Comment McDonald’s porte un projet d’insécurité alimentaire et coûteux pour la santé publique

Le premier restaurant McDonald’s de France ouvrait ses portes le 30 juin 1972 à Créteil, en région parisienne. Personne ne misait sur le succès de ce concept de restauration en France, le temple d’une gastronomie réputée dans le monde entier. Aujourd’hui notre hexagone constitue, pour cette chaîne de restauration rapide, un marché majeur dans le monde après les États-Unis avec plus de 1 562 restaurants et un chiffre d’affaires de près de 6,2 milliards d’euros.

Ce géant américain ainsi qu’une kyrielle de concurrents (Quick, Burger King, KFC, Domino’s Pizza, Pizza Hut, Subway…) ont ouvert des points de vente ubiquitaires, dans les gares, dans les stations-service, aux sorties des autoroutes, au cœur des villes, à proximité des monuments historiques, dans les stations balnéaires. Mais aussi en périphérie, on les trouve aux côtés des grandes enseignes de la distribution (Carrefour, Auchan, Leclerc…) sur les immenses zones commerciales et parkings qui ont artificialisé définitivement des millions d’hectares de terres agricoles, de prés et de forêts.

Nous assistons à une uniformisation inexorable des périphéries urbaines mais aussi de l’offre commerciale et culinaire. Bien sûr c’est l’alimentation ultratransformée, les sodas, les jus de fruits qui s’écoulent en priorité du fait d’un coût apparemment plus faible, d’une durée de conservation prolongée et d’un pouvoir addictif majeur. Les aliments non transformés, locaux ou « bio » deviennent des produits de luxe inaccessibles. Le savoir culinaire s’effrite. C’est une offre de risques de maladies métaboliques, cardiovasculaires, rénales, cérébrales, ostéo-articulaires, dépressives, bucco-dentaires, de cancers qui s’accroît.

En centres-villes, vidés progressivement de leurs petits commerces, subsistent quelques agences bancaires, des agences d’emploi en intérim, des points de vente de sandwichs et de snacks, des boulangeries, des bistrots et des salons de coiffure. L’insécurité s’accroît. L’animation et les liens sociaux se font plus rares. Les plateformes de livraison (Uber Eats, Deliveroo…) permettent même aux consommateurs de ne plus se déplacer avant de dévorer leurs menus.

Mais ce n’est pas assez. La mort des centres-villes est trop lente, pas assez étendue. Désormais l’ambition de McDonald’s est de partir à la conquête des campagnes et d’installer une franchise à moins de 20 minutes (en voiture bien sûr) de chaque village. Le projet Mc Donald’s essaie de nous imposer le « SAD » (Standard American Diet), un régime alimentaire dépourvu de fibres et trop riche en sucres, sel, graisses transformées, additifs, conservateurs, colorants. Au moment même où les Américains cherchent à cor et à cri à sortir de l’ornière, à inverser la tendance au vu de la santé déplorable de la population jeune et adulte avec le slogan MAHA (« Make America Healthy Again »). C’est un projet visant à écouler davantage de calories pathogènes, un projet de malnutrition. L’insécurité alimentaire désignait autrefois la raréfaction des produits alimentaires en raison de mauvaises récoltes et des risques infectieux. Aujourd’hui, l’alimentation abondante mais ultra-transformée déstructurée, et in fine pathogène, définit l’insécurité alimentaire. Malheureusement, pour beaucoup trop de nos concitoyens l’eau a, de surcroît, été remplacée par les boissons sucrées, édulcorées, la bière ou autres alcools.

Tandis que les petites structures hospitalières se vident de leurs docteurs et de leur personnel paramédical, que les cabinets médicaux attendent de nouveaux praticiens, que l’incidence des maladies chroniques explose, l’offre de risques sanitaires notamment en lien avec l’alimentation ultra-transformée se fait davantage accessible. Le désert culinaire vient amplifier le désert médical. Le nombre croissant de patients viendra submerger le peu de professionnels de santé disponibles dans les périphéries et les campagnes.

Pourquoi l’Association des maires de France et des Présidents d’Intercommunalité n’interpellerait pas le Ministère de la Santé, de l’Accès aux soins et de la Prévention des maladies pour informer les tutelles concernées ? Si l’offre de risques est accrue sans régulation, sans taxation, il est nécessaire de s’opposer résolument à la fermeture de lits et d’hôpitaux de proximité et de légiférer sur la répartition des structures de soins sur notre territoire afin de prendre en charge les vagues de patients à venir. N’oublions pas que durant la pandémie de Covid-19, les patients obèses ou atteints des maladies liées à la mauvaise alimentation présentaient des formes d’atteintes respiratoires les plus sévères.

Essayons de nous opposer à ce projet de malbouffe menaçant davantage la santé publique en menant des campagnes d’information et de prévention sanitaires efficaces, durables, incisives. Sans cesse, l’industrie de la restauration rapide mène des campagnes répétées de publicité, d’incitation à la consommation agressive et intrusive. Réduisons nos subventions à l’agro-industrie aux dépens des producteurs locaux qui essaient de lutter contre les pesticides et les engrais chimiques. Gardons notre patrimoine culinaire avec sa diversité. Faisons revivre les centres-villes. Protégeons la santé de nos concitoyens et de nos enfants.

Avant de partir, une dernière chose…

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