L'ordre des pharmaciens songe à instaurer un système de rendez-vous en officines
L'ordre national des pharmaciens est disposé à «repenser l'organisation» des officines en s'inspirant du modèle québecois qui fonctionne sur rendez-vous, a indiqué mercredi sa présidente. Carine Wolf-Thal s'est dite «convaincue depuis longtemps, même si c'est forcément un changement de paradigme, qu'on doit repenser l'organisation de nos officines», au cours d'un point presse. Elle juge «assez intéressant» le modèle québécois, où les patients prennent le plus souvent rendez-vous, dans la mesure où il peut faire gagner du temps aux pharmaciens.
«Aujourd'hui, quand vous entrez dans une officine, vous faites la queue. Et nous, derrière le comptoir, on ne sait pas si le patient vient pour juste une boîte de Doliprane, pour une ordonnance longue comme le bras, pour être vacciné, pour un test ?», décrit la responsable, s'interrogeant sur de possibles «conditions de travail compliquées» face à «cette file de patients, plus ou moins pressés, anxieux, malades». Au Québec, la forme d'organisation, dans laquelle «tout est anticipé», «fait gagner énormément de temps» y compris au patient qui «n'attend pas», souligne-t-elle. À «réfléchir» sans pour autant faire un «copier-coller», selon elle.
Cette réflexion s'inscrit dans un contexte de travaux sur la démographie des pharmaciens qui anticipent une baisse de 2,3% des effectifs en 2032 suivie d'une remontée de 3,2% du nombre de pharmaciens à 74.312 en 2050, avec une forte disparité entre les différents métiers. L'ordre s'est en effet doté d'un outil de modélisation pour évaluer les besoins à long terme en ressources humaines. Selon ses projections, le nombre de pharmaciens d'officines restera stable à l'horizon 2050 tandis qu'une augmentation de 20% est prévue dans l'industrie et les hôpitaux. Un recul est prévu en revanche chez les pharmaciens biologistes, de la distribution de gros et d'outre-mer. La France métropolitaine et d'outre-mer compte 20.502 pharmacies de ville. Le bilan des fermetures d'officines en 2024 sera publié en juin.
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«Il y a des officines qui ne trouvent pas de repreneur alors qu'elles sont viables. Tout simplement parce qu'il n'y a pas de ressources, pas de pharmacien, pas de préparateur», observe Carine Wolf-Thal. Une expérimentation de «pharmacie antenne» est menée en Corse et d'autres projets similaires sont en réflexion ailleurs, selon la responsable. Ce principe consiste pour une pharmacie limitrophe d'une officine qui disparaît, de créer «une antenne là où la pharmacie disparaît», l'antenne restant «sous la responsabilité de la pharmacie mère».