Même dissimulé derrière ses verres fumés, son regard vous transperce. Un vert profond comme les eaux de la lagune vénitienne, lorsqu’elle évoque avec pudeur l’accident qui lui a coûté, il y a treize ans, sa vie d’interprète virtuose! Mais un éclat lumineux comme les cinq dômes de la basilique Saint-Marc, dès lors qu’elle aborde son travail de directrice artistique et musicale, aux côtés de celui dont elle partage la vie depuis presque quarante ans, et l’a aidée à se réinventer: Alexandre Desplat.
Qui a déjà rencontré le compositeur multi-oscarisé le sait: il n’y aurait pas de «son Desplat» sans sa Solrey. L’ex-violoniste de l’Orchestre philharmonique de Radio France le réconcilia avec les cordes, qu’il trouvait trop sentimentales, en l’aidant à en appréhender le potentiel. «Ce n’est pas un hasard si, de Bernard Herrmann à John Williams, en passant par Alexandre, les cordes sont la base élémentaire de la musique à l’image. La sonorité d’un orchestre à cordes est un son continu. Qui permet…