Affaire Michel Zecler : procès devant la cour criminelle requis contre trois policiers pour l’agression raciste dont a été victime le producteur
21 novembre 2020, un peu après 19 h 30, dans le très chic 17e arrondissement de la capitale. Des policiers en patrouille repèrent un homme sans masque qui rentre dans un local situé au rez-de-chaussée de la rue des Renaudes, non loin de la place des Ternes. Cet homme, c’est « Michel », producteur de musique chez Black Gold Studios.
Les fonctionnaires – qui outre l’absence de masque en plein Covid prétexteront avoir senti une « forte odeur de cannabis » pour justifier leur intervention – s’engouffrent avec lui dans l’entrée de son local, sans remarquer qu’une caméra de vidéosurveillance immortalise tous leurs faits et gestes. Ils lui infligent un déferlement de coups assorti d’insultes racistes presque ininterrompu pendant de longues minutes. Les images, révélées peu après, secoue la France où le ministre de l’Intérieur de l’époque – Gérald Darmanin – avait lâché quelques mois plus tôt : « Quand j’entends le mot « violence policière », moi, personnellement, je m’étouffe ».
Plus de quatre ans après les faits, le parquet de Paris a requis, mardi 28 janvier, un procès devant la cour criminelle départementale pour trois policiers, Aurélien L., Philippe T. et Pierre P., soupçonnés d’être impliqués dans cette agression raciste et d’avoir fait un faux procès-verbal pour le cacher, a appris l’AFP jeudi.
« Une étape essentielle vers la reconnaissance de la vérité »
« Mon client, qui se bat depuis le 21 novembre 2020 pour que justice soit rendue, voit dans la position du parquet une étape essentielle vers la reconnaissance de la vérité. Nous espérons que cette procédure permettra d’établir avec clarté les responsabilités, à la hauteur de la gravité des faits qu’il a subis », s’est félicitée Me Caroline Toby, l’avocate de Michel Zecler.
Outre le faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique (une infraction criminelle), le parquet demande que les deux premiers policiers soient jugés pour un autre crime, celui de violences aggravées par plusieurs circonstances, et notamment : par personne dépositaire de l’autorité publique, ayant entraîné plus de huit jours d’incapacité totale de travail, et accompagnées ou suivies de propos à caractère raciste. Pour le troisième policier, le caractère raciste des violences n’est pas retenu.
Le parquet demande en outre un procès distinct, devant le tribunal correctionnel, pour un quatrième policier, soupçonné d’avoir commis des violences contre Michel Zecler et une dizaine de jeunes hommes présents dans le studio de musique où le producteur a été agressé. La décision finale sur un procès appartient au juge d’instruction.
À l’époque, c’est Loopsider qui avait révélé cinq jours après les faits les images de vidéosurveillance contredisant la version policière initiale dont l’enquête contre Zecler pour « violence » et « rébellion » a rapidement été classée, déclenchant l’indignation jusqu’au sommet de l’État. Placés en garde à vue, les policiers reconnaissent des coups injustifiés.
À l’issue de leur mise en examen, un brigadier et un gardien de la paix âgés de 31 ans et 23 ans au moment des faits sont placés en détention provisoire, une décision rarissime pour des fonctionnaires de police. Ils avaient été relâchés sous contrôle judiciaire au bout d’un mois.
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