bien lieu. Contrairement à un album récemment paru chez Glénat sur le destin de Romy Schneider (de Rémi Torregrossa et Stéphane Betbeder où, hélas même sur la couverture, on ne reconnaît pas l’actrice fétiche de Claude Sautet), Ava Gardner est dessinée à la perfection par la dessinatrice de la série Djinn. Une prouesse à souligner ! 

Dans Ava, le tandem Ruiz et Miralles parvient à réussir un sans-faute. Au lieu de dérouler de manière chronologique la vie de celle qui fut inoubliable dans La Comtesse aux pieds nus, le scénariste a choisi de se concentrer sur les deux jours que passa l’actrice à Rio lors de la tournée triomphale passée en Amérique latine pour la sortie du film de Joseph L. Mankiewicz. Un pic de carrière douloureux doublé d’une prise de conscience salvatrice. Unité de temps, unité de lieu, unité d’action, toute l’intrigue de ce récit fascinant parvient à évoquer l’icone mondiale qu’était Ava Gardner dans ces 48 heures brésiliennes folles et tumultueuses, truffées d’anecdotes réelles, sans compter les règlements de compte avec un star-system américain qu’elle ne pouvait plus supporter. Un tour de force graphique et scénaristique à souligner, sans oublier le beau trait sensuel et envoûtant d’Ana Miralles... O. D.

Ava, Quarante-huit heures dans la vie d’Ava Gardner, d’Ana Miralles (dessin) et Emilio Ruiz (scénario), Dargaud, 112  p., 22,5  euros.

W0rldtr33, les abominations du net

W0rldtr33 s’apparente à un techno-thriller horrifique. Tynion, Blanco & Bellaire / Urban Comics

Alors que les meurtres diffusés en direct sur internet se multiplient, de vieux amis d’amis se réunissent : ce qu’ils pensaient avoir scellé vingt-cinq ans auparavant s’est rouvert… L’énigmatique titre W0rldtr33 évoque l’arbre cosmique qui relie les différentes strates de notre monde dans différentes mythologies. Dans l’histoire qui nous intéresse, il s’agit d’un forum en ligne répertoriant « les recoins les plus sombres » de l’Undernet, variante du darknet, l’envers anonyme du web prisé par les criminels en tous genres. 

James Tynion IV est de retour. Le brillant scénariste de The Nice House on the Lake,  meilleure série au dernier festival d’Angoulême dont la suite sortira en avril, de The Department of Truth et de Something is Killing the Children continue de creuser son sillon horrifique avec maestria. Pour illustrer ce cauchemar technologique, le dessinateur espagnol Fernando Blanco fait le pari d’une violence frontale, glaçante. L’antagoniste en couverture, une mystérieuse femme nue, tatouée, percée et sans pitié, éclairée par l’excellente coloriste Jordie Bellaire, s’avère particulièrement réussie. 

Maître du cliffhanger, Tynion achève ce premier tome avec un saut temporel qui ne manquera pas de capter l’attention des lecteurs les plus récalcitrants… A. B.

W0rldtr33, de James Tynion IV (scénario), Fernando Blanco (dessin) et Jordie Bellaire (couleurs), traduit de l’anglais par Maxime Le Dain, Urban Comics, 168 pages, 18 euros.

Tokyo, ces jours-ci, la retraite d’un éditeur 

Le moineau parlant du protagoniste apporte une touche de fantaisie. Taiyô Matsumoto / Kana

Après trente ans de bons et loyaux services, un éditeur de mangas décide de démissionner. Néanmoins, sa passion pour la BD est toujours là… Presque six ans après sa dernière parution inédite en France, Taiyô Matsumoto revient en librairie avec Tokyo, ces jours-ci, magnifique déclaration d’amour aux mangas, leurs auteurs, mais surtout leurs éditeurs. Assez spécifique au Japon, le tantô travaille étroitement avec le mangaka, l’accompagne, le pressure et l’encourage dans son aventure éditoriale, jouant parfois un rôle de coscénariste.

Célébré comme spécialiste des histoires à hauteur d’enfants lors d’une exposition à Angoulême en 2019, au travers des chefs-d'œuvre tels qu’Amer Béton et Sunny, Matsumoto n’a jamais cessé de se renouveler en explorant des genres aussi variés que le récit historique (Le Samouraï bambou), le sport (Ping-Pong) ou la science-fiction (Number Five). Davantage ancré dans la réalité, Tokyo, ces jours-ci s’avère subtil dans sa peinture des tortueuses relations humaines et poétique dans sa manière de cadrer la ville, véritablement magnifiée. Le personnage du moineau parlant apporte cependant une touche de fantaisie.

