Aux États-Unis, Trump recrée le département de la guerre et en menace Chicago de rafles de migrants en citant « Apocalypse Now »
Il y a dix ans, Donald Trump menait sa première campagne primaire en vilipendant les « guerres sans fin » de l’ère Bush. Vendredi, les dernières illusions de ceux qui croyaient encore à cette promesse de campagne se sont évaporées : le président états-unien a signé un décret exécutif rebaptisant le ministère de la Défense en « ministère de la Guerre ».
« Nous appelons ça le ministère de la Défense, mais entre nous, je pense qu’on va changer le nom », avait-il déclaré depuis le Bureau ovale, lors d’un échange avec des journalistes en août dernier. « Défense, c’est trop défensif, et nous voulons aussi être offensifs. » Cette déclaration intervenait quelques semaines après les bombardements de l’aviation américaine sur l’Iran, fissurant la coalition trumpiste.
La guerre de retour au Pentagone
L’appellation de ministère de la guerre a été utilisée jusqu’en 1949, lorsque le président Harry Truman avait réorganisé l’appareil militaire américain au lendemain de la seconde guerre mondiale. Elle avait été créée par George Washington durant la Guerre d’indépendance.
« Les mots comptent. Les titres comptent. Les cultures comptent. Et George Washington a fondé le ministère de la Guerre », justifiait, par anticipation, Pete Hegseth, désormais secrétaire à la Guerre – sa fonction a aussi été renommée.
« Nous avons gagné la Première et la Seconde Guerre mondiale – c’était le ministère de la Guerre, et pour moi c’est vraiment ce que cela doit être », ajoutait l’ancien chroniqueur de la chaîne ultra-conservatrice Fox News, propulsé à la tête de la plus puissante armée du monde (plus de 2 millions de militaires dont 10 % répartis dans 800 bases à travers le monde, près de 1 000 milliards de dollars de budget annuel prévu).
« J’adore l’odeur des expulsions le matin… »
Aussitôt rebaptisé, le département de la guerre pourrait être mis à contribution… à Chicago. C’est la menace proférée par Donald Trump lui-même ans un post sur son réseau Truth Social. Samedi, il a publié une image de lui-même créée par une intelligence artificielle, devant la silhouette de Chicago avec des hélicoptères, des flammes et la phrase « Chipocalypse Now ». « J’adore l’odeur des expulsions le matin… Chicago va bientôt découvrir pourquoi on l’appelle le Département de la GUERRE », peut-on lire dans ce message qui fait référence à « Apocalypse Now », sorti en 1979.
Donald Trump semble ignorer que le film de Francis Ford Coppola est en fait un brûlot anti-guerre. C’est sans doute le moindre des problèmes de ce post qui annonce une mobilisation de l’armée dans la troisième ville la plus peuplée du pays afin d’y mener des raids et des expulsions de masse de migrants sans-papiers.
« Le président des États-Unis menace de déclarer la guerre à une ville américaine. Ce n’est pas une blague, a réagi le gouverneur démocrate de l’Illinois, JB Pritzker, dans un message publié sur X. Ce n’est pas normal. Donald Trump n’est pas un homme fort, c’est un homme effrayé. L’Illinois ne se laissera pas intimider par un dictateur en herbe. »
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