Paris Basket-Fenerbahce : show flamboyant, Shorts et Hifi héroïques, remplaçants à la dérive… Coups de cœur et coups de griffe
COUPS DE CŒUR
Un vrai bon match de basket...
L’enjeu parlait de lui-même. En cas de revers, Paris était éliminé de l’Euroligue. Défait deux fois à Istanbul dans cette série au meilleur des cinq manches, il lui fallait gagner trois matches de suite contre Fenerbahce pour réaliser l’impensable. Et l’outsider parisien, comme son adversaire turc, a mis tous les ingrédients. Intensité, agressivité, détermination : tout était réuni pour un grand match de basket.
On a vu des joueurs se jeter sur des ballons pour les sauver d’une sortie en touche, des séquences défensives comme si c’était la dernière d’une vie. Le tout dans une rencontre serrée du début à la fin (88-98 après prolongation), avec près de 7.500 spectateurs bruyants pour enjoliver la scène. Si Paris avait gagné, il y aurait eu un match 4 dès jeudi, toujours à l’Adidas Arena. On aurait bien aimé.
…et un spectacle à part entière
Avec le Paris Basketball, il y a la promesse de venir voir du sport de très haut niveau, mais aussi un véritable show qui dépasse le parquet. Une fois de plus, le club de la capitale a tenu parole. L’entrée des joueurs, toujours frissonnante, sur fond de sono minutieusement choisie et d’un peu de pyrotechnie, a lancé la soirée. Avec le rappeur Dandyguel dans le rôle du speaker, impossible de ne pas être transcendé par l’ambiance.
Paris sait aussi attirer des spectateurs de renom et leur offrir une petite ovation. Ainsi, au bord du parquet figuraient Ronny Turiaf, champion NBA et 101 sélections avec les Bleus ; Dominique Malonga, grande promesse du basket français draftée en 2e position en WNBA ce mois-ci ; Bilal Coulibaly, ailier des Washington Wizards et vice-champion olympique 2024 ; l’ancien cycliste britannique Mark Cavendish, recordman du nombre de victoires d’étapes sur le Tour de France ; la légende du handball Nikola Karabatic ; ou encore le nageur Yohan Ndoye Brouard, médaillé de bronze sur le relais 4x100m aux JO de Paris. Pour lui, le public a spontanément entonné une Marseillaise enivrante. Avant que le basket ne reprenne ses droits.
Hifi et Shorts ont encore sorti le grand jeu
En rythme jusqu’ici dans cette série, TJ Shorts et Nadir Hifi ont encore surnagé mardi. L’international français de 22 ans, élu meilleur jeune joueur d’Euroligue, a effacé les lacunes collectives de son équipe par des tirs aussi difficiles que précieux pour garder Paris dans le match en 2e quart-temps. Celui qu’on surnomme «le prince de Paris» a également été «clutch» (performant dans les moments chauds), à l’image d’un énorme step-back à 3-pts à 1’52 de la fin du temps réglementaire (76-80), ou de ses 8 points qui ont entretenu l’espoir en prolongation (24 au total).
Mais si Hifi a été «clutch», que dire de TJ Shorts ? L’Américain avait inscrit 15 points après trois quart-temps. Il a inscrit 14 des 17 derniers points de Paris dans la 4e période, dont un incroyable panier à mi-distance en tombant sur le côté (71-71, 5’10 restantes). Le «meilleur meneur d’Euroligue», comme l’a rappelé son entraîneur Tiago Splitter, a terminé meilleur marqueur du match (29 pts), ajoutant 4 passes décisives. Il en aurait fallu encore plus pour arracher la victoire.
COUPS DE GRIFFE
Lô défaillant, un cinq de remplaçants inquiétant
Si ce n’était pour les arabesques d’Hifi en 2e quart-temps, Paris aurait pu perdre le fil du match avant la pause et ne jamais recoller. Un cinq composé uniquement de joueurs remplaçants (Hifi, Maodo Lô, Yakuba Ouattara, Bandja Sy et Leon Kratzer) a semblé au bord du naufrage. En particulier Lô, meneur allemand qui revenait d’une blessure aux ischio-jambiers. Il n’avait plus joué depuis le 22 mars, en championnat contre Strasbourg.
«On a essayé», a commenté Splitter, admettant que le plan n’a pas fonctionné. Lô, censé soulager Hifi et Shorts pour manier la balle et créer en attaque, a été incapable de faire des différences. «J’ai changé d’avis à la mi-temps», a expliqué Splitter, qui n’a plus refait appel à l’Allemand après la pause, conscient qu’il manquait de rythme.
Le mauvais rebond sur l’arbitre qui coûte cher
C’est le genre de choses qui arrive «une fois tous les 100 matches», s’ébahissait Léopold Cavalière après la rencontre. Et il fallait que ça arrive contre Paris, en prolongation d’un match à la vie à la mort. Les Franciliens accusaient huit points de retard lorsque Fenerbahce a poussé Hifi à la perte de balle. Sauf qu’au lieu de sortir, le ballon a ricoché sur l’un des arbitres, donnant lieu à une contre-attaque stambouliote. Panier avec la faute de Nigel Hayes-Davis à 1’39 de la fin, +11 Fenerbahce. Même si «ce n’est pas ça qui a tué le match», comme le rappelait Cavalière, on aurait préféré voir Paris craquer sans ce fait de jeu malheureux.