Conçu en triptyque, Tokyo, ces jours-ci séduira au-delà du cercle des lecteurs de mangas. Son agréable format agrandi et ses quelques pages couleurs y contribueront. A. B.

Tokyo, ces jours-ci, tome 1/3, de Taiyô Matsumoto, traduit du japonais par Thibaud Desbief, Kana, 220 pages, 12,95  euros.

Mafalda, intégrale, politiquement incorrect

Mafalda commente le monde et les choses de la vie de son esprit cinglant et contestataire. Quino/ Glénat

Créée par l’Argentin Quino, en 1964, Mafalda la petite fille désopilante et souvent insolente, au nœud papillon dans les cheveux, célèbre ses 60 ans. Pour fêter l’événement, les éditions Glénat publient une nouvelle intégrale de ses aventures agrémentée d’un nouvel appareil critique de Claire Latxague, spécialiste de la petite héroïne aux grandes réflexions. Politique, conflits armés, frontières, injustices, monde des adultes… Mafalda commente le monde et les choses de la vie de son esprit cinglant et contestataire. 

Ses colères légendaires, son ironie, son sens de la répartie, ses mots d’esprit, sa robe à pois et sa crinière noire n’ont pas pris une ride. Sans oublier Manolito, Felipe, Susanita, Miguelito ou la petite Liberté formant une savoureuse farandole de camarades. Considéré comme le « Sempé argentin », créateur d’une œuvre truculente empreinte de poésie et de sagesse, Quino, parti en 2020, a laissé en héritage aux futures générations plus qu’un personnage, un esprit prodigieux. Éclairée des textes de Claire Latxague, introduite par Umberto Ecco, cette intégrale ravira petits et grands. A. V. 

Mafalda, intégrale 60 ans, de Quino, Glénat, 35 euros.

Ulysse & Cyrano, dans la cuisine de l’amitié  

Dans cet album, Ulysse, un héritier d’une famille d’industriels, va dévier de la carrière qui lui est promise après avoir rencontré Cyrano. Casterman

Lauréat du prix Landerneau BD 2024, Ulysse & Cyrano, met en scène Ulysse, fils d’un riche industriel embrassant sans grande ferveur le destin que ses parents lui ont tracé. Le jeune garçon, passionné par le dessin plus que par les mathématiques, doit passer le bac avec l’exigence d’obtenir la mention très bien pour intégrer polytechnique et reprendre la cimenterie familiale. Une sombre affaire de collaboration pendant la guerre entache l’image de son père et l’oblige à se réfugier avec sa mère en Bourgogne où sa rencontre avec Cyrano, homme bourru et renfrogné, va bouleverser sa vie. L’homme grand cuisinier et propriétaire d’un restaurant des années auparavant a tout abandonné pour vivre reclus et passer son temps entre la pêche, la chasse et le plaisir de cuisiner des plats raffinés et généreux. 

Émancipation, transmission, éloge de la cuisine qui rassemble, paysage de la France d’après-guerre... Le récit émouvant et édifiant de Xavier Dorison et Antoine Cristau s’appuie sur le trait coloré de Stéphane Servain. Le lecteur sent à merveille les saveurs, le plaisir de partager des plats copieux élaborés avec de succulents produits du cru tout en assistant à l’épanouissement d’un fils de famille qui n’hésite pas à braver l’autorité parentale pour vivre ses rêves. Ulysse & Cyrano est un plaisir à consommer sans modération, une pépite. A. V.

Ulysse & Cyrano, de Stéphane Servain (dessin), Xavier Dorison et Antoine Cristau (scénario), Casterman, 34,90 euros.

Corto Maltese, La Ligne de vie  : Corto toujours un peu plus loin...

Envoyé en mission par Bouche Dorée, Corto Maltese part à la chasse au trésor et débarque au Mexique. Il ne s’attend pas à retrouver des vieux amis et un ancien amour... © Casterman 2024 Cong SA

Alors que Corto Maltese est fier d’avoir mis la dernière main à son bateau baptisé «La Nina de Gibraltar» du nom de sa mère, l’énigmatique Bouche dorée lui propose de partir à la chasse au trésor au Mexique, sur les traces d’un trésor archéologique pillé par un millionnaire sans scrupule sur le site maya de Chichen Itza. Corto refuse d’abord arguant qu’il n’est pas un voleur. Pourtant l’attrait de l’aventure sera plus fort... 

