Résidence luxueuse, piscine, Mercedes : la belle vie de Mounir A., narcotrafiquant marseillais en cavale à Barcelone

Résidence luxueuse, piscine, Mercedes : la belle vie de Mounir A., narcotrafiquant marseillais en cavale à Barcelone

Le trafiquant s’était réfugié dans une résidence sur front de mer. LLUIS GENE / AFP

RÉCIT - Cet auteur de go fast s’était «mis au vert» en Espagne avant sa condamnation, pensant échapper à la justice française. Il a finalement été intercepté par la brigade de répression du banditisme au terme d’une courte traque.

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La surface de son appartement niché au 25e étage d’un gratte-ciel avec vue sur la mer donnerait le tournis à n’importe quel touriste de passage à Barcelone. Ce n’est pourtant pas n’importe quel estivant qui réglait les 5000 euros de loyers mensuels de cette luxueuse location, un complexe avec piscine et accès verrouillés par de nombreux gardiens. Ces derniers étaient loin de se douter qu’un puissant narcotrafiquant marseillais y avait élu domicile pour se cacher des autorités françaises.

Mounir A. semblait lui-même être dépassé par ce train de vie fait de paillettes et d’insouciance : malgré un mandat d’arrêt européen, l’homme profitait de ce cadre idyllique pour circuler à bord de deux Mercedes dont une AMG 53 d’une valeur de 90.000 euros. Cette parenthèse enchantée s’est refermée le 30 octobre dernier, lorsque des policiers de la Brigade de répression du banditisme (BRB) de Marseille l’ont finalement intercepté alors qu’il s’apprêtait à monter à bord du puissant SUV garé au pied de sa planque dorée.

Accompagnés d’enquêteurs espagnols, les agents du groupe «fugitifs» de la BRB de Marseille sont parvenus à «loger» Mounir A., au terme d’une traque réalisée sous l’autorité du parquet de Marseille et de ses magistrats chargés du service de l’exécution des peines. Cette opération franco-espagnole d’envergure a porté ses fruits au bout de trois mois et demi. «On a développé une forte coopération internationale avec la police nationale espagnole. Nous parlons le même langage et cela fonctionne bien», se félicite le chef du groupe auprès du Figaro.

L’Espagne, un «hub» pour narcotrafiquants

«C’est un “beau” narcotrafiquant marseillais. On est sur quelqu’un de puissant, qui se permettait de continuer ses activités à l’étranger malgré une fiche de recherche. Il avait la belle vie», souligne le policier en retraçant le parcours du suspect. En 2021, ce malfaiteur de haut vol avait été interpellé par l’Office antistupéfiants (Ofast) alors qu’il s’apprêtait à importer de grandes quantités de cannabis depuis l’Espagne.

«Il a été mis en cause dans une dizaine de “go fast ” entre l’Espagne et Marseille. Mais après avoir passé deux ans en détention provisoire, il a été libéré avant son procès afin d’être jugé en mai 2024, soit plus de trois ans après les faits», souffle le chef du groupe de la BRB. «Ses avocats ont fait en sorte de retarder au maximum l’instruction afin de le faire libérer avant son procès. Il a donc comparu libre», explique celui qui est habitué à démanteler des équipes de tueurs missionnés par des réseaux de stupéfiants.

Des conditions qui ont permis au narcotrafiquant de s’échapper peu de temps après en direction de Barcelone alors qu’il s’apprêtait à être condamné à une peine de huit ans de prison. «Il a pris la fuite à l’étranger avant le délibéré, comme le font souvent les trafiquants de drogue. L’Espagne est leur secteur favori : c’est une base de repli confortable pour eux, il n’y a pas de contrôle aux frontières et cela leur permet de gérer leurs affaires tout en revenant ponctuellement en France», décrit l’enquêteur de la BRB, évoquant les contours d’un véritable «hub» pour les «narcos» européens.

Quand on met les moyens, on peut aller les chercher à l’étranger

Le chef du groupe «fugitifs» de la Brigade de répression du banditisme, à propos des narcotrafiquants

En Catalogne, Mounir A. a profité de ce cadre idéal pour se cacher dans le fameux gratte-ciel sur front de mer, une résidence attirant de nombreux profils peu recommandables. «C’est l’un des endroits les plus chers de Barcelone. Ce sont des complexes où les narcotrafiquants se logent en toute discrétion dans le luxe. Ils pensent être tranquilles, mais ils n’y sont en réalité pas à l’abri», insiste le policier.

Armés de patience et de techniques d’enquête propres à leur unité, les six policiers du groupe «fugitifs» de la BRB ont réussi à identifier le «QG» de Mounir A. au bout de plusieurs filatures. Il est actuellement détenu à Madrid par les autorités espagnoles, dont la coopération va permettre à la France de renvoyer directement le malfaiteur en prison afin qu’il purge sa peine. «Quand on met les moyens, on peut aller les chercher à l’étranger. Il faut qu’ils aient conscience de cela», cingle le policier de la BRB, auréolé d’une autre belle «prise» datant du début de l’année.

En février dernier, lui et ses enquêteurs avaient mis la main sur Jean-Anthony Blas alors qu’il se cachait lui aussi en Catalogne. Ce criminel marseillais, «l’un des fugitifs les plus recherchés de France», avait été interpellé dans une station balnéaire après s’y être «mis au vert» pendant plus d’un an. Là encore, un long travail de coopération entre les autorités françaises et espagnoles avait permis aux enquêteurs français de faire tomber le narcotrafiquant.