JO de Paris 2024 : pourquoi la participation de la boxeuse algérienne Imane Khelif provoque une polémique

Un abandon qui va alimenter la polémique. La boxeuse algérienne Imane Khelif a fait son entrée en lice en moins de 66 kg, jeudi 1er août, aux Jeux olympiques de Paris 2024. Elle a remporté son huitième de finale contre l'Italienne Angela Carini, après un abandon de cette dernière après quelques minutes. Une décision de l'Italienne, en pleurs au milieu du ring de boxe, alors qu'une polémique a enflé avant son match contre l'Algérienne.

L'Italienne Angela Carini après son combat de boxe en huitième de finale des -66 kg contre l'Algérienne Imane Khelif lors des Jeux olympiques de Paris 2024, à Villepinte, le 1er août 2024. (MOHD RASFAN / AFP)

La confrontation entre les deux boxeuses a été considérée comme une "gifle à l’éthique du sport et à la crédibilité des JO", par Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres en Italie et ancien Ministre de l'Intérieur. L'homme politique d'extrême droite italien a notamment posté un message sur X où il s'insurge que "la boxeuse trans algérienne" puisse participer aux JO alors qu'elle a été "interdite des championnats du monde de boxe".

La boxeuse algérienne avait été écartée des Mondiaux à New Delhi, en Inde, en mars 2023, juste avant son combat pour la médaille d'or après avoir échoué à répondre aux tests mis en place par la fédération internationale (IBA). Un an plus tard, elle a été autorisée à participer aux Jeux olympiques de Paris 2024, car elle remplit "les règles d'éligibilité", rappelle le Comité international olympique (CIO).

Les fédérations fixent les règles

La participation des athlètes transgenres aux JO est laissée à l’appréciation des fédérations qui fixent donc les règles. Pour la boxe, elles ont été établies par une autre organisation que celle des mondiaux de 2023, la Paris Boxing Unit (PBU), car l'IBA, présidée par le Russe Umar Kremlev, n’est plus reconnue depuis juin par le CIO pour mauvaise gouvernance.

Malgré les critiques, le vice-président du Conseil des ministres italiens a maintenu ses propos. "Insultes et menaces pour avoir exprimé une opinion qui, je crois, est largement répandue parmi les Italiens : voir une femme concourir aux Jeux olympiques avec un boxeur trans est une folie inacceptable, le résultat de l’hypocrisie du politiquement correct", a déclaré Matteo Salvini, toujours sur X.

Ces déclarations ont provoqué un tollé en Algérie où on estime que la boxeuse a subi une campagne de dénigrement notamment sur les réseaux sociaux. Le Comité olympique et sportif algérien a condamné "fermement la fausse propagande et le comportement immoral vis-à-vis de notre championne, Imane Khelif, de certains médias étrangers. De telles attaques contre sa personne sont totalement contraires à l’éthique, d’autant plus qu’elle se prépare pour l’événement le plus important de sa carrière sportive, à savoir les Jeux olympiques".

"Ce sont des femmes dans leur sport"

Le CIO a de son côté soutenu la boxeuse algérienne, ainsi que la Taïwanaise Lin Yu-ting. Cette dernière a également été autorisée à concourir chez les plumes alors qu'elle n'avait pas "n'a pas répondu aux critères d'éligibilité après un test biochimique" lors des mondiaux, selon l'IBA, et perdu sa médaille de bronze. "Ce sont des femmes dans leur sport, et il est établi dans ce cas que ce sont des femmes", a expliqué Mark Adams, porte-parole du CIO. "Toutes les compétitrices qui participent aux JO, suivent, respectent les règles d'éligibilité", a-t-il ajouté. Ces athlètes ont boxé à plusieurs reprises depuis plusieurs années", dans les catégories féminines, "elles ne viennent pas juste d'arriver (...), elles ont boxé à Tokyo", a rappelé Mark Adams.  

Imane Khelif, qui représente une réelle chance de médaille pour l'Algérie, sera donc bien sur le ring des JO. Juste avant les Jeux, elle déclarait au journal algérien Horizons vouloir "tout faire pour décrocher une médaille olympique. Mon espoir est de faire flotter le drapeau de mon pays ici en France".