Il avait redonné un visage, une chair et une profondeur spirituelle à la soul. D’Angelo, de son vrai nom Michael Eugene Archer, est mort d’un cancer à 51 ans, annoncent les médias spécialisés américains dont le New York Times. Figure insaisissable de la scène afro-américaine, il laisse derrière lui une œuvre rare mais fondamentale.
Né en 1974 à Richmond, en Virginie, D’Angelo s’impose dès 1995 avec Brown Sugar, premier album salué pour son groove sensuel et sa production sophistiquée. Cinq ans plus tard, Voodoo (2000) consacre son talent : le disque, produit avec Questlove (The Roots), révolutionne la soul contemporaine et influence durablement la scène américaine. Porté par le single Untitled (How Does It Feel), D’Angelo devient alors une star planétaire, célébrée pour sa voix chaude et ses compositions au charme hypnotique.
Passer la publicitéMais la gloire sera de courte durée. À la suite du triomphe de Voodoo, le chanteur se retire brutalement de la scène. Addictions, dépression et démêlés judiciaires interrompent sa carrière pendant plus d’une décennie jusqu’en 2015. Les promesses d’un retour s’enchaînent sans aboutir, nourrissant une forme de mythe autour de ce musicien insaisissable.
Entre-temps, D’Angelo multiplie quelques apparitions discrètes : une reprise de Fela Kuti pour une compilation caritative en 2002, une collaboration avec le rappeur Common en 2006, ou encore une participation à un titre de Q-Tip en 2008. En 2014, après quinze ans d’absence, il surprend son public en livrant Black Messiah, album engagé et crépusculaire inspiré par les révoltes de Ferguson et les mouvements sociaux américains. L’œuvre, unanimement saluée, confirme son statut d’artiste visionnaire.
Figure aussi respectée que rare, D’Angelo laisse derrière lui une discographie brève mais essentielle, jalon majeur de la musique afro-américaine moderne. Sa voix, entre ferveur mystique et sensualité brute, aura influencé une génération entière d’artistes, de Frank Ocean à Anderson Paak.