Un jour, un départ. Suivi d’un autre jour, et d’un autre départ. Depuis quelques semaines, BFMTV fait face à un exode. Arthur Dreyfuss, le président de BFM RMC avait ouvert le bal cet été. Fin septembre, Marc-Olivier Fogiel et Hervé Beroud, respectivement directeur général de la chaîne et directeur général délégué à l'information de RMC BFM, pliaient aussi bagage. Voilà à présent que Philippe Corbé, le directeur de la rédaction de BFMTV, son adjoint, Nicolas Marut, ainsi que Julien Mielcarek, le directeur délégué à l'information digitale BFM-RMC quittent à leur tour le navire, révèle Le Parisien. Ils ne sont pas les seuls. Selon nos informations, la rédactrice en chef Caroline Hervy prévoit également de faire ses cartons.
«Les sourires se font rares dans les couloirs en ce moment. On perd une grosse partie de la direction, on avait déjà perdu pas mal de personnalités de l'antenne, entre Bruce Toussaint, Jean-Baptiste Boursier, Aurélie Casse... Et maintenant, tout le monde craint l'effet domino», glisse un salarié. La raison? Depuis le premier octobre, BFMTV, revendue cet été par Patrick Drahi à l’armateur Rodolphe Saadé, a activé la clause de cession. Ce dispositif permet aux salariés de quitter un média avec des indemnités lors d'un changement de propriétaire. Pourtant, «cette clause de cession n'est pas particulièrement favorable», fait remarquer un ancien salarié du groupe. Elle a été fixée au minimum légal pour ne pas inciter aux départs. Rodolphe Saadé l’a rappelé à plusieurs reprises. Il «souhaite que tout le monde reste».
Las, les candidats au départ se multiplient. Stéphane Sellami, grand reporter police-justice a été annoncé chez Paris Match. Le journaliste politique Thomas Soulié arrive au Parisien, Candice Mahout, ex-cheffe du service culture, a rejoint « Bonjour », la matinale de Bruce Toussaint sur TF1. La journaliste politique Perrine Vasque, le chef du service météo Christophe Person, de même que la présentatrice des soirées du week-end Céline Pitelet, vont aussi faire leurs valises.
«Je regrette évidemment ces départs, mais c’est la vie d’une entreprise. Une chaîne d’info c’est toujours éprouvant. Le turnover est normal et naturel. Il y a toujours des cycles. Avec le changement d’actionnaires, une histoire se termine», philosophe Jean-Philippe Baille, le nouveau directeur général délégué à l'information de RMC BFM. Pour les salariés en poste depuis longtemps dans la maison, la clause de cession, qui prévoit un mois de salaire par année d'ancienneté, constitue une opportunité financière. Pour d’autres, le changement de direction a été l’occasion de rebondir ailleurs.
Philippe Corbé qui quittera la chaîne dès la fin de la semaine ou Julien Mielcarek partent toutefois sans avoir de point de chute. L’absence de cap clair et la nouvelle stratégie du groupe auraient créé un certain malaise au sein de la rédaction. «Quand j’entends dire que certains n’adhèrent pas à la nouvelle ligne éditoriale, je m’interroge. Quelle ligne éditoriale peut-on établir en 10 jours?, s'agace Jean-Philippe Baille, arrivée début octobre, en même temps que Fabien Namias, le nouveau DG de BFMTV. Notre discours a toujours été le même: BFMTV est une superbe machine, avec de nombreux talents. il n’y aura pas de révolution, nous nous inscrivons dans la continuité».
«Il y aura d’autres départs, pronostique un bon connaisseur de la maison. La clause étant ouverte jusqu’au 31 mai, beaucoup se disent qu’ils peuvent finir la saison et prendre le temps de trouver un point de chute avant d’officialiser», analyse-t-il.
Cet appel d’air, s’il se renforce, tombe plutôt mal pour BFMTV. Sa concurrente CNews est à l’offensive pour lui ravir son titre de première chaîne d’info de France. En septembre, pour la troisième fois, l’antenne de Vivendi a de nouveau devancé BFMTV et l’écart entre les deux rivales n’a jamais été aussi important. C’est au moment où il faudrait remettre du fuel dans le moteur pour accélérer que la chaîne risque de se mettre à patiner. Jean-Philippe Baille reste néanmoins serein. «Si vous saviez le nombre de messages que j’ai reçu depuis dimanche! Une douzaine de personnes, et non des moindres, ont déjà fait acte de candidature».