Alice Evans : «Si la fertilité continue de décliner, nous aurons une crise économique massive»
C’est l’histoire d’une femme (apparemment fâchée) qui affirme pouvoir se passer d’un homme car s’acheter des fleurs, s’emmener danser et s’écouter parler pendant des heures, elle sait très bien le faire. En 2023, Flowers de la chanteuse américaine Miley Cyrus était le morceau le plus écouté de Spotify - 1 milliard de téléchargements en 112 jours. Ce genre d’information fait partie des mille signaux par lesquels la sociologue Alice Evans étudie l’écart entre les sexes. Par ses hypothèses originales, cette chercheuse à Standford s’est fait une réputation d’observatrice sérieuse du déclin démographique. À la fois méthodique et créative, elle étudie les comportements à l’origine de la dénatalité. Selon elle, ce dernier enjeu pose un défi existentiel à de très nombreux pays.
LE FIGARO. - Comment se fait-il que dans presque tous les pays, des sociétés différentes les unes des autres sur le plan culturel, économique, nous assistions à une chute continue et rapide de la natalité ? Quelle raison l’explique ?
ALICE EVANS. - Ah, c’est un débat houleux ! Les conservateurs comme le vice-président américain JD Vance blâment les femmes trop éduquées, celles qui préféreraient les chats aux enfants et ne se préoccuperaient pas assez du destin de leur pays. Les progressistes mettent l’accent sur l’économie, ils citent le coût de la vie, du logement et de l’éducation. Mais aucune de ces explications – que ce soit le féminisme ou l’économie – n’est totalement satisfaisante. Le taux de natalité baisse dans des pays aussi conservateurs sur le plan des mœurs que l’Iran ou l’Arabie saoudite…