Budget 2025 : Pierre Moscovici salue les « efforts nécessaires » du gouvernement
Ce n’est que le début. Trois jours après sa présentation, le budget 2025 continue d’agiter les esprits. Confronté à un déficit public estimé au-dessus des 6 % du PIB pour 2024, le gouvernement de Michel Barnier a prévu 60 milliards d’euros d’efforts, réparti en un tiers d’augmentations d’impôts et deux tiers de coupes. Si le Haut Conseil des finances publiques avait préféré moins d’économies et un effort fiscal rehaussé à 70 % dans la répartition, son premier président Pierre Moscovici a toutefois salué les « efforts nécessaires » du projet de loi de finances (PLF).
Invité dimanche du « Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat », l’ancien ministre de l’Économie a considéré qu’un « cycle budgétaire » bien différent va s’ouvrir. « Depuis plusieurs années, nous avons connu une croissance forte des déficits, une explosion de notre dette publique », s’est lamenté le social-démocrate, qui appelle à une « inflexion nette par rapport à ce qu’il s’est fait ». « Nous ne pouvons pas continuer sur cette pente », insiste le président de la Cour des comptes, citant tour à tour la procédure de l’Union européenne ouverte contre la France pour déficit excessif, le verdict des agences de notation et la « crédibilité entamée » du pays. Une dégradation des finances publiques sur laquelle l’institution de Pierre Moscovici aurait « suffisamment alerté ». « Si on avait davantage écouté nos analyses, la dérive aurait pu être un peu moins forte », a-t-il raillé, sommant l’exécutif de « soulever le capot, faire l’autopsie de ce qu’il s’est passé, et essayer de comprendre comment un dérapage aussi énorme a pu se produire ».
À lire aussiBudget 2025 : «Beaucoup d’impôts, peu d’économies... La rupture à l'envers»
Faut-il malgré tout se réjouir que l’agence américaine Fitch n’ait pas dégradé vendredi soir la note de la France, maintenue à AA-, tout en la plaçant sous perspective négative ? « Contrairement à ce que beaucoup disent », l’ancien député du Doubs a jugé dans un premier temps que « nous ne sommes pas la Grèce, nous ne sommes pas en faillite, il y a encore une confiance solide dans la France ». Avant de remarquer : « On commence à nous regarder, en nous posant des questions, nous demandant si notre signature à l’avenir et notre crédibilité vont être aussi fortes. »
Barnier « n’avait pas d’autres choix » sur les impôts
Cette mise en garde pousse alors Pierre Moscovici à ne pas « partager » les voix du bloc central s’opposant à toute augmentation d’impôts. Dans son viseur, Gérald Darmanin ou Gabriel Attal, qui ont tracé une ligne rouge sur la question de la fiscalité. Compte tenu de la mauvaise situation des comptes publics, le premier ministre « n’avait pas d’autre choix que de faire un effort indispensable ». « L’effort est tellement important, le temps est tellement court que le gouvernement n’aurait pas pu le faire uniquement sur la dépense », a fait valoir l’ancien député du Doubs. Qui se fait le chantre du « bon équilibre » entre économies et fiscalité.
Alors que l’examen du projet de loi de finances (PLF) à l’Assemblée doit commencer le 16 octobre en commission des finances, puis arriver cinq jours plus tard en séance publique, le président de la Cour des comptes estime qu’il « faut faire confiance au Parlement ». Et ce, malgré l’absence de majorité stable. Le gouvernement ayant un « socle étroit », Pierre Moscovici l’exhorte à « entendre » et « respecter » les parlementaires. « Ça s’appelle la démocratie. Dans cette situation, on en a besoin, et les Français le savent. »