La vente d’un sceptre du roi Béhanzin suspendue à la demande du Bénin

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Selon la description du catalogue, le sceptre aurait été « offert » par le roi Béhanzin (1844 - 1906) lui-même aux troupes coloniales lors de sa reddition, le 15 janvier 1894. Millon /Bridgeman Images

Selon le catalogue de la maison de ventes Millon, l’objet aurait été « offert » aux troupes coloniales en 1894. Une version contestée par les autorités béninoises, qui demandent sa restitution.

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« Offerte » ou « pillée », selon les versions, la récade du roi Béhanzin a été retirée de la vente au dernier moment. Vendredi 20 décembre, à l’occasion d’un encan baptisé « Tribal Exception », les autorités béninoises, appuyées par le ministère français de la Culture, ont sollicité la maison Millon pour que celle-ci retire un sceptre royal d’une vente. Son prix de réserve était de 8 000 euros.

Selon la description du catalogue, qui propose aussi de nombreux objets anciens originaires d’Asie et d’Amérique latine, le sceptre aurait été « offert » par le roi lui-même aux troupes coloniales lors de sa reddition, le 15 janvier 1894, qui marqua la défaite du royaume et son annexion par la France. Interrogée par RFI, la Franco-Béninoise Marie-Cécile Zinsou, qui milite pour des restitutions d’objets aux pays d’Afrique de l’Ouest, estime que la récade n’a pas pu être offerte. 

Sous la pression des autorités béninoise, la maison Millon a annulé la vente, « pour ne pas nous engager dans un bras de fer stérile », déclare un représentant au Monde . Le sceptre appartient aujourd’hui à un descendant d’Emmeran de Curzon, un officier de l’infanterie de marine qui participa à la campagne militaire française dirigée par le général Alfred Dodds contre le royaume africain. Le ministre de la Culture béninois, Jean-Michel Abimbola, rappelle que « tous les objets qui ont été pillés à l’époque ne se retrouvent pas systématiquement dans les collections publiques de la France. Il y a plusieurs objets qui sont aux mains de confessions religieuses et de personnes privées. »

Des restitutions entre la France et le Bénin

En 2021, la France a restitué 26 œuvres au Bénin, où se trouve d’ailleurs le seul musée du monde consacré à ces sceptres royaux utilisés par les rois du Dahomey. 

En 2021, la France a restitué 26 œuvres au Bénin, reconnaissant ainsi le pillage de l’armée coloniale. Une exposition de ces œuvres avait eu lieu Cotonou (Bénin) en 2022. LUDOVIC MARIN / AFP

La France, comme d’autres pays européens, possède toujours un nombre important d’œuvres issues de la période de colonisation. Le Bénin demande la restitution notamment la sculpture du Dieu Gou, une pièce maîtresse du culte vaudou, détenue par le Musée du Louvre à Paris. Jean-Michel Abimbola, ministre de la Culture, affirme que « nous utilisons tous les mécanismes possibles et légaux bien évidemment pour pouvoir obtenir ces rapatriements. Nous sommes en discussion, non seulement avec les autorités françaises, avec la famille concernée, et également avec la maison de vente. »