La sentence est tombée pour Carlos Watson, fondateur de la plateforme américaine de médias Ozy. L’ancien présentateur vedette de la chaîne de télévision MSNBC a été condamné à dix ans de prison (116 mois) lundi par la cour de district des États-Unis pour le district sud de New York pour fraude et usurpation d’identité. Il avait trompé des investisseurs et créanciers sur les chiffres des performances opérationnelles de l’entreprise dans le but de lever plus d’argent. Arrêté le 22 février dernier avant de comparaître devant une juge dans l'après-midi, il avait été remis en liberté contre une caution de 1 million de dollars. Carlos Watson, qui risquait jusqu’à 37 ans de prison, continue de nier les faits et a déjà annoncé son intention de faire appel. Il reste libre pour le moment grâce à une caution de 3 millions de dollars.
L'ancien directeur des opérations de la plateforme, Samir Rao, et une ex-responsable des ressources humaines, Suzee Han, sont aussi poursuivis mais ont, eux, déjà plaidé coupable. Ils ont tous les deux témoigné contre Carlos Watson et sont en attente de leur condamnation. Il est reproché au trio d'avoir, entre 2018 et 2021, menti sur la santé financière d'Ozy, sur ses audiences, sur ses relations avec d'autres entreprises et sur d'autres offres financières reçues par la plateforme, pour obtenir environ 50 millions de dollars.
«Mépris effronté pour l’État de droit»
Fondée en 2012 par le journaliste et entrepreneur Carlos Watson, star des chaînes d'information, Ozy produisait des newsletters, des programmes télévisés, des podcasts et des événements, présentant du contenu à la fois informatif et divertissant. Une enquête du New York Times avait révélé fin 2021 que les dirigeants de l'entreprise avaient volontairement gonflé les chiffres de fréquentation de la plateforme et de visionnages sur d'autres sites. De quoi amorcer la chute de l’entreprise. Outre le fait d'avoir présenté des chiffres et faits trompeurs, Carlos Watson et Samir Rao étaient accusés par le ministère d'avoir signé de faux contrats ou de s'être fait passer pour d'autres responsables lors de discussions avec des investisseurs et créanciers.
«Carlos Watson a orchestré pendant des années un plan audacieux pour escroquer les investisseurs et les créanciers de sa société», a commenté le procureur new-yorkais Breon Peace, cité dans un communiqué. «Ses mensonges incessants et délibérés témoignent non seulement d’un mépris effronté pour l’État de droit, mais aussi pour les valeurs d’honnêteté et d’équité», a-t-il ajouté. Watson avait plaidé non coupable en juillet à l’issue d’un procès de huit semaines. Selon la BBC , l’ancien présentateur a déclaré devant le tribunal qu’il était un homme d’affaires qui croyait en ce que faisait son entreprise et qui avait tout mis en œuvre pour qu’elle soit couronnée de succès. Son avocat a fait valoir qu’il avait été trahi par ses adjoints, qui avaient agi de leur propre chef et lui avaient caché leurs méfaits. Ce n’est pas la version retenue par le juge.