Ce cinquième album des nouvelles aventures du célèbre marin romantique imaginé par Hugo Pratt en 1967 et repris depuis bientôt dix ans par le tandem hispanique Rubén Pellejero et Juan Diaz Canales nous entraîne en Amérique centrale. Dans cette nouvelle intrigue, Corto se laisse gentiment manipuler et met sa témérité proverbiale au service des Cristeros, ces catholiques mexicains révoltés qui s’opposent au gouvernement républicain et ses lois anticléricales. 

Il convoie pour eux un chargement d’armes et ses pérégrinations mexicaines vont le conduire à croiser à nouveau le chemin d’anciennes connaissances telles que Raspoutine et la belle révolutionnaire irlandaise Banshee, dont il s’était épris dans l’épisode Concert en O mineur pour harpe et nitroglycérine.

Au début de l’album, Bouche Dorée, sorcière très respectée de la macumba brésilienne, chiromancienne à ses heures perdues, joue les oiseaux de mauvais augure en prédisant à Corto que «la mort le guette et qu’elle parle espagnol». C’est sans compter qu’étant jeune Corto s’est lui-même taillé une ligne de chance au cœur de la main. Ce qui vaut comme un talisman contre la mort. La ligne de vie de notre marin romantique n’est donc pas près de s’arrêter! O. D.

Corto Maltese, tome 17, La Ligne de vie, par Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero, d’après Hugo Pratt, Casterman, 80 p., 17  euros.  

Le Cas David Zimmerman, identités volées

Dans Le cas David Zimmerman, co-écrit avec son frère Arthur, l’auteur plonge le lecteur dans un thriller haletant entremêlant, avec une grande maîtrise, fantastique et récit intimiste. Lucas Harari/ Sarbacane

David Zimmerman, la trentaine, n’est pas très heureux dans la vie. Photographe cantonné aux fêtes de mariage et bar-mitzvah, asocial, il traîne un mal-être que son meilleur ami Harry tente de soulager. Ce dernier l’entraîne, non sans peine, dans une fête un soir du 31 décembre. Seul dans son coin, il se sent ardemment attiré par une fille étrange qui arpente le lieu mutique au milieu de la foule en liesse. Ils passent la nuit ensemble. Le lendemain matin, seul dans son appartement, il se réveille dans le corps de de la mystérieuse inconnue.

Lucas Harari nous avait déjà enchantés et captivés avec La dernière rose de l’été, un polar hitchcockien à l’ambiance surréaliste. Dans Le cas David Zimmerman, co-écrit avec son frère Arthur, l’auteur plonge le lecteur dans un thriller haletant entremêlant, avec une grande maîtrise, fantastique et récit intimiste. Désarroi, interrogations sur l’identité, perte des proches... Pour explorer les affres du changement de corps, qui ne sont pas sans rappeler ceux de Quartier lointain chef-d'œuvre du mangaka Jirô Taniguchi, Lucas Harari déploie de son trait élégant une virtuosité graphique révélant de somptueux décors parisiens et une atmosphère fascinante où le réalisme rivalise magistralement avec la fantasmagorie. Le lecteur est tenu en haleine de la première à la dernière des 368 pages pour un final des plus inattendu. Une merveille. A. V.

Le Cas David Zimmerman, de Lucas et Arthur Harari, Sarbacane, 35 euros.

Grand Petit Homme, taille de guêpe

Grand Petit Homme est une fable très poétique sur l’attention que l’on porte à son prochain. Glénat

Stanislas Rétif mesure un mètre cinquante-sept (et demi!). Et comme le chantait Renaud, «sa vie est toute p’tite aussi». Il passe tout à fait inaperçu. Il aime les femmes, mais c’est quand même loin d’être réciproque. Ce qui n’arrange rien, c’est qu’il est un peu bizarre, notre (anti)-héros. Un peu voyeur, totalement obsédé par les pieds des femmes. Ce qui est un comble pour un vendeur de chaussures pour dames. Enfin, vendeur, il faut le dire vite... Il passe le plus clair de son temps dans la réserve à ranger des cartons. Un jour, il fait le vœu de devenir un grand homme, en caressant des chaussures en cuir de vache sacré. Effet inverse ! Le voilà réduit à la taille d’un pouce ! Il ne mesure plus que quelques centimètres et une nouvelle vie commence pour lui. 

L’auteur Zanzim, connu pour le succès de l’album Peau d’Homme en 2021 (200.000 exemplaires vendus), livre ici un conte empreint d’une certaine poésie. Le scénario est touchant, original et bien ficelé, avec de nombreux rebondissements et une très jolie morale finale. Le dessin rond, faussement enfantin, et magnifiquement colorisé, est aussi l’une des qualités de cet album. Zanzim est décidément une pointure ! P. C.

Grand Petit Homme, Zanzim, Glénat, 25 euros.