«Violence dans les manifestations féministes, tueries en Syrie... Des faits que certains préfèrent ignorer»

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il vient de publier Journal d’un prisonnier (Fayard, 2025). Il est également président d’Avocats sans frontières.


L’idéologie médiatique en majesté surveillée par les réseaux sociaux et les médias résistants aura encore frappé ce week-end. Passons sur un article du Monde tenant toute réticence à l’idée d’un Macron matamore - ou son discours comme une diversion à l’égard de l’Algérie - pour une forme de soumission à la Russie. Et regardons ce qui n’a pas été regardé de près par aveuglement, gêne ou indifférence. Il y a eu d’abord cette manifestation, organisée vendredi soir par les associations extrémistes Urgence Palestine et Samidoun. Cette dernière est incontestablement liée au Front populaire de libération de la Palestine, officiellement classé par la France organisation terroriste.

Le préfet Nuñez a souhaité interdire cet événement scabreux autant que dangereux, mais autorisé par le tribunal administratif de Paris (qui, par le passé, a prononcé ou accepté l’interdiction de manifestations d’extrême droite). Des militants islamistes ne se caractérisant pas par un philosémitisme excessif ont donc manifesté leur ardent féminisme et ont pu appeler tranquillement à l’intifada ainsi qu’à l’éradication d’Israël. Je n’ai pas l’impression que l’opportunité de voir un tribunal valider, malgré avis préfectoral contraire, le déroulement d’une manifestation organisée par une entité liée à un mouvement classé terroriste ait été examinée médiatiquement de très près, surabondamment en période d’inflation antisémite.

Les femmes éventrées des kibboutz n’intéressent pas le néo-féminisme gauchisant et donc anti-Occident, moins parce qu’elles étaient juives que parce qu’elles étaient blanches et que surtout leurs violeurs et assassins ne l’étaient pas.

Gilles-William Goldnadel

Le lendemain, samedi 8 mars, se déroulait, dans les rues de Paris, la marche pour les droits des femmes. Deux événements marquants auraient dû retenir l’attention, par exemple de l’audiovisuel public, ordinairement très féministe. D’abord, la manière dont l’organisation Némésis et sa responsable Alice Cordier (qui a le grand tort d’insister, elle, sur les violences faites aux femmes françaises par des migrants sous OQTF) a été notamment, entre autres invectives agressives, menacée d’être traitée à l’acide par la députée Rima Hassan. Ou encore lorsqu’elle s’est vue agressée par la Jeune Garde violente (mais toujours légale, contrairement à feu Génération identitaire) d’où est issu le député insoumis Raphaël Arnault, par ailleurs fiché S. L’insistance médiatique aura plutôt porté à classer Némésis à l’extrême droite de la sphère politique. Pareille volonté de classement n’obsède pas les mêmes médias s’agissant d’organisations situées symétriquement de l’autre côté de la sphère. Comme si le féminisme était naturellement et pour toujours situé là où il doit être sans qu’il soit nécessaire de le situer.

D’autre part, des femmes juives avaient, ce samedi, la folle prétention de rendre hommage aux femmes d’Israël violées ou assassinées par le Hamas. Elles ont également été agressées par des islamistes ou militants d’extrême gauche associés, sans doute très féministes. Je n’ai pas constaté dans la presse de gauche féministe le moindre intérêt pour les deux sujets. Un esprit chagrin pourrait y apercevoir une occultation. Et quant à de l’empathie pour les femmes juives violées, la question, saugrenue, ne sera pas posée.

La même observation pourrait venir au même esprit s’agissant d’évènements d’une gravité infinie. En Syrie, notamment à Lattaquié et à Tartous depuis plusieurs jours, des civils, membres des minorités chrétienne et alaouite, ont été torturés, humiliés et massacrés en masse par des islamistes proches du nouveau chef du pays, Al Joulani, ancien d’Al-Qaida mais aussitôt adoubé sans rancune par António Guterres et les Européens en ce compris le premier des Français. Pour l’heure, l’Onu et les ONG comme Amnesty sont mutiques. Dimanche à 13 h, le journal de France 2, lui, n’en a pas dit un seul mot. Le Monde tarde à s’emparer du sujet. En revanche, le dimanche matin, il publiait un article sur un glacier de Damas qui régalait les Damascènes de glaces à la pistache...

Pourquoi ces informations sont-elles distillées avec parcimonie, tandis que d’autres, comme à Gaza, font l’objet d’un obsessionnel engouement ? Sans doute car ce ne sont pas des Occidentaux qui massacrent des chrétiens et des alaouites, mais seulement des Orientaux islamistes. Ah si seulement c’étaient par des Israéliens, ils auraient reçu le traitement focal des Palestiniens...