Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher en Nouvelle-Calédonie pour renouer le dialogue

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le président du Sénat Gérard Larcher seront dimanche en Nouvelle-Calédonie pour une mission de «concertation» tendue, six mois après le début des violences déclenchées par une réforme constitutionnelle vivement contestée.

Ils doivent atterrir dans la soirée à Nouméa et entameront près de trois jours de rencontres, de lundi à mercredi, avec les forces politiques locales, le patronat, les syndicats et d'autres acteurs calédoniens.

Ils se rendront notamment dès lundi matin - heure de Nouméa, dimanche soir dans l'Hexagone - au Sénat coutumier, avant une séance solennelle au Congrès de Nouvelle-Calédonie, mardi, durant laquelle ils s'exprimeront face aux élus.

La volonté d’agir en toute «humilité»

Dans un entretien accordé au Monde samedi, ils ont appelé à ne pas se concentrer uniquement sur la question politique, mais aussi à avancer sur la crise du nickel calédonien, poumon économique de l'archipel. «Tout est lié», il y a «une chance de parvenir à un règlement global», a estimé Yaël Braun-Pivet.

La question de l'élargissement du corps électoral aux élections provinciales ne doit être qu'«un élément de l'accord d'ensemble» qui doit être trouvé, a abondé le président du Sénat, assurant vouloir agir en toute «humilité», sans «vouloir forcer», pour «aller vers une autonomie très poussée sans rupture de lien avec la République».

Renouer le dialogue

Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher ont été chargés par le Premier ministre Michel Barnier de se rendre en Nouvelle-Calédonie pour renouer le dialogue entre indépendantistes et loyalistes. Ils se déchirent sur la sortie de l'accord de Nouméa (1998) depuis le troisième référendum, de 2021, qui a donné les partisans du «non» à l'indépendance largement vainqueurs tout en étant boycotté par les pro-Kanaky.

Mais le duo parlementaire entend bien rester autonome lors de ce déplacement, alors que la gestion du dossier calédonien, brinquebalée entre Beauvau, l'Élysée et Matignon depuis de longs mois, suscite de nombreuses critiques localement. Ils seront d'ailleurs en effectifs réduits durant cette visite, sans représentants du gouvernement et sans élus pour les accompagner.

«Cela va rassurer les Calédoniens de voir qu'au plus haut sommet de l'État les deux présidents de chambre se déplacent à l'autre bout du monde», salue le sénateur néo-calédonien Georges Naturel (groupe LR). Michel Barnier a prévu de se rendre aussi sur le Caillou «le moment venu».

Les émeutes, qui ont fait treize morts dont deux gendarmes, ont été déclenchées par la volonté du précédent gouvernement de faire passer une réforme constitutionnelle ultrasensible en vue d'élargir le corps électoral, gelé depuis 2007, pour les élections provinciales. Depuis, la nouvelle coalition Barnier a abandonné la réforme et ces élections ont été reportées jusqu'en novembre 2025 au plus tard.

Une volonté assumée d'apaisement, alors que l'élargissement du corps électoral est vécu comme un coup de force par le camp indépendantiste, qui craint de voir le peuple autochtone kanak marginalisé.